3 avril 2024

Mixité scolaire en Bretagne

La mixité sociale dans les lycées bretons

L’analyse de la composition sociale des lycées de l’académie fait apparaître une double fracture : LGT/LP et Public/Privé.

Pour les lycées, l’analyse de la composition sociale des établissements de l’académie fait apparaître une double fracture : entre les élèves scolarisés en voie générale et technologique (GT) et ceux scolarisés en voie professionnelle d’une part, et entre les élèves scolarisés dans le public et ceux scolarisés dans le privé d’autre part.

Le grand écart social
Dans l’académie, comme au niveau national, c’est la voie professionnelle qui accueille le plus d’élèves défavorisés socialement.
Si l’IPS moyen des lycées accueillant des élèves de voie générale et technologique est de 117.7 dans l’académie de Rennes , il est de 96.9 pour les lycées accueillant les élèves de voie professionnelle, soit 20 points de moins. L’ensemble des lycées professionnels et la majorité des lycées polyvalents de l’académie font ainsi partie de la moitié des lycées les moins favorisés de l’académie alors que ce n’est le cas que de 15% des lycées généraux et technologiques. Inversement donc 85% des lycées généraux et technologiques de l’académie appartiennent à la moitié la plus favorisée des établissements.

Le privé renforce la fracture sociale
Cette fracture sociale et scolaire qui se donne à voir dans la composition sociale des lycées de l’académie se double d’une fracture public-privé qui prolonge celle mise en évidence au collège. Comme pour les collèges de l’académie, les établissements privés sont surreprésentés dans les lycées les plus favorisés de l’académie, que ce soit en voie générale et technologique ou en voie professionnelle. L’écart apparaît cependant plus marqué encore en voie pro qu’en voie GT : l’IPS moyen des lycées professionnels ou des sections professionnelles des lycées polyvalents privés est supérieur de 10 points à celui des lycées publics, alors que l’écart n’est « que » de 5 points pour les lycées ou les sections générales et technologiques. Au final, dans l’académie, 90% des lycées publics accueillant des élèves de voie pro ont un IPS inférieur à 100, alors que ce n’est le cas que d’un tiers des lycées privés. Dans la moitié la plus défavorisée des lycées qui accueillent des élèves de voie professionnelle, on ne compte que 2 lycées privés dans l’académie, alors que dans la moitié la plus favorisée on compte près de 80% des lycées professionnels ou polyvalents privés. Cette dichotomie interroge fortement la carte de formation des lycées professionnels et les politiques de tri social opérées par l’enseignement privé dans l’académie.

IPS Lycées graphique interactif
(cliquez sur le graphique pour retrouver un lycée donné)

Du côté de la voie générale et technologique, les lycées privés se caractérisent, de la même façon qu’au collège, par une mixité sociale beaucoup plus faible que dans le public. Alors que l’écart-type moyen de l’IPS des lycées accueillant des élèves de voie générale et technologique est de 32.9 dans le public, il est de 28 dans le privé. L’écart apparait moins marqué pour les lycées accueillant des élèves de voie professionnelle. La comparaison avec les données nationales montre, là encore, que la plus forte implantation du privé dans l’académie n’amène pas à une mixité sociale beaucoup plus grande dans le secteur privé.

Au final dans l’académie, parmi lycées accueillant des élèves de voie générale et technologique, plus de 90% des lycées les plus mixtes socialement sont publics, alors qu’à l’inverse 87% des lycées les moins mixtes socialement sont privés.
lycées et typologie des communes
(cliquez sur le graphique pour retrouvez un lycée donné)

Kévin Hédé

Typologie des lycées de l’académie par Joël Mariteau
Méthodologie : Une analyse bivariée de l’IPS et de l’écart-type des établissements de
l’académie permet de les classer selon une échelle croisée et de dresser une ébauche de typologie. L’intérêt de la démarche est de tenter de caractériser les établissements selon leur contexte socio-économique et culturel (défini par l’IPS, voir article IPS, de quoi parle-t-on) et de les classer afin de faciliter les comparaisons. Toutefois, les types et le classement ne doivent pas être surinterprétés. Ils nécessitent une analyse plus fine, questionnant d’autres sources (contexte géographique…) ainsi que les observations que peuvent réaliser les collègues sur le terrain.

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