Edito par Matthieu Mahéo, secrétaire général du SNES-FSU Bretagne
La cohésion sociale passe par une lutte sans relâche contre toute forme de ségrégation scolaire.
La cohésion sociale passe par une lutte sans relâche contre toute forme de ségrégation scolaire.
La Bretagne, du fait de son histoire, est une académie particulière. Elle possède un réseau très dense d’établissements mais celui-ci est partagé entre le réseau public et le réseau privé sous contrat. Cette distribution est souvent présentée comme un facteur d’attractivité, voire une explication de ses taux de réussite toujours en tête des moyennes nationales pour l’ensemble des diplômes. Il s’agirait là, pour les autorités académiques comme pour les nombreux élus qui mettent en avant la « complémentarité des réseaux », d’une donnée intangible qui ne pourrait évoluer qu’à la marge. L’ouverture d’un lycée public à Ploërmel à la rentrée 2023 a marqué l’aboutissement d’un combat de 50 ans.
Mais, cette complémentarité est un leurre car la France est le seul pays au monde à entretenir une concurrence faussée entre deux réseaux financés par de l’argent public -à hauteur de 76,8% pour les établissements privés- sans que ceux-ci soient soumis aux mêmes obligations. En effet, la possibilité de choisir ses élèves sans tenir compte des contraintes de la carte scolaire qui s’applique au réseau public, conduit les établissements privés à sélectionner les élèves et à appliquer un véritable tri social. Les responsables de la direction diocésaine qui pilote les collèges et lycées privés s’en défendaient et prétendaient « prendre leur part », mais la publication des IPS – suite à une décision du tribunal administratif – a montré que ce n’était pas le cas. Au contraire même, la situation s’est dégradée et la polarisation s’est accentuée. Les élèves des familles « très favorisées » qui constituaient 26,4% des effectifs des établissements privés en 2000 en représentent désormais 40,2% aujourd’hui, la part des élèves boursiers étant deux fois moins importantes dans le privé que dans le public.
Cet état de fait constitue une situation avérée de ségrégation scolaire de plus en plus insupportable par les conséquences qu’elle a sur l’ensemble du système scolaire et au-delà sur la cohésion sociale. Depuis un an les prises de positions se multiplient, dans la presse ou ailleurs, pour que les règles évoluent. La Cour des comptes elle-même s’est émue dans un rapport de juin 2023 des moyens octroyés aux établissements privés et de l’absence de contrôle exercé par l’Etat.
Le SNES-FSU s’est toujours employé et continuera à défendre la démocratisation scolaire, cette publication constitue une nouvelle étape dans le combat pour l’école publique en Bretagne.