Jeudi 30 janvier 2020
Dans le contexte exceptionnel que nous connaissons où les enseignants sont sacrifiés par le projet de réforme des retraites, alors que la loi Fonction publique organise la destruction du paritarisme et que les multiples réformes du ministre Blanquer malmènent le métier, vous comprendrez que nous ne pouvons pas ne pas insister sur la situation dégradée dans les lycées de l’académie.
Depuis le lundi 20 janvier, l’organisation désastreuse des épreuves d’E3C, maintenues quel qu’en soit le prix dans plusieurs lycées de l’académie, a engendré un climat délétère dans les établissements comme nous n’en avons jamais connu dans l’académie.
La volonté du Ministre de passer en force pour que les épreuves se tiennent n’échappe à personne. Sa volonté d’imposer ses réformes contre l’avis des personnels n’est pas nouvelle. Mais cela atteint cette fois un point de rupture définitive avec les personnels enseignants dont personne aujourd’hui ne peut dire quelle en sera l’issue.
Dans notre académie, la pondération et l’adaptation des consignes aux réalités des établissements et des attentes des équipes pédagogiques relayées par leurs organisations syndicales ont souvent évité par le passé des tensions inutiles en traitant collectivement l’ensemble des contraintes dans l’intérêt des élèves. Que s’est-il donc passé cette fois pour que les consignes aient été appliquées dans certains lycées sans discernement, au péril parfois de la bonne tenue des examens ? Elèves enfermés dans leur salle, intimidation avec le 0, forces de l’ordre présentes devant des lycées, élèves bousculés et blessés, fuites de sujets, … qui faut-il encore convaincre que ce bac Blanquer est un naufrage ? Les personnels enseignants de l’académie peuvent être fiers de leur mobilisation générale pour résister haut et fort à cette mascarade d’examens.
Alors que Mesdames et Messieurs les chefs d’établissement ont su réunir leurs forces pour exprimer fièrement il y a encore quelques mois leur opposition unanime au pilotage académique, comment comprendre aujourd’hui qu’aucune voix ne s’élève pour affirmer que les élèves ne devront être ni inquiétés ni pénalisés par cet examen et que la cohésion des équipes pluriprofessionnelles est prioritaire. Le dialogue entre les équipes pédagogiques et les équipes de direction pourrait ne plus fonctionner alors que demain il faudra poursuivre le travail tous ensemble.
Le SNES-FSU n’a eu de cesse d’alerter M. le Recteur, et a redoublé ses interventions à la veille du début des épreuves. L’absence de consignes académiques explicites aux proviseurs pour décider l’annulation ou le report anticipé des épreuves en cas de difficultés manifestes est sans nul doute aujourd’hui à l’origine de décisions individuelles regrettables.
Le SNES-FSU demande aux proviseurs de se saisir de l’aménagement des conditions de corrections pour entendre voire renouer avec les personnels. Plus généralement, la prise en compte de ces épreuves doit se limiter au périmètre d’un devoir d’entrainement. Alors que les lycées perdent maintenant plus de 100 ETP à la rentrée, la remise à plat des réformes du lycée et du bac est nécessaire avec tout particulièrement l’annulation des E3C.