Madame la Vice présidente, Monsieur le Recteur, Mesdames Messieurs,
A l’épouvantable drame survenu la semaine dernière, les citoyens ont répondu avec une
force inégalée depuis la Libération. Liberté, égalité, fraternité résonnent avec la même
modernité au coeur du peuple français. Cette mobilisation, que d’aucuns caractérisent de
sursaut, doit beaucoup à la défense de la liberté d’expression et de la laïcité.
De nombreuses voix se font entendre aujourd’hui pour faire de l’Éducation l’une des
réponses à la montée de toutes les formes de fondamentalisme et d’intégrisme. Il n’a
jamais été plus urgent en effet de former les esprits, des esprits libres, sensibles et
attentifs aux principes démocratiques de la République, parmi lesquelles la laïcité porteuse
des valeurs humanistes qui nous sont chères. Les personnels de l’Éducation nationale
restent déterminés à relever ce défi au quotidien mais demandent un soutien sans faille :
des moyens à la hauteur des missions assignées, de la formation et non des prescriptions
pour les personnels, des personnels reconnus et revalorisés, des possibilités pour tous les
jeunes de suivre leur scolarité dans le réseau public d’Éducation, gratuit et laïque.
Parce qu’il serait particulièrement irresponsable de la réduire aux seules expressions des
communautarismes, la laïcité dans notre Académie, pour nombre de familles c’est avant
tout le choix de l’École publique. Comment alors accepter que faute de places dans un
établissement public de proximité, des familles n’ont d’autre alternative que de se tourner
vers le réseau privé ? La FSU rappelle encore une fois que des communes en Bretagne
ont une école privée catholique mais pas d’école publique. Comment réagir devant un
maire de l’agglomération rennaise qui se réjouit dans ses voeux à ses concitoyens de
l’ouverture prochaine d’un collège privé catholique sur sa commune quand des familles
sont actuellement amenées à faire des kilomètres dans l’attente de l’ouverture d’un collège
public ?
La carte des formations, dans sa nouvelle co-construction, ne devrait-elle pas elle aussi
permettre aux familles d’obtenir une réponse à la hauteur de leurs attentes envers l’École
publique ? Comment comprendre alors que des formations très demandées seront
ouvertes dans le réseau catholique ou en apprentissage sans qu’elle n’existe à proximité
dans le réseau public ? Les orientations de la Région dont les projets sont présentés
aujourd’hui ne permettront pas aux familles d’exercer leur libre choix entre le réseau public
et le réseau privé, entre une formation sous statut scolaire et l’apprentissage.
C’est en offrant à chaque jeune la possibilité d’accéder à une formation sous statut scolaire
que la Nation fera face aux replis sur soi, communautaires ou non. Faire accéder tous les
jeunes aux formations et aux qualifications pour leur permettre une insertion durable dans
l’emploi, ne renoncer en aucun cas à former l’ensemble de la jeunesse au respect de
toutes les cultures et à la place du Sacré dans notre société laïque, est la réponse
ambitieuse qu’il est possible de construire en renforçant le service public d’Éducation.