1er février 2022

Sections départementales

Les Maths, c’est pas pour les filles...

La France est un des pays les plus mal classés au niveau de l’enseignement des mathématiques, les filières universitaires scientifiques sont en recul, la part des dépenses de recherche et développement stagne très en dessous des 3% du PIB (considérés comme la norme à atteindre), les efforts de l’Etat dans ces domaines sont pire que médiocres. Pourtant l’avenir économique de la France est en jeu. La réforme Blanquer du lycée et du bac a largement aggravé une situation inquiétante, en provoquant un effondrement de la pratique des maths en première et terminale, une désaffection qui touche notamment les filles.

Le nombre d’heures enseignées en maths en LGT est passé de 183 870 en 2018/19 à 150 330 en 2020/21... Près de 90% des lycéens recevaient un enseignement de mathématiques jusqu’au bac, aujourd’hui ils ne sont guère plus de la moitié. La spécialité maths est abandonnée par 40% des élèves à l’entrée en terminale, et seuls 37% des lycéens la pratique (contre 64% en première).
La réticence des élèves face aux maths concerne en premier lieu les filles  : ainsi avant la réforme, dans l’ensemble des terminales LGT, 44% des filles étaient en filière S – contre 62% des garçons, elles ne sont plus que 25% à suivre la spécialité maths 6 heures – contre 50% des garçons, le gap s’est donc accru. Près de la moitié des filles ne suivent plus aucun enseignement de mathématiques.

Alors que la part des filles en terminale S progressait régulièrement depuis 1994 (soit 48,4% des élèves de la filière S), cette part dans l’enseignement de spécialité mathématiques en terminale est redescendu au-dessous du niveau de 1994 (soit 38,6% des élèves), chutant de près de dix points après deux ans de mise en place de la réforme. Les spécialistes soulignent qu’on a perdu en 2 ans tous les efforts accomplis en 25 ans pour encourager les filles à se diriger vers les disciplines scientifiques. Inhibition et autocensure ont repris corps dans les stratégies scolaires des jeunes filles avec la ’’complicité’’ de l’institution qui force à faire des choix trop tôt en fin de seconde. Car « les psychosociologues soulignent bien que plus les choix d’orientation interviennent tôt, plus ils sont stéréotypés. C’est moins vrai quand on a gagné en maturité. Or, dans l’imaginaire collectif, les maths sont une discipline masculine.  » (Véronique Slovacek-Chauveau, association ’’Femmes et Maths’’).

Au total, La réforme du lycée aura considérablement aggravé les inégalités filles/garçons dans la formation mathématique en filière générale. « Les conséquences de cette rupture sont désastreuses, tant pour l’avenir des filles que pour la formation en mathématiques de l’ensemble des citoyennes et citoyens  », estiment les associations professionnelles dans un récent rapport d’alerte. Les filles se ferment les portes des études scientifiques qui mènent à des emplois rémunérateurs et à des carrières valorisées, et à des spécialités plus que nécessaires dans la situation de défis environnementaux, climatiques, énergétiques et dans une société de plus en plus numérisée... Elles sont à nouveau poussées vers les formations littéraires et sociales, renouant avec les stéréotypes classiques. L’égalité Femmes/Hommes dans le monde du travail risque d’être sérieusement entravée dans la génération qui vient.