A la suite du stage SNES-SNEP-SNUEP « Entrée dans le métier » à l’IUFM, une délégation de 25 stagiaires (sur
les 40 présents) s’est déplacée au rectorat pour participer à l’audience que la FSU avait sollicitée auprès du
Recteur. Nous avons été reçus plus d’une heure trente par le DRH (directeur des ressources humaines) et la chef
de la DPE (division des personnels enseignants). Le DRH a refusé de recevoir l’ensemble de la délégation, seuls
9 stagiaires ont pu participer à cette rencontre, accompagnés par Annie Séveno pour le SNUEP et Gwénaël Le
Paih pour le SNES.
La FSU a dans un premier temps, présenté les raisons qui motivaient cette demande d’audience : des premières
semaines très éprouvantes pour tous les stagiaires, qui expriment leur lenteur pour construire leurs séances, pour
préparer et corriger leurs évaluations, un sentiment de solitude même si beaucoup sont satisfaits de l’accueil et
du suivi mis en place par les équipes disciplinaires, leur besoin d’un tuteur expérimenté, disponible et sur place
pour construire des progressions adaptées, échanger des documents, partager le regard sur le déroulement des
séances... Et surtout l’inquiétude de la « nouvelle rentrée » après les vacances de Toussaint avec un service à
temps complet. Nous avons rappelé une nouvelle fois qu’en prolongeant le service des stagiaires à mi temps audelà
des congés de Toussaint, le rectorat, en plus de trouver des tuteurs volontaires et expérimentés, offrait de
meilleures conditions d’exercice et de formation pour tous les stagiaires en leur dégageant du temps.
Le DRH a exposé les conditions budgétaires de la rentrée, soulignant que le dispositif de 8 semaines jusqu’en
octobre représentait un « effort substantiel » mais qu’aucune capacité financière n’existait pour aller plus loin.
Selon le rectorat, 70 stagiaires sur les 288 n’ont pas de tuteur désigné : c’est la défaillance essentielle du
dispositif. S’il reconnaît que malgré tout, les stagiaires ont bien été pris en main par les équipes, l’absence de
tuteur n’est pas envisageable d’un point de vue juridique. Cela explique la désignation ces derniers jours de
tuteurs sur un autre établissement. Les stagiaires ont exprimé leur difficulté à fonctionner dans ces conditions :
des emplois du temps pas toujours compatibles réduisant les contacts à des échanges téléphoniques, des niveaux
qui ne sont pas ceux du stagiaire (par exemple tuteur en collège et stagiaire en lycée), des déplacements qui
alourdissent encore la charge de travail...
Le DRH a rappelé que les tuteurs étaient des collègues volontaires et donc tenus de remplir au mieux leur
charge. Si des tuteurs désignés ne tenaient pas leurs engagements, il peut être décidé de mettre fin à leur mission
en cours d’année par la désignation d’un autre tuteur. Interrogé sur les TZR qui ont accepté d’être tuteurs, le
DRH confirme qu’ils garderont cette charge toute l’année sans garantir leur maintien dans l’établissement ou à
proximité après la Toussaint.
Les IPR (inspecteurs pédagogiques régionaux) vont dans les prochains jours faire le tour des établissements
pour tenter de convaincre un nouvelle fois les équipes refusant de désigner un tuteur. Le rectorat n’en attend pas
vraiment de changement, conscient de la détermination des collègues. Le DRH a d’ailleurs annoncé qu’en
l’absence de tuteur, le Recteur désignera l’IPR pour assurer la charge de conseiller pédagogique. Le DRH n’a pas
pu définir davantage les modalités d’intervention des « IPR-tuteur ». Nous pouvons craindre, compte-tenu de la
disponibilité des IPR, qu’il ne s’agisse avant tout, que d’une parade pour éviter des recours juridiques.
Concernant la titularisation, le DRH a précisé que les « 10 compétences du fonctionnaire stagiaire » seront à
valider. Dans tous les cas, donc même lorsque le tuteur aura fait remonter ces bilans d’étape, l’IPR se déplacera
pour évaluer le stagiaire. Cette inspection préparera l’avis pour la titularisation, qui sera décidée lors du jury
académique en juin prochain. Les formations de l’IUFM après la Toussaint intégreront bien la validation du
C2i.
La FSU a appelé le rectorat à nuancer les attentes de l’institution compte-tenu de la charge de travail harassante
pesant sur chaque stagiaire. Notamment, la prise en compte de l’investissement des collègues à l’extérieur de la
classe (projet d’établissement, voyages scolaires, participation aux multiples réunions...) doit être encadrée par
le rectorat pour que les IPR et chefs d’établissements harmonisent leurs attentes au moment de la validation.
Les collègues ont à plusieurs reprises exprimé leur besoin de temps pour faire du bon travail avec leurs élèves.
L’inquiétude de se retrouver à temps complet après les vacances est particulièrement forte : faudra-t-il travailler
jour et nuit pour tout assurer (le temps plein et la formation) ? Comment le rectorat réagira si les arrêts maladie
se multiplient ? Comment intervenir en conseil de classe pour des classes qu’ils ne connaissent pas ? Pourquoi
ne pas avoir commencé la formation en septembre ? Pourquoi se retrouvent-ils si peu armés pour préparer leur
cours ? Et seront-ils à la hauteur l’an prochain ? Un collègue dira « le temps plein, c’est inhumain ».
Le DRH a dit comprendre les inquiétudes qui s’exprimaient, tout en appelant chacun à "mobiliser plus de temps
cette année" pour assurer l’enseignement devant les élèves. Les collègues ont immédiatement et unanimement
protesté, réexpliquant qu’ils « ne tiendraient pas ». Le DRH souligne que ce dispositif de formation sera peut-être
différent l’an prochain, qu’un bilan sera établi et qu’à terme d’ici 2 ou 3 ans le dispositif académique sera mieux
rodé. Le DRH a mal pris la réaction spontanée d’un collègue « nous sommes donc sacrifiés cette année », réfutant
cette idée de sacrifice. D’après lui, pour l’institution, tout est fait pour améliorer l’entrée dans le métier, un
portail dédié aux stagiaires, avec un « espace de travail collaboratif » a d’ailleurs été ouvert sur le site
académique. A la surprise du DRH, les collègues présents n’en étaient pas informés...
Le DRH, après avoir remercié les collègues pour « l’ambiance constructive et sereine de la rencontre », a conclu
l’audience en annonçant que « l’objectif était de conduire tout le monde à la titularisation ». La FSU a demandé
qu’un bilan complet et sincère de la situation des stagiaires de l’Académie soit établi au plus vite pour alerter le
Ministère et retrouver du « bon sens » dans ce dossier. Le Recteur doit, quant à lui, agir au plus vite pour mettre
en place les formations demandées par les collègues (contenus disciplinaires, gestion de classe, TICE, ...) et tout
mettre en oeuvre pour maintenir les stagiaires à mi-service après les congés de Toussaint. C’est aussi dans
l’intérêt des élèves qu’il faut repenser sans plus attendre le dispositif dans l’Académie.
Le DRH s’est engagé à faire un compte rendu fidèle de cette audience au Recteur de l’Académie.
La bataille n’est pas gagnée mais elle n’est pas perdue ! Nous devons ensemble continuer à agir. De votre côté,
faites remonter à votre chef d’établissement, à votre IPR et au rectorat, le plus simplement possible, vos besoins
de formations et votre demande de maintien à mi-service. L’institution a des devoirs vis à vis de vous ! Elle
porte la responsabilité de ce qui vous arrive, vous n’êtes en rien fautif. Personne ne peut vous blâmer de
demander de l’aide.
De notre côté, nous vous proposerons dans les prochains jours d’autres modalités d’actions collectives (lettre
ouverte dans la presse, pétitions, rassemblements...).
Bon courage à tous !
Pour le SNES, le SNEP et le SNUEP,
Gwénaël LE PAIH