10 février 2012

Actualité académique

Les langues vivantes : fer de lance de la déréglementation ?

Le ministre de l’Éducation a annoncé mardi, dans un communiqué de presse, vouloir modifier l’enseignement des langues, notamment au collège, suite au rapport qui lui a été rendu par le comité stratégique des langues.

Encore une fois, le ministre ne retient d’un rapport que ce qui va dans le sens de la politique qu’il mène depuis quelques années.

En effet, alors que le rapport rappelle que si l’anglais semble incontournable, dans 20 ans, "ce qui fera alors la différence, pour l’insertion professionnelle, ce sera la maîtrise d’autres langues." Dans ces conditions, nous comprenons mal que les mesures annoncées soient majoritairement axées sur l’anglais, dès le primaire.

Le rapport insiste aussi sur la nécessité d’avoir des personnels qualifiés et des locuteurs natifs. Or, à la rentrée prochaine, le Ministère supprime des centaines de postes d’assistants de langues et n’offre pas une formation initiale et continue digne de ce nom aux enseignants. Il propose uniquement d’ « obliger » les candidats aux concours de recrutement à passer un semestre à l’étranger pendant leur cursus.

Afin de garantir l’accès à deux langues dès la 6e à tous les élèves, le ministre, suivant le rapport, suggère une "globalisation des horaires en LV1 et LV2" et une "annualisation des services" des enseignants, laissant croire par cela que l’ambition affichée pour les langues se résume finalement à l’éclatement des statuts, l’augmentation du temps de présence et à la réduction des moyens.

Enfin, concernant les séjours linguistiques, "l’échange avec les collectivités territoriales" est une formulation inquiétante car elle laisse penser à un glissement vers une gestion locale.

Le SNES-FSU revendique une priorité à la baisse des effectifs (notamment pour la pratique orale), un enseignement de 3 heures minimum par classe dans toutes les langues, à la diversification des langues et à une véritable formation des enseignants.