Sous le vocable de « rupture », le Président de la
République et son gouvernement travaillent d’arrache
pied à une transformation radicale du modèle
social français. Prenant appui sur une France qui
serait en faillite, sur un modèle social qui ne serait plus
tenable financièrement et qui découragerait le travail,
Sarkozy annonce sa volonté d’élaborer un "nouveau
contrat social" dont les trois piliers
sont travail, mérite et égalité des chances.
Il développe au passage sa vision de la
solidarité liée à "la responsabilité individuelle
et au mérite". Cela lui permet par
exemple de remettre en cause les 35 heures
et le droit du travail, d’imaginer un
dispositif pour faciliter les licenciements,
de remettre en cause le SMIC "qui progresse
sans lien avec l’activité", de
contrôler davantage les chômeurs toujours
soupçonnés de ne pas vouloir travailler
! Au nom de l’équité il lance la réforme
des régimes spéciaux de retraite et
dans le même temps il autorise des
cadeaux fiscaux aux plus riches à hauteur
de 13 milliards d’euros par an, privant ainsi
le pays de ressources importantes au développement
des services publics dont une des missions est justement
de corriger les inégalités. Sur la fonction
publique, il s’est longuement
exprimé à Nantes sur la nécessité
d’une « refondation » avec la
remise en cause des concours
d’accès, l’introduction des
contrats de droit privé, l’individualisation
des carrières, l’avancement
au mérite… le tout
sur fond de réduction drastique
des moyens.
Autant dire qu’il s’agit d’une
destruction programmée des
services publics : redéfinition
des missions de l’Etat, réorganisation
des services, moindre
présence des services sur le
territoire. La réduction de la
carte judiciaire est déjà lancée,
celle de la carte hospitalière est annoncée.
A l’Education nationale, l’offre de formation (options,
enseignements mais aussi établissements) et les programmes
sont en ligne de mire ; la réussite du plus
grand nombre est gravement compromise.
Moins d’Etat, moins de garanties collectives, responsabilisation
et individualisation, augmentation du temps
de travail via les heures supplémentaires… Sarkozy
veut vite réformer. Il ouvre plusieurs fronts en même
temps mais ne traite jamais les questions qui préoccupent
les français à savoir l’emploi et le pouvoir d’achat.
Aucune réflexion sur les politiques publiques et leur
financement, aucune réflexion sur la protection sociale
et les retraites mais l’application d’un dogme : réduction
des dépenses publiques. Peu importent les dégâts
causés !
Face à cette politique dévastatrice, une urgence : informer,
montrer la cohérence des réformes
lancées, montrer qu’il existe d’autres solutions,
agir ! C’est le sens de la campagne
que le Conseil National du SNES a lancée
dès le début septembre et que nous
avons mise en œuvre dans notre académie
notamment en organisant des visites
d’établissements.
Parce qu’au SNES et à la FSU nous sommes
convaincus que la grève s’impose,
nous avons multiplié les contacts à la fois
avec les fédérations de l’Education et les
fédérations de fonctionnaires afin de
construire au plus vite, dans l’unité la plus
large, les répliques nécessaires.
Diverses actions ont déjà vu le jour :
contre la loi Hortefeux sur l’immigration
et les tests ADN, contre les franchises médicales.
La journée d’actions du 18 octobre contre la réforme
des régimes spéciaux de retraites a constitué une
étape essentielle de la mobilisation
contre la politique de
Sarkozy ; la réussite de cette
journée a aussi pesé sur la
décision d’appel à la grève dans
la Fonction Publique.
Réunies le 22 octobre, les
fédérations de fonctionnaires
ont constaté que le gouvernement
restait sourd à leurs
revendications et ont décidé
d’appeler à la grève le 20
novembre sur les questions
d’emploi, de salaires et des
missions de la Fonction
Publique.
Dans ce cadre, les fédérations
de l’Education Nationale (FAEN, CGT, FSU,
SGEN,UNSA), estimant elles aussi que l’heure est
venue à une riposte d’envergure pour obtenir un nouveau
budget et donner un nouvel élan au système
éducatif, appellent les personnels de l’Education à participer
massivement à cette journée de grève. Elles
appellent également à poursuivre la campagne d’opinion
lancée par 17 syndicats et associations en faisant
largement signer la lettre pétition, réponse à la lettre de
N. Sarkozy aux éducateurs.
Michelle Carmès