19 mars 2003

Actualité académique

Projet de carte des langues : le SNES s’adresse au Recteur et au Ministère

Le projet de carte des langues que prépare le Recteur fait peser de graves menaces sur l’enseignement des langues vivantes, notamment sur l’allemand. il conduira immanquablement à la suppression de nombreuses sections d’allemand LV1. Dans un premier temps les postes en collège sont concernés, mais à terme cela aura à coup sûr des conséquences dans les lycées. Le SNES académique a donc pris l’initiative de s’adresser par fax au recteur afin de lui rappeler l’opacité dans laquelle cette réforme a été mise en oeuvre et les effets désastreux qu’elle impliquerait. Nous avons joint à ce courrier une demande d’audience en urgence sur ce dossier. Nous avons par ailleurs demandé à nos camarades de la section nationale d’intervenir au Ministère.

à

Monsieur le Recteur Marc DEBENE
Rectorat de l’Académie de Rennes
96, rue d’Antrain
35000 RENNES

Monsieur le Recteur,

A l’automne 2001, vous avez lancé la réflexion sur un projet de carte des langues dont le but était d’assurer une diversification maîtrisée de l’offre de langues vivantes. Vous avez souhaité que cette réflexion s’engage au niveau des bassins d’animation de la politique éducative, c’est à dire sans aucune concertation avec les premiers concernés que sont les parents d’élèves et les représentants des personnels, alors que nous avons nous-mêmes régulièrement demandé à être associés aux travaux menés en vue de ce projet. Cela nous a toujours été refusé et aujourd’hui, force est de constater que l’objectif fixé n’est pas atteint.

En effet, lors de la première phase de cette réflexion, les BAPE ont proposé 45 pôles destinés à assurer l’enseignement de l’allemand en tant que première langue vivante, en continuité d’un apprentissage que les élèves auraient débuté dès le CE2. A ce stade, cela constituait d’emblée un recul sans précédent puisque deux tiers des sections allemand LV1 des collèges publics de l’Académie étaient appelés à disparaître.

Dans un deuxième temps, les Inspections d’Académie ont ramené à 25 le nombre de pôles allemand. Des secteurs entiers de l’Académie étaient dès lors dépourvus, notamment les zones rurales du centre Bretagne. Dès lors, M. Le Recteur, l’égalité des élèves au regard du service public d’éducation n’est plus garantie ; pour les élèves, c’est leur commune de résidence qui déterminera la langue vivante qu’ils apprendront du CE2 à la Terminale. Peut-on alors objectivement parler de choix ?

Par ailleurs, la mise en œuvre de cette politique est éminemment contestable. Car elle a débuté dès la rentrée de septembre 2002, sur la base de pôles virtuels puisque vous êtes, à l’heure actuelle, en train de les valider ou les écarter, sur la base d’effectifs constatés en CM2 et concernant des élèves qui, pour la plupart, n’ont pas eu le choix de la langue qu’ils apprennent aujourd’hui. D’après vos services et selon les départements, 4 à 25 % seulement des élèves de CM1-CM2 se sont vu proposer deux langues vivantes. Ainsi, aujourd’hui dans l’académie, 96 % des élèves de ces niveaux apprennent l’anglais. Dans ces conditions, vous ne pouvez vous appuyer sur une prétendue demande sociale pour envisager une fermeture massive de sections allemand LV 1 en collège. Dans ce dossier, seule l’offre a été déterminante.

Mais parallèlement, vous avez choisi d’imposer à la majorité des élèves de CE2 la langue enseignée sur le pôle dont ils dépendent. Ainsi en Ille-et-Vilaine et dans le Morbihan, aucune classe de CE2 ne s’est vu proposer le choix entre deux langues vivantes, ce qui a par ailleurs été souvent mal perçu par les parents d’élèves. Il est à craindre que, dans ce cadre, vous ayez d’ici trois ans, et peut-être même avant, à faire face à des demandes massives de changement de LV 1 à l’entrée au collège.

Nous savons que vous avez décidé de maintenir le cap quant à la mise en œuvre de ce projet. Nous souhaitons par ce courrier vous faire part de notre totale opposition ainsi que du rejet de nos collègues qui aujourd’hui commencent à se mobiliser pour le dénoncer.

Pour toutes ces raisons, nous avons l’honneur de solliciter de votre haute bienveillance une audience en urgence sur ce dossier. Dans l’attente d’une réponse favorable de votre part, nous vous prions, Monsieur le Recteur, de bien vouloir agréer, l’expression de nos sentiments respectueux.

Michèle CARMES
Thérèse JAMET-MADEC
Vincent PLE