Grève sanitaire du 10/11/2020 - Contexte local

Nous, personnels grévistes du collège Les Hautes Ourmes, nous sommes retrouvés pour travailler ensemble un jour où nous étions en grève, gage de notre engagement plein et entier au service des élèves, du fonctionnement de notre établissement, du service public d’éducation. Les membres du personnel présents lors de l’heure d’information syndicale du 12/11/2020 se sont associés à nos revendications.
Rappelons que nous ne souhaitons pas attiser de tensions internes, nous n’en avons nul besoin, que nous estimons tous faire face aux mêmes difficultés, même si certains points fonctionnent bien.
Toutefois, nous ne pouvons nous résigner, sans rien dire, à toujours compenser sur le terrain les manquements de l’État en terme d’anticipation et de mise à disposition de moyens à la hauteur de la crise traversée, ainsi que de l’enjeu d’éducation. Ce n’est pas le problème de l’École, c’est une question de société.
Ainsi, les questions suivantes ont animé notre réflexion :
Comment faire pour répondre aux injonctions d’un enseignement pour TOUS, avec un protocole sanitaire qui se veut strict, dans un contexte Vigipirate ? Autrement dit tout est interdit mais tout doit être possible quand il s’agit de contraintes économiques qui imposent de « garder » les enfants, dans le mépris des élèves et des adultes qui les encadrent…
Comment limiter le brassage et favoriser la distanciation physique, sans adapter les emplois du temps, sans alléger les groupes en présentiel, sans décaler les horaires ?
Comment travailler en toute sécurité sanitaire dans un lieu où se retrouvent 700 personnes, sachant qu’à l’extérieur il y a confinement, que les rassemblements sont interdits et ne doivent pas dépasser 6 personnes ? Où est la cohérence ?

Cahier de revendications des personnels du collège des Hautes-Ourmes

Faute d’un temps de concertation conséquent, d’écoute et de cohérence dans la mise en œuvre d’un protocole sanitaire légitime, nous sommes contraints d’user de la grève pour revendiquer nos droits élémentaires.
Nous demandons urgemment :
Les mêmes exigences sanitaires au sein de l’Education Nationale, que dans le reste de la société.
Plus de confiance en nos compétences professionnelles pour adapter et décliner le protocole sanitaire national en fonction des singularités et des besoins de chaque établissement dans l’intérêt des élèves (puisqu’il semble laisser cette marge de manœuvre), alors qu’une gestion administrative « hors sol » ne le prend pas en considération.
Une journée banalisée pour permettre à la communauté éducative de s’organiser afin d’envisager de nouvelles modalités d’enseignement et d’accueil dès que la situation et les règles sanitaires évoluent (alternance, distanciel, allègement voire dédoublement des groupes/classes, aménagement des emplois du temps, ouverture de la cantine, récréations décalées, etc).
La mise en place d’une réelle médecine du travail (campagne de dépistage préventif des personnels par des professionnels de santé recrutés à cet effet, espace spécifique, etc).
Des moyens humains (notamment agents et surveillants), budgétaires (en dehors des crédits pédagogiques) et matériels (produits et protections) dédiés à la gestion de crise Covid, pour accompagner qualitativement la mise en œuvre du protocole.
Des masques gratuits et adaptés pour tous les élèves (a fortiori en REP+ avec 63 % de boursiers) et personnels (notamment des masques FFP2 pour les personnes vulnérables). Cette demande a déjà fait l’objet d’un courrier au Recteur et au DASEN en septembre 2020, resté sans réponse à ce jour.
Une aide matérielle et/ou financière pour équiper les élèves qui sont dans la précarité en zone d’éducation prioritaire. La fracture numérique existe, amplifiant les inégalités et la reproduction sociale.
La priorité aux remplacements des personnels absents ou à risque. Ainsi qu’un plan d’embauche et de formation massif pour anticiper les crises futures.
L’indemnité évoquée pour reconnaître l’investissement et le travail réalisé par les enseignants durant le premier confinement, ainsi qu’une prise en charge pour l’utilisation du matériel personnel (téléphone pour conserver le lien avec les familles, matériel informatique, cartouches d’encre, forfaits internet, etc).
En conclusion, pour une gestion humaine et bienveillante de toute la communauté éducative, il est indispensable de mettre en place des temps de concertation réguliers, animés par l’équipe de direction, afin d’atteindre nos objectifs pédagogiques dans ce contexte si particulier.
A ce titre nous demandons de banaliser officiellement une journée d’ici le 20 novembre, pour ne pas avoir à nous remettre en grève afin de travailler conjointement et se laisser le temps de la réflexion.

Les personnels grévistes du collège Les Hautes Ourmes, Rennes, le 10/11/2020