17 novembre 2005

Actualité académique

Déclaration préalable FSU au CTPA de rentrée (octobre 2005)

Ce CTPA doit traiter de plusieurs questions dont le bilan de rentrée . Nous avons déjà à deux reprises, à l’occasion des 2 audiences que vous nous avez accordées porté appréciation sur la rentrée 2005 ; j’y reviendrai donc à grand s traits mais auparavant je souhaitais vous faire part d’une remarque et d’une demande : les documents qui nous ont été transmis sont des documents qui reprennent essentiellement des données budgétaires au travers d’une grille d’observation. qui prend en compte les évolutions observées depuis le CTPA de mars consacré à la préparation de rentrée. Un bilan de rentrée ne peut de notre point de vue s’arrêter là.

Nul doute que d’autres éléments concernant l’évolution des effectifs, les orientations, nous seront communiqués lors de ce CTPA de même que des éléments concernant la gestion des personnels et en particulier le mouvement . Les documents préparatoires sont pour nous essentiels, nous avons besoin de temps pour les consulter et les analyser, c’est la raison pour laquelle nous vous demandons de bien vouloir veiller à ce qu’ils soient le plus exhaustifs possible et remis aux représentants des personnels suffisamment tôt pour que nous puissions contribuer efficacement aux travaux des instances paritaires.

Venons en à la rentrée :

Dans le premier degré , la rentrée est caractérisée par une très nette progression des effectifs dans l’enseignement public. La progression constatée est supérieure aux prévisions de l’administration et se situe entre 3 et 4000 élèves selon nous. Il faut regretter pour l’image de l’Ecole Publique que cette réalité ait été occultée par les médias qui ont unilatéralement évoqué les hausses dans le privé. Dans ces conditions l’attribution de 44 postes s’avère nettement insuffisante et l’Académie va connaître pour la deuxième année une détérioration du P/E . Les moyens nouveaux placés sur l’accueil des élèves supplémentaires se chiffrant à 40,5 postes seulement, soit un poste pour 80 à 100 élèves , le constat est fait que l’enseignement public n’a pas les moyens de sa croissance. Les emplois nouveaux placés sur le remplacement ne permettront pas d’apporter une amélioration décisive du fonctionnement et les difficultés rencontrées les années passées vont se reproduire.

Dans le second degré les retraits d’emplois que l’académie a connus à cette rentrée accentue encore la lente dégradation des conditions d’enseignement : depuis 2001 7% du potentiel en enseignants a été supprimé pour une baisse démographique qui s’établit seulement à 3,9%. Ces données ont des conséquences sur les conditions de travail des personnels et des élèves ne serait ce qu’au travers des effectifs des divisions L’un des objectifs prioritaires du rectorat il y a encore quelques années, la baisse des effectifs des classes de seconde (pas plus de 30 élèves par classe ) est maintenant abandonné. Dans le même ordre d’idée le fameux H/E est utilisé non pas avec l’objectif d’amélioration des conditions d’enseignement mais en visant l’alignement sur la norme dictée par la moyenne nationale

Ces données budgétaires ne sont pas sans conséquences non plus sur les dédoublements ou les absences de dédoublements, sur la carte des formations, sur l’accueil dans le service public de tous les élèves.
A ce rythme ce sont les atouts de notre académie en matière de réussite éducative qui risquent d’être ,à terme, compromis. Plutôt que de prendre pour boussole les moyennes nationales, une politique de progrès devrait viser au moins l’alignement sur les académies qui obtiennent les meilleurs résultats.
Concernant les flux d’élèves si vous nous confirmez l’information que nous avons sur les effectifs des lycées professionnels à savoir que la baisse prévue de 500 élèves n’est en réalité que de 250, nous soulignerons positivement cette première étape de regain d’attractivité des LP. En même temps il serait important de dresser un bilan de l’ensemble des orientations y compris vers les sections d’apprentissages et y compris des sorties du système scolaire . Et puisque nous parlons de flux d’élèves , un bilan des flux public/ privé serait intéressant , d’autant plus intéressant qu’à la rentrée les établissements privés ont mené une campagne sur le thème du manque de moyens pour accueillir des flots d’élèves venus du public .

En ces temps de rigueur budgétaire il est manifeste que les personnels sont soumis aux turpitudes d’une gestion comptable où l’obsession des indicateurs chiffrés fait oublier que l’engagement des professionnels et la confiance qui leur est accordée sont au cœur de la réussite du système éducatif :
Moins de postes, moins d’entrées dans l’académie ( 776 capacités d’accueil en 1998, 207 en 2005), de nombreuses mesures de carte scolaire entraînant des réaffectations et un mouvement intra nettement moins fluide, des titulaires en établissement ou TZR sous pression , des non titulaires au chômage , une augmentation à peine déguisée de notre temps de travail . Je terminerai donc mon propos vous l’aurez compris par la question des remplacements courts .

Prenant prétexte d’une vraie question , les absences de courte durée , la loi Fillon s’inspirant de recommandations du rapport Thélot impose que dorénavant ces remplacements soient assurés par les personnels en poste dans les établissements .
Cette mesure censée répondre aux attentes des parents alors même que le gouvernement a considérablement réduit les emplois vie scolaire , alors même que le potentiel de TZR est insuffisant pose des problèmes fondamentaux :
Elle repose d’abord sur une méconnaissance totale de la réalité du métier , de ce que recouvre l’acte pédagogique qui nécessite une durée d’intervention dans la classe.L’ignorance feinte de l’acte d’enseignement conduit à dire qu’un professeur pourrait cumuler des heures, comme si les élèves étaient interchangeables comme si le travail se réduisait à la prestation en classe sans rien en amont ni en aval. Le travail avec les élèves se construit .
Elle fait fi de la charge de travail sans cesse croissante des enseignants, de la multiplication des tâches , de l’investissement professionnel de plus en plus important face aux différents publics scolaires
Elle méconnaît aussi le fonctionnement des établissements et les contraintes qui pèsent sur tous , locaux, emploi du temps ...
Il s’agit aussi d’éviter de fait, et dans toutes ses dimensions, la question du remplacement de moyenne et longue durée déjà mal assuré .
Assurer la continuité du Service Public et garantir aux élèves la continuité pédagogique dans la discipline suppose que l’on intègre dans les créations de postes et les recrutements, la mission de remplacement .

Le SNES , le SNEP, le SNUEP sont totalement opposés à ce dispositif qui de plus, si l’on en juge par les réponses du Ministre au SNPDEN, porte atteinte aux droits des personnels : congés maladie, droit à la formation continue par exemple. C’est un pas de plus dans la déréglementation à savoir annualisation des services, droit de regard des CA sur les services des enseignants et leur définition, accroissement du pouvoir des chefs d’établissements.
Les personnels dans leur grande majorité sont hostiles à ce dispositif : ils le disent dans des motions, ils signent massivement les pétitions, ils s’engagent dans la grève.
Nous continuerons à demander l’abrogation de ce décret comme plus largement l’abrogation de la loi Fillon parce que c’est une loi de régression qui organise le tri social.

Pour terminer nous faisons part de notre incompréhension devant votre refus et le refus du Ministre de valider les listes du SNUPDEN/FSU (syndicat des chefs d’établissements) pour les prochaines élections professionnelles. Nous ne croyons pas aux arguments avancés, nous pensons qu’il s’agit à n’en pas douter d’un choix politique en faveur du SNPDEN derrière lequel se cache -au ministère sûrement- un « donnant-donnant » . Une certitude en tout cas, la démocratie et le pluralisme y perdent.