La politique de réduction des dépenses publiques et de l’emploi public touche de plein fouet l’éducation nationale, environ 4 000 emplois d’enseignants, de nombreux postes de personnel ATOSS. Il s’agit bien de supprimer massivement des emplois en revoyant à la baisse les objectifs de scolarisation, en programmant la baisse massive des recrutements et la redéfinition des services des personnels.

L’évolution démographique mise en avant pour justifier la baisse des moyens cache une rupture en terme de politique éducative. Il s’agit non seulement d’une dégradation des conditions de travail de l’ensemble des élèves et des personnels, mais aussi d’une atteinte aux missions de tout le service public. Au lieu de poursuivre des objectifs ambitieux, de diminution du nombre de jeunes sortant sans qualification et d’élévation générale des qualifications, ces orientations régressives mettent en œuvre la réduction de l’offre de formation et affaiblissent le service public. Leur logique d’application implique un accroissement progressif des inégalités entre établissements, mais aussi une redéfinition des services et des missions dans l’optique d’une rentabilité maximum des moyens.
Notre académie avec ses 198 ETP retirés dans le 2d degré, auxquels il faut ajouter les 200 récupérations de moyens surconsommés, n’échappe pas à cette logique.
Le plan d’évolution des formations est catastrophique.

 Les langues vivantes et régionales sont particulièrement touchées : 18 suppressions en allemand LV3, 21 en espagnol LV3, 2 en italien LV3, 6 en allemand LV1, 5 fermetures de sections européennes, 2 en russe, 4 en breton, sans compter les regroupements effectués dans cette discipline. Oserez vous encore longtemps parler de priorité à l’international, de politique de diversification de l’enseignement des LV ?

 La série STT et les enseignements tertiaires sont mis à mal : 12 suppressions et 9 plafonnements. En LP, les sections BEP comptabilité et secrétariat, la filière bioservice, MHL, hygiène et environnement sont particulièrement touchées.
D’autre part, les conditions d’enseignement vont se détériorer : de nombreuses classes, y compris en collège verront, leurs effectifs augmenter et certains chefs d’établissement n’hésitent pas à proposer, pour rentrer dans la DGH, des diminutions d’horaires réglementaires, un horaire annualisé. Dans la droite ligne de la circulaire de rentrée, l’objectif est d’introduire un simulacre d’autonomie des établissements pour faire reposer sur les acteurs locaux la responsabilité de gérer les régressions organisées par les choix gouvernementaux au prix d’une dérèglementation totale des enseignements.
Les conditions d’affectation et d’exercice des collègues TZR se dégraderont. Pour éviter les surconsommations, vous allez accroître « le rendement » de ces collègues, n’hésitant pas à agrandir les zones de remplacement, à les affecter hors zone et hors disciplines. Vous n’hésiterez pas non plus, ce faisant, à « éviter l’embauche » de non titulaires en les envoyant grossir les rangs de chômeurs.
Au niveau de l’orientation, vous allez rentrer dans l’enveloppe budgétaire de 158 ETP par suppression de 3 postes de DCIO. Mais vous n’allez pas vous arrêter là puisque vous envisagez à terme une réorganisation des districts des CIO en commençant par le regroupement de 6 d’entre eux : Guingamp-Lannion, Pontivy-Loudéac, Vannes-Ploërmel. Vous nous direz sans doute que c’est une mesure qui permettra de mieux couvrir les besoins en remplacement. Elle reste pour nous une opération de redéploiement qui diminuera les moyens en CIO, aggravera les conditions de travail des collègues et surtout affaiblira le service public d’orientation, service de proximité. Au delà de cette problématique gestionnaire, il y a un vrai problème politique sur lequel nous reviendrons plus tard.
L’optimisation des moyens dans les services des IA et du rectorat, consécutive aux 38 suppressions de postes se traduira par une augmentation de la charge de travail des personnels, des conditions de travail dégradées et des redéploiements. Ces suppressions, comme les suppressions des 25 emplois de personnels ouvriers, techniciens et de service auront forcément des répercussions sur l’ensemble des personnels et des élèves, aggravant leurs conditions de vie et de travail.
L’examen des conditions de préparation de la rentrée dans le premier degré conduit à une analyse contrastée. Une approche positive amène à se réjouir de la création de 52 emplois, même si ceux ci ne suffiront pas à nous remettre à niveau en terme de P/E global ; on peut même s’attendre à une légère détérioration de celui ci.
Nous rappelons que ce sont quelques 200 emplois qui nous seraient nécessaires pour rattraper le niveau national dans ce domaine. L’attribution d’emplois nouveaux pour le premier degré répond à un constat un national, celui de la poursuite de la croissance démographique des zones de population de la façade Atlantique et plus globalement de l’ouest de notre pays. Cette attribution ne permet pas de répondre à un autre défi, celui du nécessaire maintien du service public d’éducation dans les zones en baisse globale de population, notamment dans le centre Bretagne, tout en répondant aux besoins dans les zones en croissance forte, les zones littorales globalement dans les 4 départements, les zones péri-urbaines des 2e et 3e couronnes des villes de Bretagne. Le constat de cette croissance du premier degré suffit à démontrer le caractère injustement destructeur des mesures prévues dans le second degré.

La critique la plus forte que la FSU peut faire des choix que vous avez opérés depuis 1998, c’est d’avoir introduit le doute sur le sens de la scolarisation des jeunes enfants en maternelle. On voit que c’est le service public qui paie, au prix fort, et qui va payer dans les années à venir cette remise en cause. Tout montre que quand les parents entendent cette remise en cause de la scolarisation précoce, ils l’entendent pour ce qui est de l’école publique, et en déduisent que le privé est le recours. C’est la base même du service public qui est alors fragilisé, avec toutes les conséquences envisageables sur l’ensemble du cursus.
A l’évidence, les emplois nouveaux ne permettront pas de répondre aux difficultés quotidiennes des écoles et de leurs enseignants :
 remplacements non effectués, notamment dans l’enseignement spécialisé
 nombreux emplois de l’enseignement spécialisé tenus par des personnels non spécialisés
 formation continue réduite à un strict minimum
 une majorité de directeurs d’école ne disposent pas de temps de décharges de service

Pour toutes ces raisons, la FSU, avec les autres organisations syndicales appellent les personnels à manifester ce jour devant le rectorat.