19 mars 2013

Sections départementales

Déclaration préliminaire FSU-22 au CTSD du 18 mars 2013

A Monsieur le Directeur Académique des services de l’Education nationale, A Mesdames et Messieurs les membres du CTSD.

Nous tenons d’abord à remercier les services de la Direction Académique pour les documents fournis qui ont permis de préparer nos demandes formulées lors des groupes de travail. Ceux-ci ont, une fois encore, prouvé leur utilité.

Les groupes de travail qui se sont tenus avant ce CTSD n’ont pas apaisé nos craintes sur les conditions de la rentrée qui se profile.
En effet, au vu des documents, les moyens alloués aux établissements du second degré du département sont loin de l’ambition affichée par le ministre Peillon. Alors que les effectifs du second degré continuent d’augmenter, avec une prévision de plus de 440 élèves supplémentaires, les moyens accordés ne sont pas à la hauteur d’une telle croissance, notamment après tant d’années de suppressions de postes.

D’après les informations fournies, si le solde de 16 créations de postes en collège est une avancée qui va dans le bon sens, et si la situation prévue pour les lycées professionnels est un peu moins mauvaise qu’annoncée avec un solde de 6 suppressions pour -9 ETP annoncés, nous déplorons le solde de 7 suppressions postes en LGT alors que la hausse des effectifs est estimée à 114 élèves. On ne peut que regretter de ne pas voir toutes les possibilités offertes par la dotation se traduire en créations de postes dans les établissements. Cela aurait apporté un peu d’air frais, tant attendu par la profession. Manifestement, dans le second degré, l’ambition affichée pour l’école semble manquer de souffle.

D’autant que d’autres signaux nous interrogent ou nous inquiètent.
Ainsi, la volonté de certains chefs d’établissement de créer des postes spécifiques à coloration dans des disciplines STI2D est un signal inquiétant et injustifié, puisque cela aboutit au choix nominatif d’un enseignant au mépris des règles communes et conduit à une mise en concurrence insupportable des collègues. Nous nous réjouissons que vous ayez annulé cette demande pour le lycée Le Dantec, d’autant que le recteur a confirmé le maintien du moratoire et s’est engagé à empêcher la multiplication de ce type de postes pour ne pas introduire de confusion dans la gestion des postes de STI2D dans le cadre de la réforme en cours.

D’autre part, de multiples supports (des berceaux de 6 ou 15 heures) ont été ou vont être réservés pour les besoins de la formation initiale. La FSU a vigoureusement défendu et continue de défendre le principe d’une formation initiale digne, indispensable dans le cadre d’une revalorisation de nos métiers passant par leur attractivité. Nous regrettons toutefois que les stagiaires soient encore et toujours considérés comme moyen d’enseignement à part entière ! Nous redoutons les conséquences de ce choix en terme de postes pour le mouvement intra-académique et pour les conditions d’affectations des collègues TZR et non-titulaires.

Enfin, les nombreux BMP à faible quotité, les heures supplémentaires toujours aussi nombreuses et les compléments de service injustifiés au regard des HSA proposées, sont autant de signaux qui n’annoncent pas une rentrée apaisée et laissent entrevoir des difficultés dans le fonctionnement des établissements, ainsi qu’une dégradation sensible des conditions de travail des personnels, notamment les plus fragiles. Nous contestons avec force les compléments de services donnés qui auraient pu être évités simplement par une transformation d’heures supplémentaires en heures postes. A fortiori si l’on considère les besoins
en supports nécessaires pour les stagiaires et le risque de conditions d’affectation dégradées pour les TZR et les contractuels.

En outre, la FSU tient à réaffirmer son attachement à la présence continue d’au minimum un conseiller principal d’éducation -complet- dans chaque établissement, puisqu’il constitue avec les professeurs-documentalistes, les conseillers d’orientation, les personnels infirmiers et les assistants sociaux, des équipes pluriprofessionnelles au service de la réussite des élèves. Or, les suppressions de postes ou les fractionnements de services pénalisent immanquablement les élèves.
Nous constatons que bien des logiques de la réforme Chatel perdurent et que leurs mécanismes continent d’oeuvrer à la destruction des postes en lycée, au mépris des effectifs en hausse, à travers une autonomie des établissements qui révèle une réalité peu glorieuse : celle du renvoi au local de la gestion de la pénurie.

Cette politique présente de nombreux vices :

  • le renforcement de pouvoirs hiérarchiques parfois démesurés (pressions pour les heures supplémentaires, pressions pour l’émergence de projets ou voyages...) ;
  • la mise en concurrence des disciplines et des collègues, provoquant des tensions et du mal être au travail ;
  • un accroissement des prescriptions et injonctions parfois contradictoires avec un empilement de réunions et de tâches (livrets de compétences, évaluation de l’histoire des arts, etc.) source de fatigue ;
  • la mise en place de dispositifs de remédiation bricolés et peu efficaces ;
  • Mais… toujours pas de formation continue digne de ce nom !

La FSU tient à rappeler son opposition à cette « réforme » que le ministre Peillon tarde à abroger ou corriger, dont le principe même consiste à déporter de nombreuses heures —autrefois garanties pour tous— vers des arbitrages politiques locaux, notamment en terme de dédoublement ou de choix d’options qui ne sont pas entièrement financés par les autorités académiques. Toutes ces logiques aboutissent à des tensions dans les équipes pédagogiques et donc de nombreuses différences entre les établissements tant en terme de conditions d’exercice (pour les seuils de dédoublements par exemple) que d’offre de formation, ce qui pose la question de l’égalité entre les territoires.

À ce propos, la création d’une filière ST2S dans un établissement privé confessionnel, contre l’avis du rectorat, va fragiliser encore un peu plus le service public d’éducation dans le secteur de Paimpol, ce que nous ne pouvons accepter. Nous demandons aux autorités académiques de prendre les mesures qui s’imposent pour préserver le service public d’éducation.

Il faut entendre les personnels qui attendent un souffle nouveau, ce souffle dont les établissements ont besoin pour offrir aux citoyens un service public de qualité et pour permettre aux collègues d’accomplir leurs missions avec le sentiment du travail bien fait.

La transformation d’heures supplémentaires en heures postes serait un premier signal positif qui irait dans le bon sens. Les heures supplémentaires doivent rester une possibilité d’ajustement à la marge et non un levier pour supprimer des postes. C’est pourquoi en dépit des avancées constatées, nous ne pouvons nous satisfaire de cette dotation et de la proposition de ventilation.

La refondation de l’école portée par le ministre Peillon ne se fera pas sans les personnels. Des personnels revalorisés et libérés de tout autoritarisme local afin d’être pleinement engagés dans la réussite de tous les élèves. C’est pourquoi nous serons à Paris, le 6 avril prochain, pour réaffirmer notre attachement au service public d’éducation qui passe par une revalorisation de nos métiers.

La FSU vous remercie de votre attention.