Notre ministre aime soigner son image, se valoriser à tout propos et embellir les réalités : ainsi dans son dernier opus « Ecole Ouverte » (Gallimard)... Il présente en termes laudateurs sa propre action durant la pandémie où il n’aurait cessé « de rechercher la souplesse, la flexibilité », avec « l’obsession pour moi de garder la maison debout ». Fier de lui : « Je voyais que nous avions sauvé les enfants de France d’un naufrage dramatique par-delà toutes les vicissitudes et les manques ». Lyrique, il sait rendre hommage à son président : « Il fait nuit depuis longtemps. Il plonge ses yeux dans les miens comme il le fait à chaque fois qu’il veut absolument convaincre. Et nous nous quittons comme un officier quitte le chef de l’armée qu’il sert ».

Pourtant le bilan apologique qu’il étale est loin d’être exact, M. Blanquer sait réécrire l’histoire. Les statistiques de son propre ministère (la DEPP), de l’INSEE, de l’OCDE, l’enquête d’inspecteurs généraux (publiée dans la revue ’’Administration & éducation’’) contredisent néanmoins son beau récit.

-* Il nous dit que la France a été le pays le mieux préparé face à l’épidémie  : c’est faux du fait notamment du manque de formation des enseignants aux pratiques numériques, du manque de ressources pédagogiques notamment adaptées aux smartphones, l’absence de moyens spécifiques pour les élèves allophones ou défavorisé.e.s. Sans oublier le nombre plus élevé qu’ailleurs d’élèves par classe, sans aucun effort fait durant la crise sanitaire. Ni oublier l’absence de mesures sanitaires (détecteurs CO2, aérateurs, masques, tests...).

-* Il nous dit que la France est le pays qui a maintenu le plus son école ouverte : dans les faits elle n’est que le 5e pays (derrière l’Allemagne par exemple).

-* Il vante le maintien du niveau scolaire des élèves  : or on constate l’augmentation des écarts entre les élèves de l’éducation prioritaire et les autres.

-* Il assure une couverture vaccinale des enseignants supérieure  : mais la France n’est que le 19e pays sur 30 répertoriés, sachant que, volonté du ministre, les enseignants n’ont bien sûr jamais été prioritaires.

-* Il assure de sa préoccupation budgétaire  : pourtant la dépense d’éducation est passée de 6,8% du PIB en 2017 à 6,6% en 2019 (soit 4,85 Mds € de moins par an). La dépense publique consacrée à l’éducation représente 7,8% du budget contre 9,8% en moyenne dans les pays OCDE. Les taux d’encadrement des élèves sont très inférieurs à ceux des pays voisins sans parler des salaires des personnels, alors que les promesses de revalorisation frisent le ridicule.

-* Il vante son projet d’École ’’ouverte’’, mais ne dit pas que la majorité des enseignants et leurs syndicats sont opposés à sa philosophie appuyée sur la ’’personnalisation des parcours’’, la ’’prise en compte du mérite’’, et sur une ’’nouvelle gouvernance dans les écoles et les établissements’’ (accroissement du pouvoir des directeurs et chefs d’établissement, recrutement local des enseignants, essor des non titulaires et affaiblissement du rôle du statut...) – à ce titre Marseille devrait servir de terrain d’essai...