Monsieur Le Recteur, Monsieur le Secrétaire Général, Mesdames, Messieurs.

Vous ouvrez solennellement, Monsieur Le Recteur, les FPMA et CAPA d’affectations. Cette étape importante dans la gestion des personnels enseignants, CPE et COPSy de l’Académie qui se situe à la charnière de deux années scolaires, ne pourrait être résumée à des changements d’affectation entre titulaires. Le mouvement Intra académique n’est en rien déconnecté des politiques budgétaires et éducatives du gouvernement, qui se résument au dogme présidentiel du non remplacement d’un fonctionnaire sur deux partants à la retraite : les suppressions de postes et un déficit de personnels que nous observons dans le mouvement, sont des marqueurs inquiétants pour la rentrée 2011.

Dans cet instant, alors que nous sommes réunis pour cette ouverture protocolaire, remarquons la force du paritarisme, qui est inhérent à la structure de l’État et de l’administration. Le statut général (titre 1, article 9) fonde la participation des fonctionnaires à la mise en œuvre de l’intérêt général, au fonctionnement du service public et à la gestion de leur carrière. Les CAP ne sont donc pas simplement consultatives mais obligatoires et doivent être préalablement consultées. Ce rappel ne nous paraît pas inutile et permet de réaffirmer que les élus du personnels ne sont en rien de simples intermédiaires qu’on pourrait écarter.

C’est pourtant dans cette logique que le ministère vous invite, Monsieur le Recteur, à divulguer aux candidats le projet de leur affectation. Deux ans après le lancement de cette opération de communication, dont l’enjeu majeur – il n’a échappé à personne – était l’affaiblissement du paritarisme, nous avons pour notre part mesuré combien nos collègues faisaient confiance à leurs représentants élus en les appelant plus que jamais à veiller au contrôle, à la transparence, à l’application des règles connues de tous, appliquées à tous pour garantir l’équité dans les affectations.

Les tensions engendrées par cette initiative regrettable se sont depuis apaisées et le travail paritaire demeure une réalité dans l’Académie de Rennes. Nous insistons par ailleurs sur la nécessité de donner aux élus les meilleures conditions pour assurer leur mandat. La réduction des jours de décharge octroyés pour travailler en amont de la FPMA n’est pas le signal que nous attendions.
Rappelons que si les FPMA se tiennent dans une durée record, là où d’autres académies siègent pendant une semaine, c’est bien l’effet d’un travail préparatoire pré-commission. Les fax, les mèls, les échanges téléphoniques avec les chefs de bureau de la DPE sont la partie cachée du travail de la FMPA. La FSU tient ici à remercier tous les collègues de la DPE et des DOS, soumis à une pression considérable dans cette période. Nous nous félicitons de la qualité des échanges avec chacun, de la rapidité des réponses apportées, de leur sens de l’écoute et surtout de la volonté de trouver la meilleure solution.

Du 13 au 20 octobre, les élections professionnelles seront un prochain temps fort de notre démocratie professionnelle. La FSU réaffirme son opposition à la mise en place du vote électronique, dans une situation d’impréparation inquiétante, comme le vote test l’a mis en évidence.
Ce mode de scrutin risque en effet d’affaiblir le taux de participation, le quorum n’étant par ailleurs plus une nécessité pour valider les résultats. Voudrait-on déconsidérer les représentants du personnel et remettre en cause leur légitimité qu’on ne s’y prendrait pas autrement.

Les représentants de la FSU ont fait entendre leurs remarques et leurs questionnements sur l’organisation de ce scrutin lors de la réunion au rectorat le 10 juin. Ils poursuivront en ce sens chaque fois qu’ils seront réunis dans les instances.
Nous vous appelons, Monsieur le Recteur, à prendre toutes les initiatives possibles pour favoriser la participation de nos collègues.

Dans le contexte de suppression massive d’emplois et d’agressions tous azimuts contre nos professions, aggravant nos conditions de service, d’emploi et de rémunération et touchant même au sens de nos métiers, l’expression des personnels lors des élections professionnelles prendra un sens particulier tant en direction du ministre qu’en direction des futurs candidats à l’élection présidentielle.

Nos collègues, loin d’être rétifs à tout changement, continuent d’exprimer leurs critiques et leur opposition à des réformes imposées brutalement. Réforme de la mastérisation, réforme du lycée, nouveaux programmes non concertés, transformation de la filière STI et des enseignements technologiques, livrets personnels de compétences, épreuve en histoire des arts, éducation prioritaire et programme CLAIR, suppression de la double évaluation des enseignants, labellisation des CIO... Des réformes qui ne passent pas et trouvent bien peu de collègues pour les défendre sur le terrain.

Assez de jeunes collègues éreintés, épuisés par leur entrée dans le métier, assez de collègues de STI remis en cause dans leur discipline de recrutement, assez de collègues qui passent des heures en réunion au collège pour savoir comment « cocher des cases », assez de TZR qui enchaînent sans répit les services les plus divers la plupart du temps sur plusieurs établissements à la fois, assez de COPsy remis en cause dans leur mission et sans le sou pour faire fonctionner les CIO.

Face à des réformes contestées par une majorité des personnels, la FSU défend un projet éducatif et budgétaire largement partagé par nos collègues. Les équipes pluri-profesionnelles réunissant en établissement les enseignants, le CPE, le COPsy, l’infirmière restent déterminées à faire du beau et du bon travail.

Porter les jeunes au meilleur niveau de qualification possible, tout en donnant à chacun d’entre eux les moyens pour devenir des citoyens libres de leurs choix, ouverts sur les cultures, l’humanisme, les technologies et les sciences, constitue le moteur quotidien de nos métiers. Dans notre Académie, l’engagement de tous au service de la réussite de tous les élèves est une réalité incontestable qui permet – par le sur-investissement de chacun – de contrebalancer les politiques scolaire et budgétaire de ce gouvernement. Mais pour combien de temps encore ?

Pour convaincre de la nécessité d’une politique ambitieuse de lutte contre l’échec scolaire et de démocratisation de l’accès aux qualifications, pour dénoncer les dégradations vécues par les personnels, exiger une revalorisation salariale et un plan immédiat de recrutement de titulaires, la FSU a fait le choix de l’unité syndicale en appelant, avec la CGT, le SGEN et l’UNSA, à une grève dans l’Éducation Nationale le 27 septembre.

Très récemment encore avec Solidaires et la CGT pour défendre les missions des COPsy auprès des élèves, la FSU continue à rassembler dans l’unité nos collègues.
Ce mouvement Intra-académique 2011 est comme l’an dernier marqué par des dizaines de postes pleins qui ne sont pas mis au mouvement car réservés aux stagiaires. À titre d’exemple chez les CPE en Ille et Vilaine, seulement deux nouveaux collègues accèdent au département alors que six établissements, dont cinq lycées très demandés sur le secteur de Rennes, sont réservés pour les stagiaires.

Nous revendiquons pour nos collègues entrant dans nos métiers un retour à un service à 6h devant élèves et une formation assurée par les IUFM. Monsieur le Recteur, il vous revient d’appliquer la circulaire de 2010 qui prévoit un tiers de l’ORS en formation.
Placer les stagiaires sur les moyens provisoires et permettre ainsi une décharge annuelle à hauteur de 6h par semaine serait déjà le minimum. Cet arbitrage, en plus d’avoir un effet immédiat sur la qualité du mouvement Intra-académique pour tous les titulaires, permettraient aux TZR d’être mieux satisfaits avec des postes à l’année en juillet, en évitant une suppléance d’un mois à la rentrée.

Le sort des collègues contractuels serait aussi moins aléatoire. Rappelons que plusieurs ont été écartés d’un contrat à l’année à la rentrée 2010 pour être prioritairement nommés pour deux mois dans l’établissement d’un stagiaire.
Vous pourriez surtout, Monsieur le Recteur, retrouver l’adhésion des équipes disciplinaires dans les établissements qui pour l’heure refusent de cautionner les nouvelles modalités de stage appliquées depuis la rentrée 2010.

Quoi qu’il en soit, nous nous permettons de souligner ici avec insistance la nécessité de la tenue d’un GT paritaire pour l’affectation des stagiaires. Certes la date envisagée du 23 juillet pose des problèmes à chacun, certes, le travail paritaire impose une préparation aux services, mais il nous apparaît incontournable. Non seulement parce que ce serait un précédent bien fâcheux que d’y renoncer mais surtout parce que ce travail paritaire peut permettre de trouver des solutions évitant bien des difficultés à la rentrée.

Le mouvement cette année est bien différent d’une discipline à l’autre. Pour certaines, les postes manquent et les collègues entrants ou en mesure de carte sont bien mal affectés. Surseoir aux fermetures de poste, ouvrir des ZR sont des alternatives qui relèveront, Monsieur le Recteur, de votre arbitrage.

Pour d’autres disciplines, ce sont les titulaires qui manquent. Par exemple, 13 postes restent vacants en EPS, 8 en documentation, 6 en éco gestion, 7 en SES, 4 en maths, 6 en orientation. Des secteurs géographiques sont plus touchés que d’autres, les vacances de postes dans les Côtes d’Armor sont alarmantes.

A l’échelle académique, nous expliquons ce phénomène par deux raisons majeures. La première est la multiplication des postes spécifiques qui plus que d’autres restent vacants. C’est pourquoi, nous demandons qu’un groupe de travail soit réuni sur la politique académique des SPEA. La seconde raison est un déficit de titulaires dans ces disciplines qui tend globalement à se creuser dans notre académie, constat pour le moins paradoxal au regard de l’attractivité de l’Académie de Rennes lors de la phase Inter-académique.

En plus de classes qui pourraient rester sans professeur à la rentrée, d’établissements sans CPE, de CIO sans COPsy, on mesure combien le remplacement court est mis en péril à la rentrée dans l’Académie.

Le rectorat compte-t-il organiser un « prof job dating » avec pôle Emploi dans cet amphi en septembre ? Ou peut-être faut-il compter sur les effets de la campagne publicitaire de M. Chatel ? Un « plan com » à 1,3 million d’euros pourrait-il faire oublier les 52 000 postes supprimés à l’Éducation nationale depuis 4 ans ?

L’ « escroquerie », dont la presse se fait l’écho cette semaine, sera plus criante encore le 5 septembre lorsque les familles découvriront les effectifs réels dans les classes, l’absence de profs devant leurs enfants.

Un récent sondage indiquait qu’une grande majorité de français juge l’état mauvais patron, rejette le principe du « un fonctionnaire sur deux non remplacé », et estime que l’on ne donne pas suffisamment à la Fonction Publique les moyens de bien fonctionner.

Partout en Europe, les plans de rigueur sont appliqués, avec leur lot de dégradations concrètes pour les citoyens, la casse des services publics et la paupérisation d’une partie de la population. En Grèce, Espagne, Portugal, Italie, les mobilisations populaires se sont généralisées comme elles avaient marqué l’automne dernier en France.

Monsieur le Recteur, nous vous souhaitons la bienvenue dans l’Académie de Rennes et bien du courage lorsque vous devrez convaincre l’opinion publique, très attachée à son école, que la rentrée 2011 est réussie dans le second degré avec 2 300 élèves de plus et 40 emplois de moins.