Une nouvelle fois la presse s’amuse à renvoyer dos à dos chiffres « officiels » et syndicaux de manifestants et de grévistes. Or les chiffres donnés par l’administration sont faux.
Le ministère dispose pourtant d’un logiciel rationnel pour compter les grévistes (l’application Mosart), qui permet aux services financiers d’opérer les retraits sur salaires — on peut à coup sûr faire confiance à l’Etat pour ne pas faire cadeau des journées de grève. Or ce n’est pas ce calcul qui est publié dans la presse : le ministère compte les grévistes entre 8H et 9H le matin, rapporté à l’ensemble des personnels attendus dans la journée, chiffre forcément biaisé et largement sous-estimé. Laurent Frajerman (chercheur à Paris 1 et à l’Institut de recherches de la FSU) a établi qu’il faut multiplier par 1,8 le taux officiel du ministère pour avoir le taux exact (sans démenti du dit ministère).
L’administration a les moyens de donner des chiffres exacts dans un délai de quelques jours (le temps de la remontée des données), mais elle ne le fait pas et joue l’opacité. Même les chercheurs, comme L. Frajerman, doivent recourir à la CADA (Commission d’accès aux documents administratifs) pour obtenir les données de base de leurs travaux.
Nos gouvernants préfèrent la polémique et la déconsidération des organisations syndicales pour minimiser la parole et l’opinion des personnels. Comme en multiples domaines, ils méprisent les citoyens et le débat démocratique. Raison pour laquelle, il nous faut plus que jamais combattre ces formes « jupitériennes » de gestion de la société.