6 juillet 2011

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Histoire géo : quelles finalités se dessinent pour la discipline ?

Au collège, l’écriture des programmes a certes été réfléchie et a fait l’objet d’une large
consultation, mais ils s’inscrivent dans la logique du socle, où les compétences prennent
une place importante, marqués par de nouvelles approches : étude de cas ou entrées particulières,
contextualisation, insistance mise sur le récit et la capacité « raconter », place
ambiguë donnée au document. Il se dessine bel et bien une volonté d’inflexion de notre enseignement.
D’autant plus que s’ajoutent d’autres injonctions ô combien problématiques à propos
du développement durable, de l’histoire des arts ou encore de l’utilisation des TICE.
Au lycée, les nouveaux programmes se sont inscrits dans le cadre de la réforme qui a d’abord
supprimé l’enseignement obligatoire de l’histoire géographie en Terminale S, et ont été
rédigés et mis en place dans une précipitation rarement égalée. Au lieu de commencer à
s’interroger sur le fond (qu’est-ce que nos élèves doivent apprendre pendant les trois années
du lycée pour leur vie de citoyen et pour leurs études futures ?), les contenus ont été sommés
de s’adapter à une architecture pensée en amont, sans réflexion d’ensemble sur les interactions
entre les programmes des diverses disciplines, les équilibres nécessaires.
Comme d’habitude, les thuriféraires de la réforme sont convaincus que travailler c’est appliquer
et que le passage de l’état d’avant à celui d’après peut se faire, certes dans la douleur,
mais celle-ci est perçue comme une catharsis bienfaitrice, qui permet aux plus méritants et
novateurs de négocier ce changement de cap grâce aux fiches ressources et à une réunion
de l’inspection censée donner, en quelques heures, les clés de compréhension des
nouveautés et les sésames de leur mise en oeuvre.
Or ce n’est pas ainsi que les enseignants font évoluer leurs pratiques, mais bien sûr dans
une autre temporalité, par essais, tâtonnements, réajustements permanents, au vu de ce qui
« marche » ou de ce qui « ne marche pas ».
Il ne s’agit pas de défendre des pratiques sclérosantes ou un immobilisme pédagogique ;
s’il était intéressant de réinterroger des démarches qui ont fait leur temps, encore eut-il fallu
que cela soit largement débattu dans la profession, et que les transformations nécessaires
pour rendre notre discipline plus vivante, plus formatrice, plus adaptée en terme de formation
aux défis du monde d’aujourd’hui, soient l’objet d’une réelle réflexion collective. Cela
demande du temps, une volonté politique de permettre l’émergence d’une expertise
professionnelle de ceux qui sont au contact, au quotidien, avec les élèves, et les difficultés
du métier. Force est de constater que les enseignants d’histoire-géographie, comme les autres,
en sont de plus en plus dessaisis.
Le SNES porte une autre ambition pour l’enseignement de l’histoire-géographie,
élément constitutif de la culture commune et de la formation du citoyen. Il continuera
de porter les exigences des personnels dans l’action qu’il initiera à la rentrée, et dans
ses propositions à l’occasion des élections professionnelles d’octobre 2011. ■

Sandrine Charrier, secrétaire nationale, responsable du secteur Contenus

Alice Cardoso, Véronique Servat, responsables du groupe Histoire-géographie

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