Mesdames, Messieurs,

Vous avez répondu favorablement à l’invitation de M. le Proviseur.
Cela démontre votre préoccupation pour les questions de l’école, pour l’avenir de vos enfants.

Pour leur part, les enseignants du lycée, dans leur majorité, n’ont pas souhaité, s’associer à ce débat.
Voici pourquoi, en quelques mots :
 L’Education Nationale a connu, l’an dernier, un mouvement de grèves et d’actions sans précédent pour défendre un service public d’éducation de qualité. Le ministre n’a rien entendu.
Pourquoi écouterait-il davantage aujourd’hui ?
Ce débat ne serait-il pas un moyen de justifier des choix qui sont d’ores et déjà effectués ?

En effet, quels que soient les résultats du débat, le budget du ministère a déjà prévu :
 De supprimer 16 400 emplois dans les collèges et les lycées au niveau national, de réduire les recrutements d’enseignants de plus de 30 %
 En Bretagne, cela va se traduire par la suppression de 550 emplois de professeurs rien que dans les lycées et les collèges pour la rentrée 2004, d’ores et déjà, des remplacements de professeurs en arrêt de maladie ne sont plus assurés ou sont suspendus. La fin du système des Titulaires remplacants est programmée !!! Des enseignants non-titulaires sont jetés comme des kleenex !
 Les responsables du rectorat font la tournée des popottes pour annoncer la suppression d’options, de sections, de classes, d’établissements (selon nos informations, 4 à 5 collèges et deux Lycées professionnels sont menacés de fermeture dans le Finistère)
 Le Recteur a affirmé hier au Conseil Académique de L’Education nationale, que la rentrée serait « très, très difficile »
 Enfin, sous couvert de réforme, on peut s’attendre à de nouvelles réductions des horaires d’enseignement.

A l’école, comme à l’hôpital, comme dans beaucoup d’autres secteurs, l’objectif n’est pas d’améliorer le service public mais de faire des économies.

De plus, quels que soient les résultats du débat, M. Ferry et M. Darcos ont déjà répondu aux questions qu’ils posent :
Par exemple,
 à propos de la décentralisation, LUC FERRY a déclaré devant la commission des finances de l’Assemblée Nationale : « La perspective principale qui motive ce ministère est de poursuivre la décentralisation et la déconcentration » et il ajoute « En outre, concernant les établissements secondaires et universitaires, l’objectif reste un développement de leur autonomie ».
 Xavier DARCOS ajoute, pour sa part, que « parvenir à une autonomie des établissements scolaires est, effectivement, la principale clé de la réforme : confier le recrutement des assistants d’éducation aux chefs d’établissement a constitué un réel progrès ; la globalisation des crédits accroîtra leur marge de manœuvre et rapprochera le mode de décision dans les établissements d’enseignement public de celui qui est mis en œuvre dans les établissements privés »

LA NEGOCIATION DE CET ETE AVEC LES SYNDICATS ENSEIGNANTS ET LES FEDERATIONS DE PARENTS D’ELEVES EST DEJA OUBLIEE !!!

L’objectif de nos ministres est bien de réduire de façon drastique les dépenses publiques pour l’éducation. Pour cela, ils veulent décentraliser jusqu’au local, gérer les écoles comme des entreprises, donc les mettre en concurrence, éliminer ce qui n’est pas rentable de leur point de vue. C’est à dire supprimer des options, des filières, des établissements, privatiser la restauration et l’entretien des établissements, et faire supporter par les familles des dépenses de plus en plus importantes et les transformer en clients. Ces réformes ont été déjà faites en Grande Bretagne, aux USA, en Nouvelle Zélande, etc … C’est ce que nous appelons la marchandisation de l’école.
Enfin, les répercussions du contexte économique et social à l’école ne sont même pas évoquées. La misère, la violence sociale vécue par des élèves de plus en plus nombreux ne peut pas être sans incidence dans l’école.

Avant le vote d’une énième réforme, les enseignants auraient souhaité faire un vrai bilan de ce qui marche et de ce qui ne marche pas dans notre système éducatif, pour tenir un débat sérieux, c’est-à dire ni un fourre-tout philosophique susceptible de justifier n’importe quelle mesure, ni un caricature de débat où les réponses sont connues d’avance.

Les enseignants sont pour un vrai débat pour améliorer encore le fonctionnement de notre école, d’assurer plus de réussite à vos enfants ; il n’y a pas d’autre but au métier d’enseignant, même si l’école ne peut pas résoudre tous les problèmes de la société.