Alors que les médias communiquent largement en cette rentrée de novembre sur le dispositif "devoirs faits" dans les collèges, on constate que ce dispositif se met en place de manière très différente d’un établissement à l’autre. Le recrutement de services civiques prévus pour encadrer les élèves n’a pas été à la hauteur des attentes du rectorat. Des financements en HSE arrivent dans les établissements pour rémunérer des enseignants volontaires.
Annoncé en mai dernier, le dispositif "devoirs faits" n’a fait l’objet d’aucune concertation. Cette idée pouvait paraître de bon sens. Mais le vademecum publié par le ministère à l’occasion de la conférence de presse de rentrée du ministre, et diffusé aux chefs d’établissement, a un désagréable côté prescriptif.
Après la réforme du collège, après les pressions sur l’évaluation avec le LSU, "devoirs faits" est un nouveau levier de mise au pas pédagogique. Voici deux extraits du vademecum particulièrement préoccupants :
« Les objectifs des devoirs donnés par chaque professeur doivent être clairement affichés pour l’intervenant Devoirs faits. Cela suppose une formalisation minimale des échanges entre le professeur prescripteur et celui qui supervise l’accompagnement des élèves. Il est tout à fait envisageable que des enseignants de même niveau et matière proposent des exercices où la compétence principalement travaillée est commune et a fait l’objet d’activités semblables en classe. »
« Il est nécessaire de prévoir un lien explicite entre Devoirs faits et les évaluations permettant de positionner les élèves sur un niveau de maîtrise d’un savoir ou d’une compétence : le programme est au service de la progression des élèves ».
La mise en place de "devoirs faits" ne doit pas être l’occasion d’injonctions de la part du chef d’établissement ou des corps d’inspection pour restreindre notre liberté pédagogique. Rien n’oblige les enseignants à participer à ce dispositif. La prescription des devoirs relève de notre liberté pédagogique.
Attention d’autre part à ce que ce dispositif ne mette pas les vies scolaires en tension.
Faites nous remonter la manière dont tout cela se met en place dans votre collège et faites nous part des difficultés rencontrées. snes.35@wanadoo.fr
Pour le SNES-FSU, l’aide aux élèves doit se faire avant tout, dans la classe, par les enseignants. Cela nécessite des effectifs raisonnables ( 24 élèves par classe en collège, 20 en éducation prioritaire), ainsi que des moyens permettant d’organiser dans toutes les disciplines du travail en groupes à effectif réduit. Si des heures d’aide doivent être prévues, au delà des heures dans les disciplines, alors elles doivent concerner tous les niveaux et être encadrées par des enseignants sur leur temps de service.
La suppression des déductions d’impôts consenties par l’État aux familles faisant appel aux officines privées permettrait de rendre ces moyens à l’Éducation nationale au bénéfice du plus grand nombre.
Quelques liens pour approfondir la réflexion sur le sujet :
Pourquoi « devoirs faits » n’est peut-être pas la solution ?
Analyse du vadémécum « devoirs faits »https://www.snes.edu/Vademecum-Devoirs-faits.html