16 décembre 2010

Carrière et mutations

CAPA promotion du 14 décembre 2010 : déclaration préalable

Monsieur le Recteur,

Nous aurions pu dire que la CAPA des certifiés qui s’ouvre
aujourd’hui intervient dans un contexte singulier. Mais cela,
vous le savez déjà. Le sort réservé aux stagiaires et aux
étudiants qui se destinent aux métiers de l’enseignement est
source pour eux-mêmes comme pour l’ensemble de la profession
d’une grande inquiétude. Il n’y a que la fonction que vous
occupez qui puisse expliquer le déni dans lequel vous vous
enferrez. Vous avez beau jeu de dire que très peu de situations
délicates vous remontent. Comment pourrait-il en être
autrement de la part de jeunes collègues en attente de
titularisation ? Nous vous le demandons une nouvelle fois
solennellement : rouvrez ce dossier et faites en sorte que les
enseignants de demain bénéficient d’une véritable formation !
De la même manière, les annonces budgétaires ne sont pas de
nature à laisser entrevoir des perspectives favorables pour le
service public d’éducation. 4800 suppressions d’emplois dans le
second degré au niveau national, 170 prévues dans l’académie
alors même que les effectifs attendus sont en hausse de 2 300
élèves. Le gouvernement Sarkozy a manifestement décidé de
faire payer à la population une crise dont elle n’est pas
responsable. À l’heure où la performance semble être l’alpha et
l’oméga de toute politique publique, on se prépare à des
déconvenues majeures : vous avez lu en effet le rapport de
l’OCDE sur l’étude PISA menée en 2009. Toute contestable
qu’elle soit quant à l’approche qu’elle met en oeuvre et aux
compétences mesurées, elle fait apparaître une constante
qu’elle avait déjà révélée : oui, la scolarisation dès le plus jeune
âge contribue à gommer les inégalités sociales et donc à
favoriser une poursuite d’études. Oui, le nombre d’élèves par
classes a un impact sur la progression des enfants. Est
dogmatique celui qui prétend le contraire.

En dépit de ce constat, vous aurez malgré tout à mettre en
oeuvre une nouvelle saignée dans les effectifs d’enseignants à la
rentrée prochaine. Vous leur demanderez donc de faire mieux
avec moins. De cela, Monsieur le Recteur, les enseignants ne
veulent plus. Ils en veulent d’autant moins que face à cette
dégradation continuelle de leurs conditions de travail, aucune
compensation n’est à l’ordre du jour.

Les mesures salariales entreprises récemment sont tellement
insignifiantes et marginales qu’elles prêteraient presque à
sourire si l’attente n’était pas aussi grande de la part de nos
collègues. Songez un peu : d’un peu plus de 2 SMIC brut en 1981,
le traitement d’un certifié en début de carrière est tombé, à
1,2 SMIC. Le salaire net moyen des enseignants représentait en
2007, 64% du salaire net moyen d’un cadre de la fonction
publique (66% en 2006) et 59% du salaire d’un cadre du privé
(61% en 2006). Qu’ont donc bien pu faire les enseignants pour
en arriver là ? Leur engagement, leur travail à côté des élèves
s’est-il déprécié de la sorte sur la même période ?

Face à cet état de fait, aucune revalorisation n’a été engagée
tant du point de vue salarial que des conditions de travail depuis
1989 pour l’ensemble de nos professions. Seuls ceux qui ont au
plus atteint le 5e échelon de la classe normale au 1er
septembre 2010 verront leur salaire mensuel augmenter au
maximum d’environ 30 euros nets par mois. 30 euros !
Un jeu de cartouches pour l’imprimante !

Dans le même temps, le ministre ne considère plus l’accès à la
hors-classe comme devant être un débouché de carrière pour
tous alors que les contingents le permettent dans notre
académie.

Le SNES demande la reconstruction des carrières pour tous
avec intégration des indices de la hors-classe en une carrière en
onze échelons parcourue en 20 ans. Dans ce cadre, il faut un
début de carrière à 1.800 euros mensuels nets et le versement
d’une prime d’équipement, l’indexation du point d’indice de la
fonction publique sur les prix. Seul un tel dispositif est de
nature à restaurer une forme de justice salariale dans
l’Education Nationale.

Comme tous les ans pour cette CAPA, nous avons étudié la
répartition des promus au grand choix selon la discipline. Comme
chaque année, nous insistons pour que toutes les disciplines
soient équitablement représentées dans le grand choix. Nous ne
comprenons pas qu’en allemand, SES, sciences physiques et
physiques appliquées, SVT et histoire géographie le taux
d’accès au grand choix reste inférieur à 25% alors que toutes
disciplines confondues ce sont 30% des certifiés promouvables
au grand choix qui sont promus. En STI, 49 promus pour 115
promouvables alors qu’en sciences physiques, 31 promus pour
151 promouvables et en SVT 25 promus pour 112 promouvables.
En technologie, 20 promus pour 42 promouvables alors qu’en
allemand 7 promus pour 40 promouvables.

Cette différence de traitement d’une discipline à l’autre n’est
pas acceptable et pénalise durablement les collègues écartés
par des notes pédagogiques globalement plus faibles que dans
les autres disciplines. Nous demandons sans plus attendre la
réunion du groupe de travail promis il y a un an sur
l’harmonisation des notes pédagogiques. Il y a urgence.
Un dernier mot enfin sur l’accès à la hors-classe et au corps
des agrégés, des CAPA prévues en mars et avril prochains. Le
courrier de Me la DGRH vous incite, Monsieur le Recteur, à
prendre particulièrement en compte « les fonctions de
conseillers pédagogiques, de tuteur, de formateur, mission
académique ou départementale ». Ces consignes de la centrale
seront probablement adaptées et nuancées au regard des
réalités académiques.

D’une part, la quasi disparition de la formation continue rend
bien difficile la valorisation des collègues formateurs : il n’y a
plus de PAF. D’autre part, la dégradation dans les classements
de centaines de collègues qui ont exprimé d’une façon ou d’une
autre leur attachement à une formation de qualité, ne passerait
pas inaperçue. Après le fameux fichier Excel, dont la diffusion
publique a suscité beaucoup d’émotion chez nos collègues, tant
pour les informations administratives que pédagogiques qui le
constituaient, nous vous invitons aujourd’hui, plus encore que
d’habitude, à interpréter prudemment les recommandations de
la DGRH.