Monsieur le Recteur,

Contrairement aux apparences, les conditions de cette rentrée ne sont satisfaisantes, ni pour les élèves, ni pour les personnels :
 Dans le premier degré = compte tenu de l ‘augmentation des effectifs accueillis, -effectifs supérieurs aux prévisions-, les 52 emplois attribués ne suffisent pas à maintenir les taux d’encadrement ; ceci d’autant plus que le tiers des postes correspond à la poursuite du plan ministériel de décharge de service des directeurs d’écoles.
 Dans le second degré = effectifs chargés -jusqu’à 35 élèves en seconde-, dédoublements non assurés, options et sections supprimées, regroupements aberrants -notamment en LV-, TPE et IDD, PPCP sous encadrés voire supprimés, services partagés, TZR pressurés et malmenés (nommés hors zone, hors disciplines, hors statut...), stagiaires « bouche-trous » parfois sans tuteur à la rentrée, chômage pour les non titulaires, multiplication des vacations... C’est la conséquence des 400 suppressions d’emplois d’enseignants face auxquelles nous redisons notre désaccord : s’attaquer aux moyens, c’est s’attaquer à la qualité du service public.
 Chez les personnels IATOSS, la suppression de 43 emplois d’administratifs augmente la pression sur les personnels des services et, dans les EPLE, l’absence de remplacement des personnels en congé pose de réels problèmes de continuité du Service Public.

Pour l’avenir, aucune embellie ! L’offensive généralisée contre les Services Publics se traduira d’ici quelques jours par une nouvelle vague de suppressions d’emplois dans le second degré : 7 500 emplois en moins, c’est deux fois plus que ce à quoi mathématiquement on pouvait s’attendre au vu de l’évolution démographique,. Nous nous attendons à une nouvelle et lourde ponction pour notre académie et donc :
 à un nouveau tour de vis sur l’offre de formation allant jusqu’à mettre en cause l’existence même de certains établissements
 à de nouvelles dégradations des conditions de travail pour nos élèves et nos collègues.
L’inquiétude est très forte chez les personnels IATOSS, avec la mise en œuvre de la loi de décentralisation qui organise le transfert des missions et des personnels TOS aux collectivités territoriales, accompagné de celui de 1 000 emplois d’administratifs, la mise en place à « marche forcée » de dispositif d’évaluation et notation, de la suppression de près de 800 emplois d’administratifs au budget 2005.

Comment dans ces conditions atteindre les objectifs que vous fixez pour l’Académie :
Au travers de cette politique de casse des services publics, c’est une réorientation complète de la politique éducative qui s’opère. Pour s’en convaincre, il suffit de lire le rapport Thélot. Le grand débat avait fait émerger de réelles préoccupations partagées par la FSU. Le rapport Thélot tourne le dos « Au Miroir des Débats » et propose de refondre l’Ecole sur la base d’une conception libérale de notre société. L’Ecole, sous couvert du droit à une formation complémentaire dans le cadre de la formation tout au long de la vie, éjectera très tôt les jeunes qui ne maîtriseront pas le socle commun des indispensables au moment du passage d’un cycle à l’autre. Mais chacun sait combien cette formation tout au long de la vie est un leurre si la formation initiale est de faible niveau, chacun sait aussi combien cette formation continue entraîne un coût de plus en plus élevé et prohibitif.

Au delà de quelques propositions concernant la mixité sociale ou la démarche en direction des parents, nous contestons l’essentiel des préconisations du rapport Thélot. En particulier, il ne fait aucun doute que la maîtrise d’un socle commun, reposant sur une conception réductrice des savoirs, des compétences et des comportements reste opposée de fait à l’idée d’objectif collectif pour le système éducatif en terme d’accès au niveau bac et à l’enseignement supérieur.

En cohérence avec ce rapport, des économies en perspective, réalisées sur l’offre et le contenu des formations ! mais des économies aussi au travers de la redéfinition du temps de travail des enseignants en présentant à parité la mission d’enseignement, le suivi des élèves, les relations avec les parents, le travail en équipe. Nous rappelons notre demande pour que soit intégré dans le service actuel des enseignants de second degré un temps forfaitaire au titre des activités hors enseignement.

Dans le débat qui va s’ouvrir sur la loi d’orientation, la FSU défendra une autre logique que celle de Thélot : scolarité obligatoire à 18 ans, qualification pour tous les jeunes, progression de l’accès au niveau bac d’un point par an et une politique dynamique de réduction des inégalités.
La FSU revendique aussi un budget à la hauteur de telles ambitions. C’est le sens de l’opération carton rouge au Premier Ministre