10 septembre 2010

Sections départementales

CTPD du Finistère – Jeudi 9 septembre 2010

Madame l’Inspecteur d’académie, mesdames, messieurs,

Il ne vous aura pas échappé que ce premier CTPD de l’année scolaire s’inscrit dans un contexte singulier :

les 4 et 7 septembre, les Français ont montré massivement leur attachement à la justice sociale en même
temps que leur refus des solutions simplistes et des manoeuvres de diversion lorsque sont en jeu des choix
de société. Le SNES-FSU, qui a pris toute sa part dans ces journées, a fait le choix d’appeler à la grève les
personnels des lycées et collèges également le 6 septembre. En participant à une grève difficile, à la veille
de la journée de grève interprofessionnelle du 7 septembre, les personnels, dont le pouvoir d’achat ne
cesse pourtant de baisser, ont montré la détermination de nos professions à se battre.

Cette action exceptionnelle aura permis de mettre en lumière les problèmes du second degré et les
attaques sans précédents dont il fait actuellement l’objet. Suscitant à l’évidence l’intérêt de très nombreux
médias, elle aura enfin permis de faire pièce à la communication de Luc Chatel et des recteurs sur la
« rentrée techniquement réussie » – en particulier celle de nos jeunes collègues qui entrent dans le métier.

Peut-être allez-vous nous dire tout à l’heure, Madame, que finalement il n’y a là ‘’rien de nouveau sous le
soleil’’

– les syndicats se plaignent, on est habitué. Eh bien, détrompez-vous, Madame. Car en ce qui nous
concerne, non, décidément, on ne s’habitue pas !

Comment s’habituer en effet à des seuils d’effectifs aussi
élevés (28 en sixième, 30 pour les autres classes en collège, 35 au lycée), aux cours qui ne seront pas
dédoublés, aux options qu’on ne proposera pas – ou pas à tous les élèves – faute de moyens (l’option
théâtre, par exemple, au lycée de l’Harteloire) ?

Les collègues TZR, eux, en tous cas ne peuvent s’habituer à leur statut rendu de plus en plus précaire par la
réduction des BMP, et auquel ils ne peuvent pratiquement plus échapper en raison du manque croissant de
postes fixes mis au mouvement…

Et pourtant, il en ira bien ainsi chaque année si, comme l’ont voulu le
ministre et les recteurs, des supports sont ponctionnés pour affecter les nouveaux collègues stagiaires !

Quant aux collègues TZR nommés en juillet sur une affectation à l’année et honteusement débarqués de
leur poste en août pour y affecter les stagiaires supplémentaires qu’accueille l’académie, doivent-ils se
contenter, pour tout viatique, de la seule assurance d’une ‘’attention particulière pour les situations
délicates’’ ??

Non, décidément, ces collègues ne peuvent s’habituer au peu de cas qu’on fait de leur sort ! La collègue
TZR de physique sans poste à la rentrée ne s’y habitue pas. Pas davantage la collègue TZR de Lettres qui a
été affectée hors zone sur deux établissements juste avant la rentrée, alors qu’elle a plus de 50 ans et des
soucis de santé. Pourtant, il faudrait qu’elle s’y habitue puisque, ayant commencé sa carrière sur le tard,
elle devrait, selon ce gouvernement, poursuivre bien au-delà de 62 ans pour pouvoir toucher une retraite
décente !

Et les collègues mères de 3 enfants qui n’auront pas fait valoir leur droits au 31 décembre de
cette année, pour un départ au plus tard fin juin 2011, s’habitueront-elles à la perte des avantages
auxquels elles avaient jusqu’ici droit ? Et les 8 collègues stagiaires du département nommés sur deux
établissements, est-ce pour mieux les habituer à la réalité du métier ?

Evidemment quand on a le malheur
d’enseigner l’allemand, les arts plastiques, le breton, ou bien encore la physique-chimie en ces temps de
‘’réforme’’ du lycée, mieux vaut s’habituer ! Il faudra sans doute aussi prêcher la patience et la modération
à la stagiaire de Lettres modernes à Lesven qui va devoir prendre en charge des classes de Secondes… et de
BTS – puisque son IPR, lui, n’y voit ‘’pas d’inconvénient majeur’’…

Vous comprendrez donc, Madame, qu’en ce qui nous concerne, nous ne nous lasserons pas de dénoncer de
telles situations qui sont pour nous inacceptables ; ni de répéter que nous défendons une tout autre
ambition pour l’Ecole et pour tous ceux qui y travaillent !

Et vous nous permettrez aussi d’insister sans relâche pour que les cas concrets qui viennent d’être
brièvement évoqués ici – ceux-là et d’autres – soient examinés durant cette séance, dans le cadre d’un bilan
approfondi des conditions de cette rentrée 2010.

Mais sachez aussi, Madame, que s’il y a une chose à laquelle aucun collègue ne peut s’habituer, c’est le
dénigrement systématique de notre enseignement secondaire, taxé d’’immobilisme’’ par notre ministre lui-
même !

Nous rejetons ces propos infamants, parce que nous savons, nous, que les collègues des collèges et
des lycées durant ces dernières décennies n’ont pas démérité ; qu’ils ont su au contraire aborder avec de
belles réussites les défis de la démocratisation.

Nous rejetons aussi avec colère les récentes sorties de
Monsieur le recteur sur le prétendu ’’opportunisme’’ de nos appels à la grève en cette rentrée scolaire.
Dédain et abus des clichés les plus éculés (les profs, c’est bien connu, feraient tout pour prolonger encore
un peu leurs chères vacances, n’est-ce pas ?!) : nous jugeons cela indigne des responsabilités académiques
qui incombent à monsieur Miossec.

En revanche, Madame, il y a bien des choses dont les collègues commencent sérieusement à se lasser pour
le coup !

Ainsi du ‘’livret de compétence’’ qui n’en finit pas de se décliner en de multiples versions ! A
peine les collègues ont-ils commencé de se familiariser avec l’une, qu’on leur en présente une autre… qu’il
faudrait de surcroît expliquer au plus vite aux parents ! Alors que l’application numérique permettant de
saisir les évaluations n’est même pas mise en place ! Ainsi de l’épreuve orale en Histoire des Arts qu’il
conviendra de généraliser dès cette année, sans même avoir dressé un bilan des expériences menées l’an
passé !

Ainsi de la mise en place de l’’accompagnement’’ en Seconde : passées les annonces tonitruantes du
ministre, dans les lycées, ce sont le bricolage et le flou artistique qui dominent à la rentrée !

Mais ce qui lasse surtout les collègues, ce qui leur fait perdre confiance dans l’institution, c’est ce constant
hiatus entre les principes dont on nous demande la mise en oeuvre (par exemple l’intégration des élèves en
situation de handicap) et les moyens nécessaires qu’on refuse de nous donner : par exemple, au Collège de
St Martin-des-Champs, en ne voulant pas comptabiliser les élèves d’UPI dans les effectifs de 6e, on se
retrouve avec deux classes de 6e à 28 élèves, rendant ainsi de fait impraticable matériellement
l’intégration des élèves d’UPI à ces deux classes surchargées. Et pourtant, l’expérience menée l’an passé
dans des conditions favorables, avait beaucoup apporté à ces élèves.
Ce ne sont pas, hélas, les conditions faites au « Sport scolaire » qui démentiront cette impression : alors que
le ministre dans le cadre de l’aménagement des rythmes scolaires dans les établissements annonce un rôle
accru des A.S., associé à un doublement des effectifs en 3 ans, ce qu’on constate dans les faits, c’est, au
contraire, l’insuffisance des moyens alloués aux coordinateurs de districts (dans notre département à cette
rentrée, il y a diminution d’un 1/4 de décharge).

Ce qui n’empêche pas le ministre de lancer dans le même
temps une expérimentation nationale baptisée « Sport l’après-midi ».
A ce sujet, le collège de Bannalec ayant été désigné pour cette expérimentation sans information préalable,
nous vous demanderons ici quelques éclaircissements sur ce dossier (quels critères de choix ? quelles classes
concernées ? quels objectifs ? quelle consultation des équipes pédagogiques - notamment d’EPS ? quelle
préparation et quelle organisation de l’année ?).

Pour finir, permettez-moi de vous dire aussi la lassitude des élus de la FSU après l’expérience d’une année
de gestion des lycées et collèges ‘’déconcentrée’’ au niveau de l’Inspection académique.

Nous sommes
certes conscients de la tâche considérable qui incombe désormais à vos services, et d’ailleurs nous tenons
ici à les remercier pour la disponibilité dont ils savent tout de même faire preuve pour répondre à nos
questions dans la mesure de leurs moyens.

Mais pour autant, nous ne pouvons pas nous satisfaire d’un dialogue dans lequel notre interlocuteur, privé
pratiquement de toute marge de manoeuvre, est trop souvent contraint de se borner à « entendre et
transmettre ». Car si l’on a introduit un échelon supplémentaire dans le « dialogue de gestion » pour les
lycées il s’en faut de beaucoup qu’on ait rapproché les centres de décision !

Dès que des problèmes se
posent avec acuité, comme pour la détermination des supports stagiaires, ou bien pour le pourvoi des BMP
et le suivi de l’affectation des TZR à quelques jours de la rentrée, c’est au rectorat de reprendre les rênes,
et le département n’a plus qu’à attendre.
Quels sont donc les bénéfices de ce nouveau mode de gestion ? « Une utilisation plus serrée des moyens
pour le département » nous répondrez-vous sans doute dans quelques instants.

« La tran-quil-li-té ! » doit se dire Monsieur le recteur in petto - nos délégations départementales
concentrant désormais nombre de leurs démarches revendicatives vers l’IA, et non plus vers le rectorat.

Mais qu’y auront vraiment gagné les personnels et les élèves de notre département ?