Monsieur Le Recteur,

Suite aux événements effroyables que nous avons connus il y a deux semaines, de nombreuses voix se font entendre pour faire de l’Education l’une des réponses à la montée de toutes les formes de fondamentalisme et d’intégrisme. Il n’a jamais été plus urgent en effet de former des esprits libres, sensibles et attentifs aux principes démocratiques de la République, parmi lesquelles la laïcité porteuse des valeurs humanistes qui nous sont chères. Les personnels de l’Education nationale restent déterminés à relever ce défi au quotidien mais demandent un soutien sans faille : des moyens à la hauteur des missions assignées, de la formation pour les personnels, des personnels reconnus et revalorisés, des possibilités de formation et de qualification pour tous les jeunes.

Faire vivre, rénover, développer la démocratie sociale, notamment et particulièrement dans notre secteur constitue un élément de réponse et d’action auquel on ne saurait se dérober.
Cette CAPA est aussi installée dans un contexte où les dossiers d’actualité propres à notre profession sont lourds de conséquences pour notre métier, la vie professionnelle de nos collègues et l’avenir du service public de l’Éducation nationale.
Le SNES-FSU reste,et de loin,la première organisation dans l’éducation et dans tous les corps qu’il représente et demeure largement majoritaire chez les conseillers d’orientation-psychologues et DCIO. En effet, avec un taux de participation nationale de 70,56%, près de 54% des collègues continuent de nous faire confiance et partagent le projet de la FSU concernant l’avenir de la profession. Ce chiffre montre le fort attachement des collègues aux valeurs qui fondent nos engagements et nos revendications,parmi lesquelles :

  • Le maintien de tous les CIO dans les districts scolaires,
  • La spécificité de l’orientation scolaire lors de la mise en place du SPRO,
  • Le respect des missions et la défense des conditions de travail des personnels,
  • L’obtention de moyens à hauteur des besoins pour le fonctionnement des CIO.

En ce début d’année 2015, nous pouvons nous féliciter d’un certain nombre de points positifs qui ont été actés dans le GT14 :

  • • La réaffirmation du rôle des psychologues dans l’Education nationale parla création du corps unique avec deux spécialités, premier et second degré.
  • • La volonté a été exprimée par le ministère de corriger enfin l’injustice dont sont victimes les conseillers d’orientation-psychologues, par l’accès à la hors classe. Il reste à acter pour les directeurs une revalorisation substantielle qui permettrait de reconnaitre la complexification et l’alourdissement de leur charge de travail et la sécurisation de leurs fonctions.

Cependant les sujets d’inquiétude ne manquent pas, en particulier pour ce qui concerne la mise en place du SPRO en janvier 2015 et l’avenir du réseau des CIO.
Par la Loi du 5 mars 2014, le gouvernement a défini les compétences respectives des Régions et de l’Etat sur la formation professionnelle et l’orientation. La région est chargée de coordonner les actions des organismes, hors éducation nationale, concourant à l’information et au premier accueil des jeunes sortis du système scolaire, ainsi que des adultes, pour une première information dans le cadre du SPRO. Mais la ministre a signé avec l’ARF une convention qui, par des formulations floues, peut conduire certaines régions à penser qu’elles auront la possibilité de piloter toute la chaîne de l’orientation et s’arroger le droit de dicter aux CIO, aux conseillers d’orientation-psychologues et aux directeurs leur manière de travailler, ce que nous ne pourrons accepter.

Nous demandons donc que la convention type Etat/Région soit respectueuse de nos missions prioritaires, de notre statut, de nos pratiques et des modalités de fonctionnement des CIO. Nous demandons la réunion d’un groupe de travail préalable à la signature de la convention type Rectorat/Région.
Pour la carte cible des CIO nous ne pouvons accepter une carte qui réduirait de moitié le nombre de CIO dans notre académie. Nous avons bien noté le souhait du rectorat d’essayer de porter ce chiffre à 17 CIO. Mais pour l’heure nous n’avons aucune confirmation. On ne peut porter l’ambition des jeunes et l’élévation du niveau de qualification en supprimant un service public d’orientation de proximité. Tout doit être mis en oeuvre pour maintenir le réseau des CIO.

Pour terminer, cette CAPA d’ouverture est, pour nous, l’occasion de rappeler notre attachement au paritarisme, c’est-à-dire à la défense individuelle des collègues dans un cadre collectif et en toute transparence. Tout au long de ce mandat, nous y serons attentifs.

Lionel Le Gruiec, Béatrice Travaglini, Christine Le Page, Claudine Renault