1er juillet 2008

Actualité académique

Des attaques ministérielles sans précédent contre les enseignements artistiques !

Depuis plusieurs années les éminences grises du pouvoir nous avaient abreuvés de discours méprisants et caricaturaux au sujet des enseignements artistiques, présentés comme ringards et inefficaces. Le serpent de mer de leur optionalisation au collège faisait régulièrement surface. Ces discours produisent aujourd’hui leurs effets : ce que M. Darcos annonce va bien au delà, concerne tous les niveaux du système éducatif et ressemble fort à une entreprise de casse !

Sa méthode est simple et peut se résumer ainsi :

 Vider les programmes d’enseignement de leurs contenus !
Ainsi les programmes de l’école maternelle et élémentaire ont-ils été dépouillés de tout contenu notionnel et pratique : on y parle d’activités mais plus d’enseignement.

Au collège, particulièrement en arts plastiques, les projets de programme actuellement connus privilégient des entrées thématiques artificielles plutôt que des questions de sens ouvrant à la compréhension des démarches artistiques.

 En finir avec la pratique des élèves !
A l’école comme au collège, l’invention d’une nouvelle discipline scolaire, « l’histoire des arts », obligatoirement abordée de manière chronologique en lien avec le programme d’histoire, vient amputer le temps de pratique des élèves de 50%. Cette discipline devra donner lieu à des évaluations écrites, et comptera au brevet des collèges (DNB). Il s’agit, paraît-il, de renforcer le lien social dans notre école tellement menacée par « la diversité des langues, de religions et des cultures »... et aussi bien sûr, de protéger les produits de l’industrie culturelle du téléchargement et du piratage (on parle de marchandises, de l’image des œuvres et non plus des œuvres !!!). Nos élèves ne sont plus considérés comme des citoyens en devenir, mais purement et simplement comme de futurs consommateurs.

 Renforcer la ségrégation sociale !
Les pratiques artistiques sont désormais exclues du cadre scolaire et reléguées dans ce que le ministère appelle l’accompagnement éducatif, qui aura lieu le soir de 16h à 18h. Mais seulement pour les élèves volontaires qui ne seront pas concernés par les dispositifs d’aide aux devoirs. Seulement pour ceux qui ne seront pas tributaires des transports scolaires ou du bon vouloir ou de la disponibilité de leurs parents. Les ateliers ou chorales pourront d’ailleurs être pris en charge par des associations, des retraités, des étudiants, des artistes : ils deviennent donc bien des « activités » et non plus des « enseignements ».
Le ministère préconise le recours aux chèques emploi-services pour que des activités artistiques soient prises en charge par les familles elles-mêmes, moyennant déductions d’impôts (ça tombe bien : le SMIC vient juste d’être réévalué de 0,9% !). Il pousse même la provocation jusqu’à imaginer que les compétences développées dans ce cadre privé puissent donner lieu à une prise en compte dans le cadre du brevet des collèges ! Pour la première fois, de manière officielle, l’Education Nationale dispenserait des diplômes sur la base de connaissances, de savoir-faire et de compétences qu’elle n’aurait pas enseignés !

M. Darcos veut faire avaler la pilule en évoquant la création de filières d’excellences dans tous les domaines : à l’instar de ce qui existe déjà en musique, il y aurait dès l’école primaire, des classes à horaires aménagés en arts plastiques, danse, théâtre... A qui seront-elles une fois de plus réservées ? Aux enfants issus des quartiers populaires ? La politique de ce gouvernement, c’est l’excellence pour une minorité et le « SMIC culturel » pour tous les autres !

 Liquider les enseignements en tarissant le recrutement des enseignants
Depuis plusieurs années, les recrutements aux concours sont devenus insuffisants pour compenser les départs à la retraite. Le ministère préfère se débarrasser des enseignements et transfère les compétences qui jusqu’à présent incombaient à l’État aux collectivités territoriales.

Contre ces projets,

nous affirmons les principes suivants :

 Les enseignements artistiques doivent être obligatoires et accessibles à tous les élèves, dans le cadre commun de l’école de la République !
 Ils doivent être dispensés par des professeurs correctement formés, dans le cadre du ministère de l’Education Nationale et de la fonction publique d’État.
 Ils doivent être fortement ancrés dans la pratique et doivent disposer du statut, du temps et des moyens indispensables à une véritable ouverture culturelle !