Monsieur le Recteur,
La refondation de l’École, voulue par le Président de la République et le Ministre de l’Éducation Nationale ne se fait pas sans heurts si l’on en juge par les difficultés rencontrées pour la mise en œuvre des nouveaux rythmes scolaires dans le premier degré. Cette réforme, imposée dans la précipitation, n’emporte pas l’adhésion de la majorité de nos collègues professeurs des écoles. En ce sens, il sera difficile de continuer à affirmer qu’il s’agit d’une réussite.
Concernant la revalorisation du métier d’enseignant, il semble que le Ministre fasse preuve de plus de prudence, en se donnant le temps de poursuivre la concertation en 2014 sur l’essentiel de ce qui pourrait constituer un éventuel décret définissant les missions et obligations de services des personnels enseignants. Il est donc intéressant de faire le point sur l’avancement des discussions qui se sont ouvertes à la mi-novembre.
Le SNES-FSU considère qu’il a été entendu sur un certain nombre de principes qui l’aurait conduit à appeler les personnels à la mobilisation s’ils avaient été remis en cause :
• le maintien des statuts des professeurs certifiés et agrégés, au sens des décrets de 1972,
• la définition hebdomadaire de nos services et l’abandon de l’annualisation,
• le maintien de la référence à la discipline de recrutement.
Ces acquis sont essentiels car ils sont au cœur de notre métier.
Pour autant, on a beau chercher, on a là presque fait le tour des aspects de la réécriture des décrets de 1950 qui peuvent susciter la satisfaction de nos collègues. Car, hormis la pondération des heures effectuées dans les établissements difficiles, le reste des propositions contenues dans les fiches rédigées par le Ministère ne répond pas à leurs attentes ou seulement en partie. Ainsi, la pondération des heures effectuées en cycle terminal, qui certes supprime les effets de seuil et permet de prendre en compte toutes les heures devant élèves, se fera à un coefficient insuffisant pour représenter un gain réel par rapport à l’actuelle heure de première chaire.
Enfin, nos collègues exerçant en collèges sont pour l’instant les grands oubliés des propositions du Ministre.
Les attentes des enseignants sont grandes et elles sont connues. Ils sont les seuls qui n’ont pas connu depuis 1950 de réduction de leur temps de travail alors que leurs missions se sont diversifiées et que leur charge de travail n’a cessé de s’accroître. Le Ministre ne peut se contenter de reconnaître au travers d’un texte le travail invisible, il doit aussi reconnaître le temps consacré à ce travail et donc abaisser les maxima de service, notamment pour favoriser la concertation au sein des équipes.
Par ailleurs, il ressort des discussions au ministère que le Ministre entend revaloriser la profession sans revaloriser les salaires. Sait-il seulement que parallèlement à l’augmentation de la charge de travail que nous venons d’évoquer, nos rémunérations se sont effondrées ? Celle d’un certifié en début de carrière sera en 2014 en euros constants de 15% inférieure à ce qu’elle était en 1981. Les certifiés ayant atteint l’indice terminal de la hors-classe ont aujourd’hui un pouvoir d’achat inférieur à un certifié au 11e échelon en 1981.
Le recours au tout indemnitaire dans le projet de décret ne nous satisfait pas. Une indemnité est en effet directement liée à l’exercice d’une mission spécifique ou à des conditions de travail particulières. Le SNES continuera d’argumenter et de lutter pour une revalorisation bénéficiant à tous.
Il demande :
• Le doublement immédiat de l’ISOE et l’alignement pour les professeurs documentalistes, ce qui constituerait un premier pas vers une véritable reconnaissance des missions liées à l’enseignement.
• Le maintien de l’intégralité des heures de décharges statutaires (laboratoire, cabinet, coordination...), et l’intégration des heures de chorale dans le service parce qu’elles correspondent à un besoin pédagogique au bénéfice des élèves.
• L’augmentation de l’indemnité des TZR et des frais de déplacement qui leurs sont versés ainsi qu’aux enseignants en service partagé.
• Des mesures de carrière (élargissement des promotions de corps ou de grade, amélioration des rythmes d’avancement, débouchés sur les grilles de rémunération supérieures...).
• La mise en œuvre d’un abaissement progressif des maxima de service.
• La revalorisation des salaires par une refonte de nos grilles indiciaires.
Concernant cette CAPA avancement d’échelons, nous nous voyons dans l’obligation de renouveler les constats des années précédentes. Les écarts entre disciplines persistent et notre revendication en faveur d’un avancement au rythme le plus favorable pour tous conserve tout son sens. Si l’on se focalise sur le passage au grand-choix (cf statistiques ci-dessous), on comprend mal pourquoi, dans certaines disciplines, 60% des collègues sont promus, alors que dans d’autres, ce taux ne dépasse pas 20 % tous échelons confondus comme en éducation musicale et en économie-gestion A. Pour d’autres disciplines, ce taux s’établit entre 20 et 25 % comme en histoire-géographie, en économie-gestion B, en arts-plastiques, en SVT et en physique-chimie.
C’est également le cas pour toutes les langues vivantes à l’exception de l’allemand. Comment l’expliquer ? Nos collègues auraient-ils tant de difficultés à s’adapter aux réformes successives qui depuis des années bouleversent leur métier ? Citons par exemple l’évaluation par compétences, le socle commun, les nouvelles modalités d’évaluation au baccalauréat mais aussi les prescriptions pédagogiques qui s’accordent mal avec des effectifs pléthoriques et des horaires indigents. Ce sont autant de réformes qui ont été imposées au cours des dernières années sans aucune concertation avec les enseignants qui sont pourtant chaque jour devant les élèves et qui, en majorité, n’ont reçu aucune formation ni aucune aide de la part de l’institution. Beaucoup de nos collègues s’interrogent encore sur leur pertinence et leur efficacité. Doivent-ils concevoir ce taux de passage au grand-choix relativement faible comme la réponse à ces interrogations ?
En tout état de cause, voilà encore un exemple illustrant la nécessité impérieuse d’une réflexion collective et approfondie comme préalable à toute réforme. Pour ce qui concerne vos projets concernant les langues vivantes dans l’académie, Monsieur le Recteur, on en est encore loin.
Les élus du SNES-FSU à la CAPA des certifiés.