Réforme du collège : adresse au Ministre

Communiqué de presse

Des collègues réunis en conseil syndical le mai à rennes ont fait le bilan vécu de la réforme du collègue. Ils s’adressent au nouveau Ministre de l’Education Nationale

Une quarantaine de collègues représentant autant de collèges publics de l’académie de Rennes se sont retrouvés le mardi 16 mai pour échanger sur leur bilan de la réforme du collège. Après neuf mois de mise en œuvre, la fatigue et l’épuisement des collègues sont palpables. Scrupuleuses et consciencieuses pour leurs élèves, les équipes ont été amenées tout au long de l’année à se positionner sans cesse sur l’organisation et le contenu des enseignements (EPI et AP notamment), sur l’articulation de l’évaluation des élèves avec le nouveau Livret numérique (LSU) et avec la validation du nouveau socle commun, sur les modalités particulièrement embrouillées du nouveau DNB. Ce sont aussi quatre niveaux de nouveaux programmes disciplinaires qu’il a fallu s’approprier de la 6e à la 3e, pour une application sans véritable recul, parfois du jour au lendemain, dans des classes toujours autant chargées, sans davantage de dédoublement ni de co-intervention. Au delà des mesures revendiquées pour une autre réforme du collège, les collègues ont suggéré plusieurs idées pour corriger dès la rentrée, parfois à moindre coût, les effets les plus négatifs de cette réforme :

  • L’accompagnement personnalisé doit être assuré par un enseignant de la classe pour être en mesure de répondre aux besoins des élèves. L’organisation du groupe doit donc être à la main de l’enseignant.
  • Les projets, interdisciplinaires ou non, doivent survivre aux EPI qui risquent d’éteindre toutes les initiatives des équipes. Il faut veiller à donner du sens aux EPI et refuser ceux qui ne visent pas à travailler des savoirs. Garder des traces des activités peut aussi être préférable à l’objectif d’une production finale.
  • Dégager du temps pour faire vivre les collectifs de travail est essentiel : des espaces de concertation et toute modalité de co-intervention doivent être reconnus et pris en compte dans les services.
  • Latin, Langues régionales : ces disciplines doivent retrouver leur financement propre dans la DGH sans subir de concurrence. L’autonomie de l’établissement ne peut pas conduire à supprimer des disciplines.
  • Les bulletins trimestriels doivent être normés et compréhensibles pour les familles afin de faciliter le dialogue. Toute information inutile doit être retirée.
  • La validation du socle en fin de troisième doit se faire en conformité avec les textes réglementaires dans une approche globale des différents domaines. Tout recours à des logiciels privés et prescriptifs qui segmentent les domaines en micro-compétences doit être exclu.
  • Les modalités du nouveau DNB doivent être redéfinies pour dégager clairement ce qui relève des épreuves terminales communes, du contrôle continu et de la validation du socle.
  • Le recours au numérique pour faciliter les apprentissages doit s’accompagner d’équipements et de connexion à la hauteur des besoins pour généraliser les pratiques.
  • Organisation des EPI ou de l’AP, modalités de l’ évaluation des élèves... les chefs d’établissements doivent suivre l’avis des équipes pour leur mise en œuvre. Les enseignants ont l’expertise professionnelle acquise au contact des élèves dans la classe : ils demandent à être écoutés.

Il appartient maintenant au nouveau Ministre Blanquer d’entendre les personnels. La rentrée 2017 doit être l’occasion de remettre à plat la réforme du collège, à tout le moins de l’aménager dans un premier temps. Des annonces qui se limiteraient au latin et aux classes bilangues ou européennes seraient accueillies sans enthousiasme par les personnels car leur financement serait fonction des marges d’autonomie dans les établissements. Il faut au contraire agir sur ce qui entrave l’activité des enseignants en réduisant l’autonomie de gestion du chef d’établissement et le poids de la bureaucratie managériale.