24 décembre 2015

Observatoire et stages

Compte rendu du groupe de travail Langue Régionale du 10 décembre

Le groupe de travail « effectifs breton et gallo » s’est tenu au rectorat jeudi 10 décembre 2015. Outre notre délégation (Cédric Choplin - JM Cléry - Yann-Pier Deredel - Gwenaël Le Paih, et Auguste Ferey pour le gallo) et pour une fois, toutes les organisations syndicales étaient réprésentées - à l’exception notable de l’UNSA - mais elles n’ont pas fait d’intervention sur les dossiers.
Le SGEN-CFDT s’est toutefois singularisé lorsque nous avons dénoncé les conditions de mise en place de la réforme du collège (voir ci-dessous le détail de nos interventions au sujet des LR dans la « réforme collège ») : son représentant a tenu à dire que « le SGEN-CFDT jugeait bonne la réforme mais que c’est son application qui manque de moyens »… Depuis le SGEN-CFDT a fait le choix d’adresser un courrier au recteur allant dans le même sens.

Le SNES-FSU pour sa part continuera à intervenir comme toujours à tous les niveaux, notamment au CALR, sur les conditions de la rentrée 2016, tout en poursuivant la bataille contre cette réforme collège, dangereuse pour les langues régionales mais plus largement pour l’ensemble de nos enseignements. C’est pourquoi nous invitons tous les collègues de LR concernés au premier chef par la réforme, à participer à la CA académique du SNES-FSU le jeudi 7 janvier à Commana (29) et à s’engager dans la grève du 26 janvier.


* Point sur les effectifs et les mesures prévues par l’administration :

Pour la deuxième année consécutive aucune ouverture n’est programmée pour le bilingue, tandis que l’administration poursuit la réduction de l’offre en optionnel. Ce constat est à mettre en lien avec la stagnation des effectifs en bilingue (+60 élèves seulement en CLG par rapport à 2013), et avec le recul en optionnel (-100 élèves en breton par rapport à 2013, et -100 élèves en gallo à la rentrée 2015 conséquence attendue de la disparition de l’épreuve de LV facultative au Bac technologique !).
En dépit des engagements affichés dans le cadre de la nouvelle Convention spécifique Etat-Région 2015-2020, la tendance reste la même du côté du rectorat !

Les représentants SNES-FSU sont intervenus sur plusieurs constats d’effectifs erronés afin de les faire corriger. Nous avons fait part de la situation dans des établissements pour lesquels, faute d’une correction des constats dès la rentrée, les moyens supplémentaires n’ont pas pu être mis en place pour constituer des groupes supplémentaires.


Mesures proposées par l’administration

  • 3 fermetures : option gallo CLG Loudéac - option breton CLG Beaumont Redon - option breton CLG J Simon Vannes
  • 4 « maintiens sous condition » de l’option en 6e : CLG Renan Tréguier - CLG Plougastel-Daoulas - CLG Plozevet - CLG Plescop
  • 2 « maintiens sous condition » de l’offre bilingue en 6e : CLG J Macé St Brieuc - CLG Pluneret

Nous sommes intervenus sur tous les dossiers dont nous avions connaissance. Nous avons notamment rappelé la situation fragile des « écoles de soubassement » pour les filières bilingues menacées en collèges (J Macé St Brieuc, Pluneret). L’administration ne semble pas très sensible à l’inscription dans la « réforme collège » de la poursuite en 6e d’une autre LV que l’anglais. Elle a toutefois entendu l’argument de la prochaine montée des cohortes du bilingue primaire, ouvert en 2012 à Pluneret, et s’engage à suivre la filière du CLG Pluneret avec bienveillance.

Concernant l’option breton et gallo, nous avons fait part du peu d’investissement de plusieurs directions d’établissements pour la poursuite du breton ou du gallo, et avons demandé que l’administration interpelle ces directions. En réponse, elle a accepté le maintien de l’offre de l’option en 6e au CLG Plozevet.


* Demandes des établissements et évolution de la Carte des pôles bilingues :

Concernant au développement des DNL aux CLG de Quimperlé et de Bégard, demande que nous portons depuis plusieurs années, l’administration s’y refuse toujours… tout en affichant paradoxalement l’objectif écrit dans la Convention spécifique d’encourager les professeurs de DNL à valider leurs compétences en langue bretonne notamment en SVT, Physique, Economie et EPS !

Nous avons soutenu les demandes d’ouverture du bilingue à Briec et Plouzané, mentionnées dans le document du rectorat, ainsi que la nécessité d’avancer sur le « réveil » de la filière bilingue à Sizun et les ouvertures à Lanmeur ou Plouha. L’administration note notre demande, et contactera le CLG Sizun.
Mais elle repousse toujours la décision d’ouverture pour Plouzané (prévue initialement à la rentrée 2014 !). Quant à Briec, si le rectorat semble désormais convaincu par le projet, il le renvoie à la révision de la carte des pôles.

Le SNES-FSU a rappelé que la révision de la carte des pôles avait déjà été annoncée l’an dernier… pour le printemps 2015. L’administration annonce maintenant une réunion sur la carte « dans l’année, après la signature de la Convention spécifique », mais toujours sans la moindre idée de date !
Interrogée au sujet de la Circulaire du Ministère demandant aux recteurs de « rendre effective la Carte des Langues pour décembre 2015 », l’administration s’est dite un peu embarrassée : avec le CALR en janvier et le CALVE début février, elle ne sera pas dans les temps. Le rectorat envisage donc de publier une carte provisoire en attendant les discussions à venir.
Nous avons insisté sur l’importance de l’affichage et de la lisibilité de la carte pour les familles et pour que les langues régionales dans le service public d’Education ne soient pas marginalisées.

* Point sur la « Réforme collège » :
Les représentants du SNES-FSU ont posé de nombreuses questions au sujet de la place des LR dans le projet de réforme du Collège que nous continuons de contester : quelle organisation des EPI ? comment faire pour les collègues en postes à cheval sur deux, voire trois établissements ? quels moyens pour la mise en place de l’Enseignement de complément breton ou gallo ? quelles marges de manœuvre pour les directions d’établissements et que faire si un principal décide de ne pas proposer le breton ou le gallo ? et quid de l’initiation en 6e ? etc.
Le rectorat confirme que le bilingue n’est pas affecté par la réforme et que la dotation spécifique, nécessaire aux enseignements, est maintenue - ce qu’exige d’ailleurs la Convention spécifique passée avec la Région. En revanche, l’administration reconnaît que ce n’est pas le cas pour l’option, qui devient « Enseignement de complément » sur le cycle 4.
Toutefois, la volonté affichée est de préserver l’existant dans l’académie et de conserver une offre équilibrée - à l’évidence, la proximité avec la signature de la Convention Etat-Région a joué dans cette décision. Conséquence notable de cette volonté, le rectorat encadrera plus étroitement que prévu l’autonomie des établissements ; des consignes seront données aux directions des collèges « afin que l’offre optionnelle ne soit pas déstabilisée par des décisions locales ».
Le SNES-FSU a dit sa satisfaction sur ce point, tout en soulignant que le rectorat reconnaît ainsi ce que nous avions dénoncé : à savoir que les décisions prises au local risquent d’avoir un impact négatif sur les enseignements. Pour le moment l’administration ne chiffre pas encore le « coût » pour l’académie de ce suivi, mais elle entend le limiter. Il faudra donc être très vigilant sur le terrain afin que les « Enseignements de compléments » en breton et gallo ne soient pas mis en concurrence avec les autres disciplines et que les moyens horaires viennent les abonder autant que nécessaire !
En ce qui concerne la condition imposée de suivre l’EPI « Langues et culture régionale » pour accéder à l’Enseignement de complément LR, le rectorat confirme qu’il suffira d’avoir suivi au moins une fois l’EPI sur l’une des années du cycle 4 : positionner cet EPI immédiatement en classe de 5e n’est donc pas obligatoire. Face aux difficultés d’organisation que nous avons soulignées, l’IPR avance au passage des solutions « iconoclastes »… comme de réduire l’EPI à 1h en tout et pour tout !...
Pour ne pas tout désorganiser à la rentrée, le rectorat est donc prêt à enterrer plusieurs des points-phares de la réforme ! Raison supplémentaire pour le SNES-FSU d’appeler à son abandon !


* Autres questions abordées :

  • Mise en place d’un mouvement spécifique national (postes SPEN breton) dans le cadre du mouvement Inter-Académique : le SNES-FSU a rappelé que la question des postes et du mouvement des collègues de/en langues régionales réclame une concertation préalable avec les organisations représentatives des personnels, ce qui n’a pas été la démarche du Ministère. Dans l’immédiat, nous avons exigé que cette expérimentation ne se fasse pas en dehors des instances paritaires pour éviter tout risque de dérive et de mise en concurrence des personnels. Le rectorat a dit ne pas avoir été demandeur de cette solution mais partage le souci d’un mécanisme plus satisfaisant permettant de ne pas recourir aux ATP pour des collègues ayant la compétence bilingue affectés dans une autre académie, notamment les néo-titulaires.
  • Services des collègues : nous avons exigé à nouveau que les services construits lors du GT de mars ne soient pas remis en question arbitrairement lors du GT TZR en juillet, d’autant que les remarques de nos élus rappelant les contraintes spécifiques pour les LR sont alors difficilement prises en compte. Des collègues se retrouvent alors parfois avec des services totalement éclatés et intenables sur l’année !

Nous avons évoqué également la situation anormale de collègues enseignant exclusivement le breton depuis des années et contraints brutalement à enseigner dans leur seconde valence « pour raison de service ». L’administration met en avant le souci de ne pas construire des services trop morcelés. Elle doit cependant s’engager à ne pas imposer la seconde valence sans accompagnement des collègues.
Enfin, nous avons posé la question récurrente des difficultés à assurer les remplacements, que ce soit des congés maladie ou des collègues partant à la retraite. La faiblesse de la « ressource » en enseignants est avancée par les services. Mais il faut surtout incriminer l’insuffisance du nombre de collègues TZR disponibles pour des remplacements, l’essentiel des collègues étant affectés à l’année sur les nombreux BMP existants par manque de postes complets. Ainsi, le rectorat n’a toujours pas trouvé de solution pour le remplacement d’un départ à la retraite à Carhaix en janvier, départ pourtant prévu de longue date ; il cherche actuellement un contractuel.

Au CALR, prévu du 14 janvier, nous réinterviendrons sur les problèmes évoqués, en particulier sur la demande d’ouverture à Plouzané dont les pré-inscriptions ont été largement sous-estimées par l’administration. Nous ferons également état de la différence manifeste de traitement entre le public et le privé catholique pour les effectifs imposés à l’ouverture des filières.
Comme chaque année, l’administration présentera au CALR les mesures comme étant des « décisions issues du GT » : rappelons que ces décisions lui incombent entièrement !


Pour le SNES Yann-Pier Deredel & JM Cléry