Avant de dresser le bilan de l’année scolaire écoulée et d’ouvrir des perspectives pour l’année à venir en matière de politique éducative, nous souhaiterions en cette veille de proclamation des premiers résultats du baccalauréat nous faire les porte-parole de nos collègues de Philosophie et de Lettres. Tous déplorent le calendrier resserré qui leur a été imposé cette année réduisant d’au moins 3 jours le temps de correction des copies. Par ailleurs, les collègues de Lettres convoqués pour les oraux soulignent l’inégalité de traitement des candidats entre ceux convoqués en première période les 12 juin et 13 juin c’est-à-dire 1 jour après la fin des cours et ceux convoqués entre le 23 juin et le 2 juillet et qui ont eux, bénéficié de 10 jours minimum de révision. Les collègues jugent désastreuses leurs conditions de travail : 15 candidats en moyenne par jour, sur une semaine entière sans aucune coupure pour une épreuve exigeante et complexe qui nécessite du temps pour s’approprier des listes de textes souvent différentes, lire les descriptifs et préparer les questions. Soucieux de la qualité de leur travail, soucieux de l’intérêt des candidats, les collègues vous demandent, Monsieur le Recteur, de trouver les solutions à un traitement équitable des candidats pour les sessions à venir.
Les choix politiques du gouvernement se traduisent par une accélération du désengagement de l’Etat, des attaques contre les services publics, une politique salariale de rigueur pour les fonctionnaires, une diminution drastique des emplois. Cette politique touche particulièrement l’Education Nationale : suppressions massive de postes, diminution importante des recrutements, réformes qui convergent vers un système éducatif ségrégatif et rétrograde (programmes du primaire, des collèges, assouplissement de la carte scolaire, socle commun..). Pas besoin d’étude prospective pour évaluer les dégâts que provoquera la diminution des recrutements, il n’est qu’à observer la situation du breton dans notre académie : depuis 2004 le nombre de postes au Capes de breton est passé de 5 à 2 par an, à la rentrée prochaine 4 postes restent donc vacants faute d’enseignants.
Ces attaques ont suscité de larges mouvements sociaux conjuguant actions locales telles que des pétitions notamment contre les Heures supplémentaires, des occupations d’écoles avec les parents d’élèves, grèves et manifestations.
Les mobilisations ont amené quelques bougers :
– Au niveau académique, le travail fait en GT, en CTPA a permis des améliorations à hauteur de 74 ETP si nos calculs sont justes. Dans les collèges la situation des ATP soulevée lors du dernier CTPA a évolué dans le bon sens même si tout n’est pas résolu loin s’en faut.
– Au lendemain de la puissante manifestation du 18 mai à Paris à l’initiative de la FSU le ministère à ouvert des négociations sur les contingents de hors classe ; prenant acte de ces mesures qui vont dans le sens souhaité, nous insistons sur l’urgence d’une revalorisation salariale conséquente pour l’ensemble des personnels au –delà des 0,8% annoncés.
– l’ouverture de discussions sur la réforme des lycées doit aussi être soulignée : pour nous, elles doivent s’inscrire dans la recherche d’une relance de la démocratisation du second degré et de l’élévation des qualifications, d’une lutte contre les inégalités. Nous serons extrêmement attentifs à ce que le débat engagé ne se réduise pas à trouver des formes d’organisation du lycée qui servent à justifier des suppressions de postes décidées en amont. De même nous nous opposerons à ce que la réforme soit instrumentalisée pour transformer le métier d’enseignant et des autres personnels en dégradant les conditions d’exercice et en diluant les missions.
– Favorable à une élévation du niveau de recrutement et de qualification des enseignants au master, la FSU précise qu’une telle décision doit obligatoirement s’accompagner d’une politique de pré recrutements. Elle rappelle qu’enseigner s’apprend, et qu’en aucune manière elle n’acceptera que la formation professionnelle se réduise au compagnonnage annoncé officiellement hier à la sortie du Conseil des Ministres. Nous continuerons à exiger une formation de haut niveau au sein des IUFM intégrés à l’Université.
Nous souhaitons revenir sur les dispositifs d’accompagnement éducatif. Généralisés sans aucun bilan de l’expérimentation, ce dispositif renvoie à l’extérieur du temps scolaire la lutte contre l’échec scolaire et se caractérise par un élargissement du champ de l’accompagnement éducatif ; d’autre part il porte en lui les germes de l’externalisation de nombre d’enseignements : disciplines artistiques, EPS, langues vivantes... Les informations dont nous disposons montrent que les inquiétudes sont grandes : elles portent sur la réorganisation de la journée de classe, sur le type d’activités proposées, la qualité des intervenants. Au niveau des personnels enseignants et d’éducation nous insistons sur le respect du volontariat ; nous ne pourrons accepter que les moyens des vies scolaires (ASEN notamment), ou encore les heures prévues pour les ATP ou les dédoublements, soient détournés au profit de l’accompagnement éducatif. Nous demandons que les moyens alloués à la vie scolaire dans les collèges soient revus en conséquence. Présenté comme une réponse à la demande des lycéens d’un meilleur encadrement, les dispositifs « réussite scolaire des lycées » procèdent de la même logique que l’accompagnement éducatif. Quatre lycées de l’académie vont bénéficier de ce dispositif. Pourriez-vous nous indiquer quels sont les critères qui ont guidé votre choix ?
Pourriez vous tant pour les collèges que les lycées nous indiquer quel est le montant des crédits dégagés ainsi que leur origine : dotation supplémentaire du Ministère ou budget académique ?
Les sujets de préoccupation sont nombreux, le mécontentement des collègues n’est pas prêt de s’éteindre. S’il n’y a pas de signe fort à la rentrée comme l’abandon de la politique de suppressions de postes, le Ministre prend le risque d’une rentrée et d’une année scolaire houleuses.