28 mars 2024

Mixité scolaire en Bretagne

La mixité sociale au collège en Bretagne

La publication des IPS des collèges pour 2022 permet d’étudier et de comparer la composition sociale des collèges de l’académie.

La publication et la mise à jour récente par le ministère de l’éducation nationale des IPS des collèges pour 2022 permet d’étudier et de comparer la composition sociale des collèges de l’académie. Ces données font de nouveau apparaître clairement, en Bretagne comme au niveau national, les différences de composition sociale entre secteur public et privé et le rôle que joue ce dernier dans la ségrégation sociale et scolaire des établissements bretons.

Comme nous l’avions déjà montré dans une publication précédente (voir Snes Bretagne n°159) les établissements privés sont surreprésentés dans les collèges les plus favorisés de l’académie, alors que les collèges les plus défavorisés sont quasiment tous dans le secteur public. Ainsi, parmi les 10% des établissements les plus favorisés de l’académie, les trois-quarts sont privés, alors que parmi les 10% des collèges les plus défavorisés de l’académie seuls 2 sont privés.

Surtout, les données mises à jour par le ministère permettent maintenant d’étudier le niveau d’hétérogénéité sociale des établissements (à travers l’écart-type de l’IPS). Et là encore le niveau de mixité sociale dans les collèges privés apparaît, dans l’académie comme au niveau national, bien inférieur à celle des collèges publics. Ainsi, parmi la moitié des collèges les moins mixtes socialement de l’académie 75% sont privés, alors que parmi la moitié des collèges les plus mixtes socialement 86% sont publics.
En Bretagne comme en France c’est donc bien le secteur public qui porte l’exigence de mixité sociale !

IPS collèges gaphique interactif
(cliquez sur le graphique pour retrouver votre collège)

Mise à jour Juin 2024 avec les données des IPS pour 2023-2024

IPS collèges gaphique interactif (cliquez sur le graphique pour retrouver votre collège)
Le niveau moyen de mixité sociale des collèges privés et publics est globalement le même en Bretagne que au niveau national , ce qui tend à montrer que, contrairement à ce que l’on entend parfois, ce n’est pas parce que le réseau privé serait plus étendu en Bretagne qu’il serait plus ouvert à la mixité sociale. Certes c’est dans l’académie de Rennes que l’on compte le plus de collèges privés accueillant des populations moins favorisées socialement (alors que les collèges privés de l’académie représentent 10,4% des collèges privés français, ils représentent 16% des collèges privés ayant un IPS inférieur à 100). Pour autant dans l’académie seuls 6,2% des collégiens du privé sont scolarisés dans un collège dont l’IPS est inférieur à 100, contre 29% des élèves du public.

Des différences marquées selon le type de commune
La différence de composition entre le secteur privé et le secteur public est plus ou moins marquée selon le type de commune.

Cette différence de composition entre le secteur privé et le secteur public est cependant plus ou moins marquée selon le type de commune. Ainsi la différence de composition sociale des collèges publics et privés est relativement faible dans les communes rurales, les bourgs et les petites villes (même si à chaque fois les collèges privés s’avèrent quand même moins mixte socialement que les établissements publics). A l’inverse plus la commune est urbaine et densément peuplée, plus l’écart de composition entre le secteur public et le secteur privé augmente. Ainsi dans les grandes agglomérations de l’Académie (Rennes, Brest, Quimper, Lorient, Saint-Brieuc, Vannes), on observe un écart de près de 20 points entre l’IPS moyen des collèges publics et des collèges privés.

Au final, en dépit des vœux pieux dont peuvent se bercer certains responsables académiques et nationaux, le privé en Bretagne, comme en France, reste un frein au développement d’un service public de l’éducation plus égalitaire et démocratique.

Le cas des collèges exclus de l’éducation prioritaire
Les IPS publiés par le ministère mettent aussi en lumière les ambiguïtés de la carte de l’éducation prioritaire. Alors que seul un collège public de l’académie est REP+, ce n’est pas le cas des collèges les plus défavorisés de l’académie (le collège Kerhallet à Brest et le collège Rosa Parks à Rennes). De même, quatre collèges de l’académie ne sont pas classés en REP alors même que leur IPS est inférieur à la majorité des collèges REP de l’académie et que le public accueilli dans ces établissements est très peu mixe socialement. Il apparaît urgent que le rectorat et le ministère repensent la carte de l’éducation prioritaire en s’appuyant sur des critères nationaux et transparents qui prennent en compte l’ensemble des caractéristiques sociales et géographiques des établissements.

collèges Brestoiscollèges rennais
Pour le SNES-FSU, il apparaît urgent que le rectorat et le ministère repensent la carte de l’éducation prioritaire en Bretagne, en s’appuyant sur des critères nationaux et transparents prenant en compte l’ensemble des caractéristiques sociales et géographiques des établissements.


Kévin Hédé

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