Rentrée « en trompe l’œil » avons-nous dit en septembre : sous une apparence de calme relatif se cachaient d’importantes dégradations imposées par une administration de plus en plus habile à dissimuler les effets de ses « mauvais coups ».
Un regard sur les dernières années aide à mesurer l’ampleur des régressions en cours pour le système éducatif en Bretagne (et ailleurs !).
Globalement, les collèges, lycées et LP publics de l’académie ont perdu, en trois ans, de la rentrée 2001 à la rentrée 2004, 4038 élèves (environ -2,7%) et 624 Equivalents Temps Plein (environ -4,4%). On voit que l’ampleur de la diminution imposée des moyens d’enseignement va bien au-delà de la chute démographique qui, une fois de plus, a bon dos. Quand aux possibilités d’améliorations, on n’en parle même plus !
Faire des économies, quitte à sacrifier la formation des jeunes, tel est le maître mot du gouvernement Raffarin ; c’est aussi ce qui sert de boussole au Recteur et aux responsables rectoraux qui appliquent avec zèle et « sans états d’âme » (selon les termes du secrétaire général du rectorat) une telle politique : ainsi, lors du CTPA du 22-10-04, avons nous appris que, pour cette rentrée, 5 postes (sur un total de près de 7000 !) avaient encore pu être récupérés sur la dotation des lycées et LP : il n’y a pas de petites économies !
Par contre, à ce même CTPA, aucune analyse de l’évolution des conditions d’enseignement (effectifs, dédoublements, options...), seulement un bilan comptable portant sur les heures-postes, les HSA...
La chasse aux postes s’est exercée prioritairement là où les économies s’avéraient possibles :
– en LP, en supprimant des formations (40 à la rentrée 2004 pendant que la Région en ouvrait 20 en apprentissage...)
– en lycée en jouant sur les effectifs, les dédoublements, les options, les regroupements en LV, les TPE...etc... et aussi les suppressions de sections (en STT notamment)
A la rentrée 2004, les lycées avaient 415 élèves de plus qu’à la rentrée 2001...mais ils ont perdu, dans la même période, 217 postes !
Pour autant, les collèges n’ont pas été épargnés : ils accusent, à eux seuls, une perte de 121 postes pour la seule rentrée 2004 ! Quant aux LP, ils en ont perdu 338 depuis 2001.
Voilà pour le bilan ; et l’avenir ? Le projet de budget 2005 programme 7500 suppressions, bien plus qu’en 2004 (1500) : c’est une véritable saignée qui se prépare pour le second degré, deux fois plus importante que celle découlant de la seule prise en compte de l’évolution démographique, alors qu’au contraire la courte pause démographique devrait être l’occasion d’améliorer les choses dans les secteurs les plus difficiles. En clair, cela veut dire, pour notre académie, des suppressions qui vont se chiffrer à nouveau par centaines pour la rentrée 2005 !
Ces quelques rappels permettent de mesurer la marge de manœuvre qui existera lors des discussions sur la future loi d’orientation...une riposte d’ampleur s’impose : elle doit être massive, nationale, portée par chacun d’entre nous : il n’y a pas d’autre choix.
André Le Bourg