Les enseignants du lycée Cesson Sévigné, réunis en assemblée générale le 18 janvier, ont décidé, comme ceux de Descartes et V. & H. Basch à Rennes, de boycotter l’organisation du bac blanc cette année pour protester contre les projets actuels gouvernementaux. Cette décision, hautement symbolique, a été prise suite à une consultation de l’ensemble des collègues du lycée dont vous trouverez dans le document ci-dessous l’argumentaire.

consultation bac blanc

Dans une lettre aux parents d’élève ils expliquent le sens de leur décision...

Mesdames et Messieurs les représentants des parents d’élèves,

Les professeurs du lycée Sévigné se sont prononcés, lors d’une consultation interne organisée le 18 janvier, pour l’annulation du bac blanc cette année dans l’établissement, et ce, à une très large majorité.
Il nous faut expliquer le sens de ce vote.

Depuis de très nombreuses années, plusieurs ministres de l’Education Nationale se sont évertués à jeter le discrédit sur notre profession et la façon dont nous l’exerçons. Nous serions trop nombreux, trop payés, peu sérieux et peu travailleurs. Ce que nous constatons en réalité dans nos établissements, c’est que les effectifs d’enseignants et de personnels de surveillance diminuent chaque année, dans une proportion bien supérieure à la diminution des élèves scolarisés, que notre pouvoir d’achat s’est déprécié de plus de 20 % depuis 25 ans, que les tâches non répertoriées (encadrement des élèves pour des activités hors cours, réunions en tous genre, gestion des élèves en difficulté...) ne cessent d’augmenter.

Aujourd’hui, plusieurs décrets prévoient la disparition des décharges horaires de coordination, de laboratoire ou de cabinet, ainsi que la réduction drastique de l’heure de première chaire (réduction de service d’une heure pour les professeurs enseignant un certain nombre d’heures en classe d’examen). Nous sommes aussi confrontés à la volonté de développer l’enseignement par un même professeur de plusieurs matières - au détriment de la compétence disciplinaire - ainsi qu’à l’extension des compléments de service, désormais possibles sur trois établissements, dans des communes non limitrophes et sans aucune borne géographique.

Les personnels enseignants se sont déjà mobilisés à plusieurs reprises pour exprimer leur crainte et leur mécontentement, notamment lors de la grève majoritaire du 18 décembre. Pour toute réponse, ils n’ont eu droit qu’au mépris de leur ministre. Alors, comment se faire entendre ?

L’intérêt des élèves ne se résume pas à l’organisation d’un bac blanc en terminale. Il s’apprécie d’abord et avant tout en terme de qualité de l’enseignement dispensé à vos enfants. De ce point de vue, il est incontestable qu’un alourdissement de la charge de travail des enseignants, tel que les mesures gouvernementales l’envisagent, va se traduire par une dégradation de leurs conditions de travail, mais surtout et inévitablement par une dégradation de la qualité de l’enseignement dispensé à nos élèves. En effet, accroître la charge de travail des enseignants en augmentant leur nombre d’heures de cours et/ou leur nombre d’élèves, revient automatiquement à leur laisser moins de temps disponible pour préparer des cours, corriger des devoirs... Ce que défendent les enseignants, ce n’est pas égoïstement leurs conditions de travail, mais la mise en oeuvre de conditions qui puissent garantir la qualité de l’enseignement que reçoivent vos enfants. Ce que constatent les enseignants, c’est que le souci de la qualité ne semble plus aujourd’hui orienter la politique scolaire où prime trop souvent une gestion purement comptable. C’est parce qu’ils se battent pour l’École, pour leurs élèves et pour vos enfants, qu’ils comptent sur votre compréhension et votre soutien.

Nous restons à votre disposition pour toute information complémentaire.

Les représentants des personnels enseignants au C.A.

La lettre aux parents