En accordant davantage de place aux stages en entreprise, au détriment des apprentissages scolaires, la réforme du lycée professionnel menace d’accroître les inégalités scolaires et sociales.
Alors que les lycées professionnels accueillent, dans l’académie comme au niveau national, des populations moins favorisées scolairement et socialement, tout particulièrement dans le secteur public, les réformes engagées de la voie professionnelle portent le risque d’une augmentation des inégalités entre établissements et entre formations.
Les fragilités sociales et scolaires des élèves scolarisés en voie professionnelle nécessiteraient d’assurer une formation scolaire exigeante, qui continue d’accorder de l’importance à des savoirs et savoir-faire généraux et professionnels solides et équilibrés. La réforme annoncée, prolongeant celle mise en place en 2018, va pourtant en sens inverse. En augmentant les périodes de stage en entreprise, en soumettant les cartes de formation à une logique de bassin d’emploi local et à une vision court-termiste et adéquationniste des études, elle risque de réduire les possibilités de poursuite d’étude et d’accès à l’emploi des jeunes.
D’autre part, en faisant dépendre la mise en place des dispositifs pédagogiques (heures à effectif réduit, ouverture d’option, enseignements en certificats de spécialisation) de l’adhésion au Pacte des personnels du lycée professionnel, la réforme conduit à renforcer les inégalités entre établissements, dans un contexte où le secteur privé aura beau jeu de faire jouer son autonomie pour concurrencer le secteur public.
La FSU continuera de dénoncer et de combattre cette réforme des lycées professionnels qui traduit une vision étriquée et profondément réactionnaire de la formation professionnelle. Elle continuera de se battre pour une vision du second degré qui propose une véritable articulation entre l’ensemble des voies de formation, dans une optique égalisatrice et émancipatrice.
Kévin Hédé, Solenne Ogier
Carte de l’IPS des lycées professionnels en Bretagne
Elle laisse apparaître d’importantes disparités entre les établissements selon le secteur géographique (urbain/rural/proximité d’un espace métropolitain), le réseau de l’établissement (public ou privé dont les IPS sont généralement plus élevés) ou le profil des formations proposées... Les observations générales (voir article IPS en LGT) sont ici exacerbées.
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