Monsieur le Recteur,
Cette CAPA se tient au lendemain d’une discussion avec le ministre du budget sur le pouvoir d’achat des fonctionnaires. Sans conteste, la grève du 20 novembre a fortement mobilisé dans la fonction publique, plus particulièrement encore dans l’Education Nationale et a contraint le ministre à parler de nos revenus. Mais il sous-estime l’attente des fonctionnaires sur cette question et renonce à une revalorisation généralisée des carrières, pourtant incontournable.
L’érosion des salaires est indiscutable. De nombreuses études démontrent en effet qu’il y a 25 ans, le salaire d’un certifié débutant représentait plus de 2 fois le SMIC. En 2007, il n’est plus que de 1,25 SMIC. Le pouvoir d’achat actuel du 11e échelon est celui du 9e échelon d’il y a 25 ans. Un fonctionnaire de catégorie A recruté en 1997 a, après 9 ans de carrière, un pouvoir d’achat inférieur de 14% à celui de son aîné recruté en 1983. Pour l’essentiel, ces constats s’expliquent par l’érosion de la valeur du point d’indice de la Fonction Publique.
Nous recueillons de nombreux témoignages de collègues de l’Académie qui peinent à boucler les fins de mois. Des déplacements très coûteux, des difficultés de logement, des séparations : des collègues souffrent et sont dans des situations douloureuses pour des raisons essentiellement financières. La proratisation de l’indemnité de remplacement reste à cet égard scandaleuse dans le contexte actuel où les plus jeunes collègues parcourent de longues distances.
La FSU revendique l’indexation du point d’indice sur les prix et le rattrapage des pertes accumulées (7% depuis 2000). Il faut rétablir et généraliser la prime de première affectation et porter le traitement en début de carrière à 1 800 euros mensuels nets. Tous les certifiés doivent atteindre avant la retraite l’indice 793 qui est actuellement celui du 7e échelon de la hors-classe, soit 2 970 euros net. La reconstruction de la grille en onze échelons jusqu’à cet indice permettrait que ces mesures bénéficient à tous.
Nous dénonçons le développement des heures supplémentaires voulu par le Président Sarkozy et porté par la commission Pochard. C’est nier la charge de travail de nos professions. Imposer des heures supplémentaires au détriment de l’emploi conduit immanquablement à la réduction des postes aux concours et condamne les collègues contractuels ou vacataires au chômage.
Cette orientation politique s’inscrit dans un cadre pluriannuel de destruction de l’emploi public. Les 11 200 équivalents temps plein supprimés pour 2008 dans l’Education nationale sont même jugés insuffisants par Bercy compte tenu des 80 000 suppressions programmées sur 4 ans. Cette saignée ne pourra se faire sans dégrader nos conditions de travail et nuire aux élèves : la baisse du temps de formation des élèves, objectif incontournable que se fixe le ministère, en est un triste exemple.
La marche forcée vers le bac professionnel de 4 à 3 ans en est un autre exemple : sur les 4 années actuelles de formation, une année est ainsi économisée. On devine aussi aisément la teneur des annonces sur les lycées généraux et technologiques prévues en janvier lorsque l’on sait que supprimer 25% des heures au lycée représente une économie proche de 25 000 emplois. Et malgré cela, on est encore loin de l’objectif des 80 000 suppressions.
Le SNES considère que la lutte pour la revalorisation salariale, l’avenir de la fonction publique et du système éducatif imposent de nouvelles actions de grève en janvier. Alors que nous connaîtrons les conséquences par établissement des suppressions d’emplois estimées entre 300 et 400 dans l’Académie, la rentrée de janvier pourrait être explosive.
Dans l’immédiat et pour cette CAPA d’échelon, les pratiques de notation interrogent encore beaucoup. Alors que nous demandons de combler les écarts entre disciplines, force est de constater que des disciplines sont encore bien mal représentées dans les promotions au grand choix. Alors que toutes disciplines confondues, 30% des collègues promouvables au grand choix sont promus, certaines disciplines s’éloignent fortement de ce repère. En SVT, moins de 16% des collègues promouvables au grand choix sont promus, en sciences physiques et en arts plastiques 18%, en SES 22%, en histoire-géographie 25%. A l’opposé, des sur-représentations demeurent : en STI 45% des promouvables au grand choix sont promus, pour les collègues en poste dans le supérieur le taux de promotion atteint même 53%.
Après la mise en place du dispositif qui corrige les notes pédagogiques trop anciennes, les élus du SNES renouvellent avec plus de détermination encore leur demande d’un groupe de travail paritaire pour suivre ces questions de notation pédagogique et d’harmonisation.
Alors que la commission Pochard envisage de confier aux seuls chefs d’établissement l’évaluation des enseignants, le SNES défend la double notation administrative et pédagogique, avec des inspections tournées encore davantage vers le conseil et la formation. Agir et combler les écarts entre disciplines, améliorer le rythme entre deux inspections sont bien des priorités pour garder le crédit de l’évaluation pédagogique par des IPR.
Enfin la décision de ne pas bouleverser pour cette CAPA les critères pour départager les collègues en cas d’égalité de barème est raisonnable. Les élus du SNES avaient en effet demandé l’ajournement de la consigne ministérielle dont les effets ne sont pas mesurés.
Bien des injustices demeurent avec ce système de promotion. Le SNES continue de revendiquer un rythme unique pour tous au grand choix.