Monsieur Le Recteur,

Depuis 3 ans, l’accès à la hors-classe dépend directement des avis des chefs d’établissement et des IPR. Le « mérite » individuel serait ainsi mieux reconnu et valorisé. L’ensemble des représentants du personnel, réunis dans des Intersyndicales nationale et académique, combattent avec force et détermination ces nouvelles modalités de classement dont l’application entraîne de très nombreuses injustices.

Alors que le nouveau système devrait prendre en compte l’ensemble d’une carrière, nous dénonçons une évaluation temporaire, image bien plus instantanée de la « valeur professionnelle ». La possibilité de promotion est d’une part soumise au bon vouloir du chef d’établissement qui note, en l’absence de grille d’évaluation, selon son intime conviction. La possibilité de promotion peut d’autre part être réduite s’il n’y a pas eu d’inspection récente et si la discipline est sous-représentée lors des promotions d’échelon au grand choix. Ce sont au final des critères dissimulés et particulièrement injustes qui ne garantissent pas à chacun les mêmes opportunités de promotions.

Avec le rajeunissement confirmé des collègues promus, force est de constater qu’une fois passées les 2 premières années dans le 11e échelon, l’accès à la hors-classe sera plus difficile. L’arrivée de nouveaux collègues entrants dans le 11e affaiblira d’ailleurs encore plus la possibilité de promotion pour les plus anciens.

La FSU dénonce cette individualisation des carrières qui ne garantit réellement aucune évaluation rigoureuse et équitable des parcours individuels. A l’inverse de mesures salariales collectives que nous revendiquons, le ministère bloque les carrières au 11e échelon et réserve la hors-classe aux collègues qui ont l’opportunité de faire reconnaître leur situation au bon moment. L’ancienneté de carrière, particulièrement celle acquise dans le 11e doit être rétablie pour compenser, en partie, toutes les inégalités existantes, notamment de fréquences d’inspection.

La FSU revendique la hors-classe comme une étape vers la reconstruction de la grille indiciaire. En plus de relever les indices de début de carrière, nous demandons que l’indice du 11e échelon atteigne 782, dernier indice de l’actuelle hors-classe. De récentes études ont confirmé une baisse importante du pouvoir d’achat des enseignants : - 20% en 25 ans. Généraliser la hors-classe à tous les personnels permettrait tout d’abord une revalorisation des carrières, très attendue. Et au-delà de l’effet sur les traitements, rappelons l’impact avantageux de la hors classe pour la retraite : la différence entre des pensions calculées l’une sur un 11e échelon et l’autre avec un indice 782 s’élève actuellement à 420 € brut par mois.

Pour que chacun bénéficie de la meilleure retraite possible, aucun collègue ne devrait partir sans la hors-classe. La prise en compte de l’ancienneté de carrière dans le barème est aussi de ce point de vue une nécessité.

Renforcer le poids de la hiérarchie et minorer l’ancienneté et les qualifications individuelles, critères pourtant mesurables et facilement comparables, ont entraîné une insécurité et une absence totale de lisibilité. Toute projection sur la fin de carrière est actuellement incertaine.

Cette notation par avis décentre surtout l’attention vers des tâches périphériques aux dépens du travail de classe. Notre identité professionnelle est avant tout basée sur la transmission des savoirs disciplinaires.

Pour notre Académie, suite à l’augmentation octroyée par le ministère, 73 promotions supplémentaires sont attribuées par rapport à 2006. Ce contingent nouveau voulu par le Ministre est une conséquence de la mobilisation des personnels contre les réformes De Robien. Au moment où nous exigeons l’abrogation du décret De Robien et la restitution des 5 000 emplois supprimés à la rentrée 2007, le Ministre préfère communiquer sur son effort en matière de revalorisation des salaires. Aucune mesure budgétaire spécifique n’est d’ailleurs décidée : les académies devront arbitrer pour en assurer le financement. Personne n’est dupe : chacun aura compris en quoi cette diversion ne résout rien.

Dans l’immédiat, l’augmentation de 30% des promotions est un progrès. Plusieurs remarques toutefois sur l’actuel projet du tableau d’avancement :

 Le taux moyen de promotion progresse : 34,7% des collègues du 11e échelon sont promus, contre 25% l’an dernier. Les promotions se répartissent équitablement entre collègues de lycée et de collège. L’équilibre homme/femme est aussi respecté.

 L’équilibre général entre les disciplines peine à s’installer : espagnol, arts plastiques, histoire-géographie et plus fortement encore anglais et sciences physiques sont en retrait dans les promotions proposées.

 Les avis « défavorable » des IPR sont particulièrement importants en anglais et en éducation musicale.

 Les collègues du supérieur sont mieux promus : 56% des promouvables du 11e échelon obtiennent la hors-classe, un taux largement supérieur à leur part respective dans les promouvables du 11e. Les promotions sont réalisées non par les avis mais par les notations sur 100, très avantageuses.

 Les 73 possibilités de promotions supplémentaires permettent à des collègues du 11e échelon d’être promus sans avoir un avis « exceptionnel ». Le premier certifié promu avec 2 avis « très satisfaisant » est au rang 239.

 22 collègues du 10e échelon sont promus. Ces collègues ont pour la plupart une ancienneté faible dans le 10e et bénéficient tous des 2 avis « exceptionnel ». Leur note pédagogique assurerait pourtant une autre promotion à très court terme : le passage au 11e échelon au grand choix. Ces collègues du 10e échelon sont au-delà du rang 237 et n’auraient pas été promus avec le contingent de l’an dernier, à l’exception de l’un d’entre eux au rang 224.

 Dans le même temps, nous repérons 4 collègues du 11e avec une note pédagogique supérieure à 52 et un avis très satisfaisant de l’IPR. Ils ne sont pourtant pas promus : l’avis « satisfaisant » des chefs d’établissement interdit la promotion.

 Nous repérons également 36 collègues avec plus de 5 ans dans le 11e échelon avec une note pédagogique supérieure à 48, un avis très satisfaisant de l’IPR et un avis exceptionnel ou très satisfaisant du chef d’établissement. Ils ne sont pourtant pas promus. 13 sont retraitables d’ici à 2008.

M. Le Recteur, vous avez reconnu à l’occasion de la récente audience accordée à l’Intersyndicale que l’ancienneté nécessitait un examen particulier. Nous vous demandons de revoir la situation de ces collègues, qui n’ont jamais démérité et qui malgré des notes avantageuses ne sont pas promus.

 Une étude des notations des chefs d’établissement révèle que les bonifications « exceptionnel » dans les établissements suivants sont rares voire inexistantes pour les collègues au 11e échelon (au moins 5 collègues promouvables dans chacun de ces établissements) : lycées Colbert et Dupuy de Lôme Lorient, lycées Jacques Cartier et Maupertuis St Malo, lycée de Concarneau, lycée de Dinard, Lycée Rabelais St Brieux, lycée de Landerneau, lycée Chateaubriand Rennes, collège de Cesson, collège Broussais Dinan, collège Kerzouar Saint Renan, collège de L’Harteloire Brest. L’effet sur l’accès à la hors-classe est sans appel : ces établissements obtiennent très peu de promotions au regard des effectifs. Il est indispensable que les avis de ces chefs d’établissement soient repris.

 Enfin, les collègues au CNED sont aussi particulièrement désavantagés : sur 28 collègues au 11e échelon, seuls 4 sont promus. Une affectation au CNED ne pourrait conduire à bloquer une carrière au 11e échelon : nous vous demandons M. le Recteur de reconsidérer la situation des 24 collègues concernés.

Rennes, le 24 avril 2007