Les flux trop rapides d’informations contradictoires rendent la population incapable de les analyser rationnellement. N’importe quel avis pèse d’autant plus lourd qu’il est relayé par les médias et les réseaux sociaux, qu’il repose sur des faits réels ou non. Dans ce brouillard qui s’épaissit à mesure que l’extrême droite monte, c’est la rigueur scientifique qui se perd. Comment pourrait-on éclairer nos élèves dans ces conditions ?

Depuis quelques années, nous pouvons observer la montée en puissance de fausses informations, à mesure que les réseaux sociaux les diffusent. Lutter contre celles-ci devient de plus en plus difficile. De nombreux journaux se sont munis d’équipes de « fact-checking », comme le Monde avec « les Décodeurs » et Libération avec « Check News ». Cependant, ces initiatives atteignent difficilement la population, noyée par le flux immense d’informations. Les démagogues sensationnalistes, avec l’aide de médias sous leur coupe, inondent la population d’absurdités multiples. Celle-ci finit par y croire, faute d’avoir le temps de les digérer.

Nier des faits réels est de plus en plus banalisé dans la sphère médiatique. La frontière entre le vrai et le faux n’est plus visible. Une opinion et un fait sont traités de manière égale. Les liens de causalité n’ont plus de sens.
C’est ainsi qu’on peut entendre à Blendecques, gravement inondée plusieurs fois cet hiver : « Dans le quartier, tout le monde est en colère contre ces écolos qui préfèrent sauver les grenouilles plutôt que les maisons en interdisant les curages pendant les périodes de reproduction. » Les écologistes auraient-ils invoqué la pluie ? Cette chasse aux sorcières contre les militants écologistes provient des discours de campagne anti-écologie lors des européennes. Au point de nier la réalité scientifique climatique. C’est ainsi qu’à Blendecques la très grande majorité a voté pour l’extrême droite aux européennes.

Le RN veut même laisser les médecins le libre recours à des pratiques médicales non validées par la Haute Autorité de santé. Les croyances pourraient servir pour prescrire des traitements au même titre que la science.
À très juste titre, les chercheurs s’inquiètent de l’arrivée du RN, sur fond de fausses informations et d’obscurantisme.
Certains analystes parlent même d’une « ère de post-vérité ». La majorité présidentielle fait-elle mieux ? Non : on se rappelle de la pandémie de Covid 19, et des masques, tantôt inutiles, tantôt obligatoires, d’après le gouvernement.

C’est la crédibilité de la science même qui s’effondre ! Je suis militant du SNES-FSU, mais je souhaite lancer cette alerte en tant qu’enseignant de physique-chimie :

Nous, enseignants de sciences physiques, chimiques, de la vie, de la Terre, ou de sciences humaines, nous appliquons avec rigueur une méthode scientifique bien réfléchie et en perpétuelle évolution. Nous sommes capables de reconnaître les incertitudes de mesure et les limites d’un modèle. Nous savons ce que nous ne savons pas et n’inventons pas des faits pour palier un doute scientifique légitime. À nos élèves, nous transmettons cette rigueur, cette honnêteté scientifique et nous leur enseignons des savoirs établis par une large communauté scientifique internationale.

Mensonges et faux procès prolifèrent en ces temps politiques incertains. Nous ne pouvons pas laisser l’obscurantisme de l’extrême droite envahir l’esprit de nos élèves. L’esprit critique est le flambeau avec lequel nous éclairons nos élèves. La science est notre passion, et nous devons faire front pour la défendre !