Monsieur l’Inspecteur d’Académie, Mesdames, Messieurs, membres du CTPD.

Nous le re-disons avec conviction : améliorer la réussite scolaire des jeunes, il n’y a rien de plus urgent !

Aider efficacement les jeunes les plus en difficulté, former les enseignants pour cela, bloquer le développement des inégalités sociales et le danger que représenterait l’instauration d’une école à deux vitesses, ouvrir un avenir positif pour les jeunes, rien de plus difficile, rien de plus compliqué sans doute mais rien de plus indispensable pour les jeunes, pour nous, pour l’avenir du pays.

Comment avancer avec, comme postulat, des réductions budgétaires drastiques ?

Aux questions que nous nous posons, la suppression de 11 200 emplois dans l’Education nationale, s’ajoutant aux milliers déjà subis, est la seule réponse dont il faudrait nous contenter. Elle est inacceptable.
Nous réaffirmons notre volonté d’une politique éducative ambitieuse faisant avancer notre Ecole publique en mettant au cœur la réussite de tous les jeunes.

Aujourd’hui plus que jamais, nous voulons pour cela d’autres choix, un autre budget, une autre politique.

Force est de constater que cette demande portée de façon tout à fait inédite, signe de l’ampleur du malaise, par 15 organisations en août 2007 (UNSA-Education - Cé - La ligue de l’enseignement – GFEN – FCPE – CRAP Cahiers Pédagogiques – FOEVEN - FAEN – FERC-CGT – FSU – SGEN-CFDT – UNL – FIDL – UNEF – FNEC-FP FO), cette demande a été ignorée, méprisée.

Pire, de nouvelles dégradations du système éducatif ont été mises en œuvre, telle la réforme des baccalauréats professionnels, lourde de menaces pour les élèves qui, lorsqu’ils quittent le collège ont besoin de plus de temps pour réussir, temps qui leur était donnée dans la voie professionnelle organisée en deux temps BEP en 2 ans puis un choix entre vie active, Bac Pro en 2 ans , Bac Techno en 2 ans et éventuellement des poursuites d’études en BTS ou en IUT, voire en école d’ingénieur. Sous couvert de la recherche d’une égale dignité entre les trois voies du second cycle de l’enseignement secondaire, ce sont de nouveau les recherches d’économie de moyens qui ont été le critère unique de cette ‘réforme’.

Concernant les personnels, le rapport Pochard imprime un retour à des vieilles recettes éculées, telle la bivalence, ou pire encore, sous couvert de prétendre améliorer la conditions des enseignants, dénigre ces mêmes enseignants, accusés de passer en coup de vent dans les établissements, ne s’y impliquant pas suffisamment, citant complaisamment un rapport de plus de cent ans qui déplorait que « les professeurs sont trop spécialisés. Ils viennent, surtout dans les hautes classes, comme dans un cours de facultés, donner à leurs élèves un certain nombre d’heures par semaine, et leur cours fait, ils s’en vont…Mais le professeur ne doit pas se contenter d’être pour ses élèves un livre vivant… » Est-ce à dire que les enseignants n’ont pas évolué dans leurs pratiques depuis cent ans ?

Ce même rappport considère que les enseignants ont besoin de l’aiguillon de leur hiérarchie pour s’améliorer, dénigrant le corps d’inspection comme trop lointain.
Que peuvent raisonnablement faire 2 IPR d’anglais chargés de suivre 2 000 enseignants du public et du privé pour être plus près du terrain ?

Que peuvent raisonnablement faire chefs d’établissements, IPR ou enseignants quand année après année la politique menée conduit à entasser inexorablement plus d’élèves dans les classes ? ; quand les équipes pluri –disciplinaires vantées par le rapport Pochard sont mises à mal , faute de recrutements suffisants de COPsy ou de CPE, ou d’infirmières ou de médecins scolaires, ou d’assistantes sociales, sans parler des enseignants ?

Que peuvent faire les enseignants, quand le gouvernement alourdit leur charge de travail année après année par le biais de classes plus chargées, de tâches nouvelles qui s’amoncellent, de réunions qui se succèdent, et ce, sans aucune compensation salariale ? Un comble à l’heure du « travailler plus pour gagner plus » !
Que penser d’une recherche de l’amélioration de la condition enseignante quand il n’est même pas question de rattraper les pertes de pouvoir d’achat ?
Non content de mener les personnels en bateau, le gouvernement charge encore la barque, ou bientôt le Radeau de la Méduse, en décrétant d’autorité qu’il va transformer 3 500 postes en heures supplémentaires ; et qu’ainsi il invente l’obligatoire pour les élèves mais facultatif pour les enseignants.

Et qu’ainsi, concrètement dans les collèges du département, ce sont 25 postes qui sont supprimés puisque vous imposez que l’ATP de sixième soit donnée en HSE. On se moque du monde… Au point que la FCPE s’en est émue, au plan national et local

Les élus FCPE dans les commissions permanentes des collèges et lycées s’étonnent que les obligations de service des enseignants auxquels des postes sont attribués, ou « heures poste », ne suffisent pas à couvrir les besoins en heures d’enseignement obligatoire…
Il est, en effet, amplement fait recours aux heures supplémentaires annuelles (HSA), voire aux heures supplémentaires effectives (HSE), dans des proportions qui dépassent parfois les 10% des besoins. Or, un enseignant ne peut réglementairement se voir imposer plus d’une HSA hebdomadaire (soit environ 6% de ses obligations de service) et aucune HSE.
La FCPE dénonce ces pratiques de l’Education nationale qui planifie volontairement la fragilisation du fonctionnement du collège et du lycée, en lui attribuant des moyens précaires. Il y a là un risque évident que des enseignements ne soient pas ou ne soient que partiellement assurés.
C’est bien mauvaise gestion que de satisfaire des besoins permanents et fondamentaux par des moyens temporaires et marginaux…
L’objectif annoncé est bien de réduire le nombre de fonctionnaires en dehors de toute considération pédagogique. Le vœu du président de la République est que les professeurs gagnent plus, non en étant mieux rémunérés, mais en effectuant des heures supplémentaires, fût-ce au détriment de la qualité de leur enseignement.
L’effet pervers est évident : la diversification de l’offre pédagogique ne peut que se réduire, l’encadrement des élèves ne peut que se dégrader, les remplacements d’enseignants absents ne peuvent qu’être plus problématiques. C’est un mauvais coup porté aux collégiens et lycéens !

Comment, dans de telles conditions, assurer la réussite de tous les élèves ?
Le seuil de 28 en sixième, et trente aux autres niveaux, ne peut plus être tenu. Au lieu d’être un lieu d’enseignement, d’émancipation, nos classes deviennent des lieux pathogènes, les barres HLM de l’Education Nationale.

A cet égard, nous vous rappelons nos mandats : seuil impératif à 24 élèves par classe et 20 en ZEP ou REP.

De plus, après les heures retirées à l’emploi du temps des élèves pour permettre la mise en place du dispositif EP1 ‘ambition réussite’ ou pour initier les PPRE, c’est l’ATP de sixième qui est menacée dans les collèges.
Les enseignants ne sont pas prêts à l’accepter et vous présentent des pétitions qui expriment ce refus.

Comment en plus veiller à la scolarisation des élèves handicapés dans le cadre ‘normal’ de l’école ? Dans des classes encore plus chargée, comme si la présence d’élèves handicapés ne créait pas des conditions de travail alourdies pour tous, élèves handicapés assistés par des personnels précaires, auquel on n’offre aucun avenir, aucune perspective dans l’Education Nationale, au lieu de recruter des personnels qualifiés titulaires, ayant droit à un statut en tant que fonctionnaires d’Etat.

Nous nous soucions de la réussite des élèves, nous nous inquiétons également des situations faites à nos collègues.

Comment d’un côté critiquer les enseignants en déplorant qu’ils ne passent pas assez de temps dans les établissements et d’un autre multiplier les services partagés ?

Que penser de nos collègues TZR dont l’espoir d’obtenir un poste fixe s’ammenuisent à mesure que les postes sont supprimés et qui dans le même temps se voient nier la spécificité de la mission des TZR, allant jusqu’à des mesures aussi mesquines que la suppression des bonifications pour les mutations ?

Quant à votre affichage du solde des créations et des suppressions de postes dans le département ; nous la contestons avec la plus grande fermeté.

Que dire de la proposition d’ouverture d’un poste SPEA Lettres Histoire Géographie dans l’établissement même où vous supprimez un poste bivalent math-SVT, car ce poste n’a pas trouvé preneur, à l’instar de l’immense majorité des postes bivalents ?

On comprend bien les collègues. Comment prétendre assurer un enseignement de qualité dans deux matières différentes lorsque les besoins des élèves exigent une qualification de plus en plus grande dans la matière qu’on enseigne ?

A cet égard, l’exemple des PEGC est éclairant : pourtant formés à un enseignement dans deux matières ils n’ont eu de cesse que de revendiquer l’enseignement dans une seule discipline ; même au moment où ils étaient une part importante des enseignants de collèges beaucoup d’entre eux n’enseignaient en réalité qu’une matière.

Quant à nos collègues certifiés qui ont accepté des postes bivalents, c’est à chaque fois le choix entre la peste et le choléra : soit l’enseignement dans une seule matière, mais dans deux, voire trois établissements, sans aucune modalité pour rendre cette situation plus attractive et plus supportable, soit la possibilité d’être stabilisé sur un établissement, quitte à y enseigner deux matières.

Ainsi, malgré le constat d’échec patent de l’an dernier, vous insistez dans la même voie, en créant à Landivisiau un poste bivalent Sciences Physiques-Maths.

Et vous en rajoutez dans le cadre des transformations de postes de PEGC, sur un total de 20 proposées, 7 postes sont transformés en postes bivalents : anglais-lettres, anglais-allemand ; allemand-lettres ; lettres-histoire-géo ; SVT-EPS ; SVT Techno ; sciences physiques-mathématiques.

De fait, on aboutit ainsi à un solde de – 43, plus une suppression en documentation, car pour 9 postes on peut prédire qu’ils ne seront pas pourvus et qu’ils vont échoir à des TZR ; TZR dont les conditions d’exercice s’aggravent, TZR en conséquence en nombre insuffisant pour assurer la mission de remplacement de courte et moyenne durée ; TZR dont les affectations sont de plus en plus mauvaises.

Enfin, que dire de nos collègues non-titulaires qui massivement ne retrouvent pas de travail, faute de postes au concours, faute de dispositif de résorption de la précarité autre que le licenciement ? L’éviction.

A titre plus formel, à l’image du manque criant de moyens pour être à la hauteur des besoins, nous devons déplorer le manque d’éléments d’information :

  • Rien sur les moyens vie scolaire. Une concertation avec les élus des personnels est elle envisagée ?
  • Aucune information sur les structures imposées aux établissements et qui servent de base au calcul des DGH, et l’argument hypocrite selon lequel l’autonomie des établissements les laisserait libres de faire d’un côté deux classes de 45 élèves à tel niveau pour en ouvrir 3 à 20 à un autre, puisque entasser trente collégiens par classe ne vous effraie pas.
  • Des DGH où sont mélangées heures SEGPA, heures UPI et heures ‘collège’, rendant toute comparaison impossible.
  • Aucun élément quant aux BMP, CSR et CSD, qui sont pourtant donnés en GT lycées par le Rectorat, et qui doivent servir de base à un travail croisé avec le travail sur les postes lycées.
  • Pas de réflexion contradictoire sur les prévisions d’effectifs, en amont du CTPD uniquement consacré aux créations et suppressions de postes.

Entretenir le flou, limiter l’information des représentants des personnels, la concertation à sa plus simple expression, est ce une tentative de cacher la misère ?

L’école doit bénéficier de plus de moyens pour répondre à toutes les attentes d’un pays civilisé, qui fasse le pari de l’intelligence plutôt que celui de la baisse du coût du travail.

Pour conclure, cette interrogation :
Si vous trouvez que l’Education coûte cher, essayez l’ignorance…
Pour ce qui nous concerne nous serons en grève demain pour porter nos revendications.