19 juin 2014

Actualité académique

FPMA* mutations intra - 19 juin 2014 - Déclaration de la FSU

Monsieur le Recteur, Monsieur le Secrétaire général, Mesdames, Messieurs

L’ouverture de la FPMA est un moment particulier, toujours solennel, et marque l’attachement de notre académie au bon fonctionnement du dialogue social. La FSU tient particulièrement à remercier l’ensemble des services académiques qui ont travaillé pour construire ce projet de mouvement, particulièrement les DOS et la DPE avec qui les échanges ont été nombreux en amont des commissions, pour repérer les incohérences du projet d’affectation et préparer des améliorations qui seront validées en séances. Comme toujours, l’application de règles communes à tous les candidats et le respect des barèmes individuels doivent guider chacune des décisions d’affectation.

Avant d’aborder plus en détails les premières tendances de ce mouvement, vous nous permettrez, Monsieur le Recteur, de décentrer quelque peu notre regard. Nous cernerons ensuite les conditions de la rentrée 2014 qui ne sont pas sans effet sur la qualité de ce mouvement Intra-académique.

Depuis quelques semaines, le collège est au coeur de polémiques vives, nourries d’antagonismes anciens et récurrents. Pourtant, comme s’y est attaché le Conseil Supérieur des Programmes, les évolutions nécessaires se feront par la recherche d’un consensus, partagé avant tout par l’ensemble des personnels car leur adhésion est un levier majeur de progrès. La consultation de la profession, annoncée pour l’automne par le Ministre, sur le nouveau socle commun de connaissances, de compétences et de culture, doit être l’occasion d’un large débat pour contourner toute position dogmatique.

Diversifier les conditions d’apprentissage, faciliter les projets collectifs à la main des équipes, définir clairement les savoirs et des compétences associées avec des repères annuels dans des programmes disciplinaires nationaux, préparer toutes les transitions, école/collège et collège/lycée, voilà quelques orientations défendues par la FSU pour construire un collège humain.

Un collège humain et ambitieux à la fois, capable d’être en prise avec des questions complexes auxquelles les élèves doivent être confrontés dans le cadre scolaire. Il appartient en effet à l’école de préparer les futures générations à comprendre les grands enjeux du monde contemporain pour que chacun, une fois à l’âge adulte, soit en mesure de participer aux évolutions de nos sociétés. Le recours plus marqué de jeunes générations peu qualifiées aux idées d’extrême droite, révélée aux dernières élections, pousse à renforcer le rôle émancipateur des savoirs dans l’école de la République et à revendiquer l’accès aux diplômes pour tous.

Le réaménagement du DNB semble engagé, avec la volonté de fusionner l’actuel DNB et une validation du nouveau socle. Une simplification des différentes évaluations en fin de troisième s’impose mais la dimension nationale et certificative du diplôme ne doit pas être réduite. La part du contrôle continu devra aussi être clarifiée. Plus généralement, la FSU s’oppose à toute dérive vers le contrôle continu en cours de formation. Le CCF dans les filières professionnelles et dans certains BTS ou encore les ECA en LV en terminales ont des effets discutables sur les diplômes, en plus de faire porter une lourde responsabilité sur les personnels tout en augmentant leur charge de travail.

La période des écrits du baccalauréat a une fois encore réveillé un certain nombre de commentaires sur son coût ou son utilité... Plus du quart d’une génération quitte pourtant le système éducatif sans le bac, alors qu’il constitue une référence pour les salaires dans les conventions collectives, qu’il est une première protection contre la précarité et qu’il engage à la poursuite d’études.

Notons que la démocratisation de l’accès aux études supérieures s’impose d’ailleurs avec force comme le nouvel objectif du système éducatif. La FSU partage cette ambition. Dans l’Académie, Monsieur le Recteur, vous êtes aussi particulièrement attentif à l’accompagnement et à la réussite des bacheliers professionnels en BTS.

Alors, qui peut donc encore soutenir que certains élèves passés 16 ans n’auraient plus leur place à l’école ? Tous les élèves sont capables de réussir et le collège doit préparer l’entrée dans l’une des trois voies du lycée. Le rôle des CIO, leur implantation actuelle dans l’académie et les missions des COpsy auprès des jeunes et de leurs familles sont déterminants pour expliciter les parcours, construire les projets et encourager l’ambition scolaire. La cohérence du second degré peut encore se renforcer, les modalités d’évaluation et les procédures d’affectation doivent être clarifiées, les choix d’orientation respectés.

Le nouveau décret qui encadre les services et les missions des personnels du second degré doit entrer en application à la rentrée 2015. La FSU déplore que ce nouveau texte n’apporte pas les améliorations attendues par nos professions : réduction des obligations de service pour dégager le temps nécessaire aux collectifs de travail, amélioration des salaires après des années de dégringolade du pouvoir d’achat. Cependant, les mesures prises pour accompagner au quotidien nos collègues dans les réseaux REP+ de l’éducation prioritaire vont dans le bon sens et montrent que nos revendications ont pris sens pour le Ministre.

Ce nouveau décret affirme clairement notre identité professionnelle par des obligations de service hebdomadaire, pour un enseignement clairement disciplinaire, préservant nettement les collègues de tout service bivalent non souhaité. Alors que certains agitent les risques de l’annualisation des services, nous répondons que le nouveau décret s’inscrit exactement dans ceux de 50, réaffirmant que nos statuts particuliers sont dérogatoires pour l’organisation du temps de service, dans le cadre protecteur du statut général de la Fonction Publique.

C’est bien davantage la reconnaissance de nos métiers et de nos missions qui est actée dans ce texte. De nouveaux éléments doivent maintenant trouver leur mise en oeuvre académique et se traduire par une amélioration sensible pour tous les personnels, tant pour leurs conditions de travail que pour le renforcement de la transparence et de la démocratie dans la gestion des établissements. Vous vous êtes prononcé, Monsieur le Recteur, pour des discussions paritaires sur ces sujets bien en amont de la préparation de rentrée 2015. La FSU s’engagera dans cette démarche de concertation avec le souci d’un dialogue social utile qui doit déboucher sur de réelles avancées. Les tensions sociales vives que traversent certains secteurs aujourd’hui illustrent l’impatience des salariés à être écoutés et respectés.

La revalorisation de nos métiers et de nos carrières ne peut plus attendre. Dans un contexte de pénurie de l’emploi, la crise de recrutement dans nos secteurs s’installe durablement et illustre sèchement le désintérêt des jeunes étudiants pour nos professions. La FSU réaffirme qu’il y a urgence à pré-recruter, qu’il faut ouvrir des postes aux concours internes ou réservés aux collègues contractuels, qu’il faut prendre des mesures immédiates en faveur des ASEN se destinant à nos métiers. En outre, replacer au plus vite tous les stagiaires à l’échelon 3 et en service allégé devant les élèves serait aussi un signal positif en direction de tous les étudiants.
Pour l’heure, les postes non pourvus dans les différents concours font craindre des difficultés importantes dans les académies à la rentrée faute de professeurs devant les élèves. Pour l’académie de Rennes, la dynamique démographique dans le second degré public sera une autre source de tensions. Sur le bassin de Rennes, des établissements totalement saturés ont poussé les services départementaux de l’EN à repenser la carte scolaire. Cette volonté de l’administration que la FSU a encouragée, ne suffira hélas pas.

Où sont les projets de constructions de nouveaux collèges et lycées publics pour répondre aux évolutions démographiques des territoires ? Des mobilisations citoyennes s’organisent. C’était par exemple le samedi 15 juin à Elven avec 300 personnes réunies pour exiger du maire qu’il cède définitivement un terrain de foot prévu pour le futur collège. En attendant ce nouvel établissement public, des élèves continueront de faire 1h30 de trajet par jour pour regagner leur collège public de secteur. Le collège privé d’Elven a encore quelques belles rentrées en perspective...

J’en viens au projet de mouvement, dont la qualité se trouve dégradée. Deux éléments expliquent cette érosion des taux de satisfaction.

Tout d’abord, le solde de postes créés à la rentrée dans les établissements est inférieur à celui de la rentrée 2013 : 21 contre 43, avec un écart sensible en collège. Avec 94 créations et 85 suppressions, le solde des postes en collège est en effet en net recul : + 9 postes créés contre + 52 postes à la rentrée 2013. L’écart des dotations en emplois entre 2013 et 2014 explique en partie cette baisse. La rentrée 2014 se prépare en effet avec 100 emplois supplémentaires attribués par le Ministère. Alors que l’an dernier, l’académie de Rennes obtenait 175 emplois supplémentaires, ce sont 251 emplois qui ont été réellement implantés.

Au delà des effets sur le mouvement, ce sont surtout les conditions d’accueil des jeunes dans le réseau public qui vont se dégrader. 2 600 élèves de plus dans les collèges et lycées publics à la rentrée 2013, au moins 2 200 supplémentaires à la rentrée : la FSU demande que tout soit mis en ?uvre pour ouvrir les divisions nécessaires afin d’accueillir tous les jeunes qui le demandent dans le réseau public tout en desserrant les effectifs par classe. L’annulation des heures supplémentaires pour consolider des BMP ou revoir des services partagés serait une première étape.

Les très nombreux postes réservés pour les stagiaires sont un facteur supplémentaire qui réduit les possibilités de mouvement des titulaires. La FSU revendique pour tous les collègues entrant dans le métier un service à tiers temps sur une partie de service du tuteur. Les conditions faites à certains jeunes collègues qui auront à assurer des services sur deux établissements pour atteindre un temps complet voire un mi-temps devant élèves ne sont pas acceptables. Ces berceaux doivent être impérativement aménagés. Alors que les recrutements s’effondrent faute de candidats dans certaines disciplines, les services académiques peuvent agir localement et améliorer les conditions de stage.

Nos collègues entrants sont particulièrement pénalisés dans un tel contexte. Les affectations dites en extension, lorsque les collègues ne sont pas nommés sur leurs voeux, voient leur part bondir de 18 points. Près de 50% des entrants arrivent d’ailleurs sur une ZR, contre 30% l’an dernier. Les TZR de l’académie ont aussi plus de difficulté à obtenir une stabilisation en établissement, à peine 15% des candidats TZR. Pour les candidats titulaires d’un poste en établissement, leur mobilité est réduite de presque 10 points.

Soulignons que dans les disciplines professionnelles, 81 postes restent vacants après mouvement alors que des collègues demandeurs sont affectés hors de l’académie, notamment des collègues ex non-titulaires.

Par exemple, en bois, en Génie civil et construction, en Peinture-revêtement, en Arts appliqués, en Biotechnologies, les prochaines capacités d’accueil de la phase INTER 2015 devront tenir compte de ces incohérences.

La FSU déplore une qualité moindre du mouvement INTRA cette année. Pour autant, elle n’acceptera pas que des optimisations soient proposées en dépit des règles en usage. Chaque affectation qui sera validée en commission paritaire doit pouvoir être expliquée en toute transparence aux candidats qui en feraient la demande.

Pour finir, Monsieur le Recteur, les élus de la FSU souhaitent saluer le DRH de l’académie. Nous pensions qu’avec 10 ans sur le poste, M. Vauléon attendrait la bonification des 12 ans d’ancienneté pour gagner plus de points dans son projet de mobilité. Mais vous quitterez, Monsieur Vauléon, votre poste à la rentrée. Nous vous souhaitons un bon poste de réaffectation, suite à cette mesure de carte scolaire incontournable.

Vous partez avec la reconnaissance des élus de la FSU et ça, ça vaut bien plus de 1500 points.