Construire le rapport de force

Le budget a finalement été adopté le 5 février dans un calendrier et un contexte inédit. La réussite de la journée d’action et de grève du 5 décembre a contraint, à la suite de la chute du gouvernement Barnier, le nouveau premier ministre à faire des concessions qui restent très insuffisantes. Mais l’ajout de deux jours de carences pour les fonctionnaires et les 4 000 suppressions de postes prévues dans la version initiale ont été écartées. Ce premier recul doit en appeler d’autres et surtout se traduire par un changement de cap dans l’Éducation nationale.
La nomination d’Élisabeth Borne, fidèle de la première heure d’Emmanuel Macron, suscite légitimement la méfiance. Mais il s’agit aussi d’une ministre qui dispose d’un poids politique et de marges de manœuvre que n’avaient pas Anne Genetet ou Nicole Belloubet… Le SNES-FSU, appuyé par la profession, devra construire un rapport de force qui lui permette de peser sur les arbitrages, comme cela a pu être le cas lors du CSE précédant la publication des programmes d’EVARS. Le SNES-FSU a également obtenu l’abandon du « DNB couperet » qui aurait fermé l’accès aux lycée généraux technologiques et professionnels à des centaines de milliers d’élèves à l’échelle nationale. Les « groupes de niveau » ne seront pas généralisés en quatrième et Troisième et, si l’administration continue à vouloir appliquer la réforme en Sixième et Cinquième malgré l’abrogation des textes par le conseil d’État, la bataille contre le « choc des savoirs » se poursuit pour en obtenir l’abandon complet.
Mais si on observe quelques avancées sur certains dossiers, d’autres problèmes apparaissent : la suspension en attente de budget du recrutement de nouveaux contractuels a conduit à mettre la pression sur les services des TZR, le gel de la part collective du « pass culture » met en difficulté les projets culturels, les annonces sur le temps de travail et l’Intelligence Artificielle imposent une vigilance… Tandis que les dossiers essentiels (retraites, salaires…) restent en suspens : la bataille sur la réforme des retraites est réouverte avec les travaux du « conclave », et la question de la revalorisation des salaires doit revenir sur la table. A tous les niveaux, le SNES-FSU agit pour informer les collègues et mobiliser la profession !

MATTHIEU MAHÉO
Secrétaire général du SNES‐FSU Bretagne
Rennes, lundi 10 février 2025


Edito du SNES Bretagne n°170