Monsieur le Recteur, Mesdames, Messieurs,
Présenté au Comité technique ministériel du 16 novembre, la création du corps unique des psychologues de l’Education nationale de la maternelle à l’université représente l’aboutissement d’une lutte syndicale de 30 ans des syndicats de la FSU, SNUIPP et SNES.
C’est bien l’ancrage des psychologues dans l’Ecole qui en sort renforcé, en particulier pour les COPsy qui ont été si souvent menacés d’en être exclus. Ce nouveau statut permet par ailleurs des avancées significatives pour les carrières et les rémunérations de nos collègues PsyEN et DCIO.
D’autres avancées profitables aux personnels sont à mettre à l’actif de la FSU : décret d’août 2016 plus protecteur pour les enseignants contractuels, revalorisation de l’ISAE pour les PE et surtout reconstruction des carrières des personnels d’enseignement, d’éducation et d’orientation avec les mesures PPCR déclinées pour nos métiers. Ces mesures, loin de compenser toutes les pertes salariales subies, sont autant de points d’appui que la FSU compte exploiter pour élargir les gains au plus vite à tous les personnels lors de la rédaction des textes réglementaires définitifs puis dans leur application individuelle en CAP. Outre la revalorisation des métiers de l’enseignement, dont la FSU et ses syndicats font un combat permanent, il s’agit bien de reconnaître aux personnels toute leur place, leur expertise et professionnalisme dans un système éducatif étouffé par la multiplication de réformes souvent imposées et rarement évaluées car elles ne permettent pas de réaliser les objectifs annoncés.
La réforme du lycée Chatel dont on attend toujours que le bilan soit rendu public n’a en rien rééquilibré les filières : le bilan de l’orientation dans l’académie le révèle une fois de plus. La réforme du bac professionnel n’a pas davantage revalorisé la voie professionnelle au point que des mesures prioritaires soient nécessaires pour garantir aux bacheliers professionnels des poursuites d’études en BTS. En collège, les personnels appliquent tant bien que mal une réforme toujours autant contestée. L’éclatement des cadres nationaux tant pour les programmes disciplinaires que pour l’organisation des enseignements crée des contraintes intenables dans l’activité quotidienne des personnels sans que cela ne leur permette de mieux prendre en charge les élèves les plus fragiles.
Les injonctions sur l’organisation des nouveaux dispositifs (EPI, AP, parcours) ou sur l’évaluation des élèves avec le LSU, font perdre le sens de leur action à des collègues parfois désemparés mais le plus souvent en colère et définitivement en rupture avec les attentes et les problématiques portées par leur hiérarchie. Les formations aux pratiques numériques des 18 et 19 octobre en sont le dernier exemple : un contenu faible, décontextualisé et éloigné des pratiques courantes, de la concertation entre collègues du cycle 3 corsetée et inexploitable, bref un sentiment généralisé de temps perdu.
Réformes à répétition, manque de confiance dans l’expertise des personnels, absence de formation, de temps et de moyens, le CNESCO dans un récent rapport a su identifier les freins à l’oeuvre dans le système éducatif. C’est pourquoi Monsieur le Recteur, nous vous appelons solennellement à redonner des signes d’attention et de confiance à nos collègues en collèges. Une mesure urgente est de rappeler aux personnels de direction que la priorité est à la mise en place des nouveaux programmes, qu’aucune attente sur l’évaluation des élèves par compétences ne saurait s’imposer sans l’accord des équipes, que la validation du socle n’intervient qu’au dernier trimestre de 6e et 3e. Les confusions sont grandes, par exemple des découpages du précédent socle entre disciplines sont imposés dans certains collèges !
Avec les personnels, le SNES et le SNEP restent farouchement attachés à faire entrer tous les jeunes dans une culture commune qui inclut toutes les disciplines scolaires et à cette fin engagent une action pour que le nouveau DNB intègre de manière spécifique la formation des élèves en EPS, LV et enseignements artistiques.
La réussite des élèves, c’est aussi l’enjeu de leur santé. Au sujet des visites médicales des élèves, nous vous demandons Monsieur le Recteur de mettre la circulaire académique en conformité avec l’arrêté du 3 novembre 2015. En l’absence de visites médicales de tous les élèves lors de leur 6e année, on ne peut rendre effectif le dépistage précoce des problèmes de santé et des carences de soins pouvant entraver la scolarité. Le SNICS FSU précise qu’il s’agit bien d’un axe inscrit dans le code de l’éducation, rappelé par ailleurs dans les orientations générales de la politique sociale et de santé en faveur des élèves.
Ce mandat présidentiel s’est ouvert sur des attentes avec la loi de refondation pour l’école et s’achève sur un rendez-vous manqué avec les personnels. La FSU n’a cessé de dire qu’on ne peut réformer sans les personnels, qu’il fallait les associer et les entendre pour éviter ce grand gâchis et l’impasse qui s’est installée. Quoi qu’il arrive dans les prochains mois, la FSU continuera de porter une conception ambitieuse du service public d’Education.