21 septembre 2016

Actualité académique

Des étudiants à bac +2 devant les élèves ?

Le rectorat de Rennes s’est adressé tout récemment aux étudiants de licence (L2 et L3) en Physique-Chimie et Espagnol pour les encourager à accepter des contrats précaires d’enseignants. Les besoins sont en effet bien réels et environ 70 postes, aux quotités variables et pour la plupart dans des collèges éloignés des centres urbains, restent sans professeur depuis la rentrée. La crise du recrutement dans le second degré couplée à la mise en œuvre de la réforme du collège expliquent ce grave déficit d’enseignants devant les élèves.

D’une part, les postes non pourvus à la session 2016 des concours du second degré affectent directement les établissements puisque les enseignants stagiaires y sont attendus dès la rentrée pour occuper un moyen d’enseignement à mi-temps. D’autre part, la seconde langue vivante est enseignée dorénavant dès la classe de cinquième : les besoins en espagnol (langue majoritairement choisie en LV2) ont cru immédiatement et aucune anticipation des besoins n’a été prévue par le Ministère.

Alors qu’un Master 2 (bac +5) est désormais requis pour accéder aux métiers de l’enseignement, la démarche du Recteur a de quoi surprendre. Solliciter de jeunes étudiants pour assurer des contrats précaires en prenant le risque de les éloigner de leurs études n’est pas une solution acceptable. Rien n’est d’ailleurs annoncé pour accompagner ces jeunes, tant pour la prise en main des classes que pour l’assiduité dans leur cursus universitaire...

C’est un choix très contestable que de relancer de cette façon le recrutement précaire alors que déjà plus de 10% des effectifs enseignants dans le second degré public en Bretagne sont non-titulaires et subissent des conditions d’emplois difficiles : postes éloignés sans frais de déplacement, services sur plusieurs établissements, temps partiel imposé... Et des refus de poste peuvent entraîner des radiations des listes !

Le SNES-FSU continuera d’exiger des pré-recrutements dès la licence afin de financer les études des futurs candidats aux concours de l’enseignement sans autre contrepartie que de passer les concours. A sa façon, le Recteur de Rennes a montré que des pré-recrutements devenaient incontournables pour faire face à la crise du recrutement dans le second degré !