Monsieur l’Inspecteur d’Académie, Mesdames, Messieurs Membres du CTPD
Bien que ce CTPD soit consacré aux ajustements de rentrée dans le 1er degré, nous avons souhaité évoquer les conditions de rentrée dans le second degré.
Plus de cent postes ont été retirés des collèges et lycées publics du département, plus de 40 dans les seuls collèges, contrairement à vos déclarations dans Ouest France samedi 4 septembre.
Si on a pu constater une légère baisse démographique dans le second degré, rien ne justifiait une telle purge.
En effet le Service Public de l’Education Nationale n’a même pas été en mesure de remplir sa mission première dans ce département : accueillir tous les élèves qui en faisaient la demande dans un établissement public.
Il est d’ailleurs ainsi plus facile de présenter l’argument de la baisse des effectifs si on l’organise.
A la FSU nous jugeons cet état de fait purement et simplement scandaleux.
Dans nombre de collèges, le ‘plafond’ de 28 voire trente élèves par classe en collège a été atteint, avec même des groupes à 32 en latin.
Dans les lycées, quasiment toutes les classes de seconde générale sont bourrées à 35, et l’Administration a refusé les inscriptions plutôt que d’accueillir 10 élèves de plus en juin, alors que des ajustements préparatoires de rentrée étaient possibles au mois de juin, mais il fallait rendre 400 postes, et il fallait pouvoir démontrer que la démographie le justifiait.
De même les classes de terminale à 35 fleurissent d’un bout à l’autre du département, ainsi que les classes à 24. Les classes bloquées autoritairement à 24 le sont uniquement pour éviter des dédoublements rendus impossibles par la suppression de 400 postes. Mais puisqu’on vous dit qu’il y a moins d’élèves. Bien évidemment. Que peuvent penser les parents des élèves redoublants du lycée public de Chateaulin à qui l’on dit d’aller voir ailleurs s’il y a de la place, à Carhaix par exemple ? Où est le problème ? Si l’on habite Crozon, il suffit de faire 40 kilomètres de plus. Peut être est un tort que d’habiter Crozon et vouloir avoir le bac ?
Que peuvent penser les terminales SMS du lycée Chaptal qui sont dans une classe de 37 élèves quand elles voient leurs camarades dans une classe de 24 ? Quand les TP ne sont pas dédoublés ?
Que peuvent penser les enseignants qui assurent la prise en charge de cette classe en heures supplémentaires alors que certains de leurs collègues ont été envoyés faire des compléments de service dans les établissements voisins ? Parce qu’il fallait rendre des postes ?
Cependant ces lamentations sur les redoublants de terminale vous semblent apparemment injustifiées. ‘Ils feraient mieux d’aller faire un BEP’ disiez dans la presse, au regard du taux d’échec dans le supérieur. Peut être pourrions nous d’abord nous arrêter sur l’état de délabrement de l’enseignement supérieur en France, particulièrement l’Université. On peine à trouver ne serait ce que des enseignants de SVT ou de Physique Chimie. Nos voisins européens ont 30 % de licenciés dans une classe d’âge, nous en sommes à 25 %.
Aussi il nous semble bien surprenant de vous voir vous inquiéter du trop fort taux de passage de troisième vers la seconde générale, qui plus est supérieur de 3 points à la moyenne académique. Le Finistère serait il entré en rébellion scolaire ?
Les habitants du Far West refusent de perpétuer l’image de Bécassine ! Que Diable !
Eh oui, les Finistériens sont attachés à l’enseignement des 2 ans , et ont compris depuis longtemps que l’instruction et les diplômes pouvaient être un moyen d’échapper à leur condition, et d’éviter de se faire plumer comme les poulets de chez Doux.
D’un autre côté nous souhaiterions mettre en avant une autre, triste réalité, de la rentrée dans ‘l’académie de toutes les réussites’, la mise au chômage brutale et impitoyable plusieurs centaines de précaires, quasiment autant que des postes supprimés. Soit, on a mis fin à la précarité pour la rentrée, mais à quel prix, et de quelle manière !
De plus, la nature ayant horreur du vide, un soutier en a remplacé un autre.
Les TZR, dont on a étendu de manière autoritaire les zones d’intervention, ont en plus pris de plein fouet les conséquences de la gestion ‘comptable’, ‘à l’heure près’, des moyens d’enseignement.
Les affectations sur deux établissements sont monnaie courante, les affectations sur trois établissements se multiplient. On a même atteint quatre sites, pour trois heures d’enseignement et autant de déplacements ; et seules des tractations d’un autre âge ont permis de revenir à plus de bon sens. Les affectations hors-zone, que l’extension des zones devaient pouvoir permettre de limiter, nous avait on dit, reprennent de plus belle.
Enfin, des chefs d’établissement refusent d’appliquer les horaires réglementaires lorsque le soutier de service fait mine de se rebiffer, ou que des collègues se plaignent du nombre excessif d‘heures supplémentaires qu’on leur impose, préférant croire qu’on peut mieux préparer ses cours si on n’en fait pas plus que de raison.
Il est vrai qu’ils pensent tout d’abord à leurs élèves.
Pour conclure en effet, face à ce déferlement de mesures comptables qui vont jusqu’à la mesquinerie, quel cas fait on des élèves ?