Le SNES-FSU assure la publicité des actions menées collège par collège contre la réforme Collège 2016. Vous lirez ici un recensement de ce qu’il s’est passé au cours de la formation J2.
Les témoignages ci-dessous sont des paroles libres de collègues, syndiqués ou non. Ils racontent avec leurs mots et leur ressenti leur formation J2 : deuxième journée de formation,
G. Le Paih, secrétaire général du SNES FSU Bretagne
Pour publier ce qu’il se passe dans votre collège adressez un mail aux adresses suivantes : sans-nous@rennes.snes.edu ou à s3ren@snes.edu
Première demi-journée J2 dans le 56
Présence:Côté formateurs : 2 IPR, IA-IEN du secteur et 2 Conseillères pédagogiques du 1er degré, la direction (ppale et adjointe)Côté « formés-formatés » : PE CM1-CM2 du secteur, enseignants du collègePrise de parole de l’IA-IEN, qui annonce de suite la couleur : la réunion se terminera à 19h30, pour que chacun puisse profiter de sa soirée. Présentation du cycle 3, avec diaporama insipide, illisible... avec commentaires des plus succincts et peu motivants (à se demander s’il y croyait lui aussi). Rapidement présentation des 4 ateliers en lien avec les 4 composantes du domaine 1 du socle Langages pour penser et communiquer :
- atelier 1 : les collègues de français, histoire-géographie , deux PE et un formateur pour animer la formation-réflexion sur comprendre et s’exprimer en utilisant la langue française à l’oral et à l’écrit ( petite réflexion dans la salle :« Dans les autres matières, on s’exprime en chinois !!! »)
- atelier 2, sur le même principe mais avec les collègues de langue
- atelier 3 idem, avec sciences et maths
- atelier 4 avec arts et EPS
Dans notre atelier 3, prise en main par une CP du 1er degré...assez rigide, avec distribution en nombre réduit d’un tableau « Appréhender la complexité et la progressivité des apprentissages sur le cycle » (même tableau dans chaque atelier), où sont attendues compétences à développer, pratiques à mettre en oeuvre, outils à utiliser, travail sur la différenciation, critères et modalités d’évaluation sont à renseigner par niveau du cycle. Rapidement, les collègues pointent les problèmes qui vont se poser dans les échanges entre enseignants (PLC sciences du collège, PE des écoles du secteur), soit toute la mise en oeuvre du cycle 3 : par manque de repères de progressivité, manque de temps de concertation, manque de réels moyens pour impliquer plus l’élève (au collège, « bagarre » pour maintenir les gpes sciences...rien n’est encore fixé)....Résultat, l’IA-IEN s’installe, et ce fut un échange courtois mais précis sur la réforme, son « impossible » mise en place en l’état actuelle...chacun sur sa position ! A noter certaines choses dites et qui peuvent être intéressantes :
le privé par IA-IEN : il serait grand temps que l’on regarde un petit peu ce qui se passe dans le privé, certaines choses sont plus que nébuleuses...les parents qui envoient leurs enfants regarderaient à deux fois s’ils savaient (sic)
la concertation avec les PE : profitez des liaisons Ecole-Collège, même si seulement 2 réunions sont statutairement prévues. De toute façon, les 104h prévues pour les PE ne pourront pas être extensibles, donc le dialogue sera réduit. Traduction : « on ne vous donne pas les moyens ».
Retour en plénière, avec pour résultat final : aucune synthèse dans les 4 ateliers... des profs qui rendent copie blanche, et des formateurs qui ne s’en étonnent guère. Par contre, cela a échangé !19h30 : fin de la réunion, tout le monde s’en va.Et quand l’IPR vient voir un collègue pour savoir ses attentes pour la J2-2 de la semaine prochaine... celui-ci répond : « l’abrogation ».Donc une soirée bien entamée, rien de nouveau, des personnels de direction qui voient de plus en plus les soucis se profiler pour EPI, AP, EDT...Suite la semaine prochaine et lors du conseil pédagogique.
2e journée J2 d’un collège du 35
(pour le cr de la 1re journée cf le 2e cr ci-dessous)
Nous avons subi notre deuxième demi-journée J2 mercredi 3 février l’après-midi, il s’agissait cette fois de « formation » au « cycle 3 » avec les professeurs des écoles (publiques) du secteur.
Etant donné les clash qui avaient eu lieu entre des collègues et le chef d’établissement suite à la 1re partie de J2, nous nous sommes réunis le midi la veille pour ajuster notre position commune ainsi que pour préparer le CA qui avait lieu également.
Nous avons ainsi décidé de présenter une motion au CA (à laquelle nous voulions associer les parents et les élèves) pour dénoncer les suppressions d’heures (un poste de Techno est perdu entre autres) liées à la Réforme : les parents d’élèves FCPE et l’association locale des parents d’élèves nous ont suivis sans problème. Cependant nous ne pouvions pas les entraîner à voter contre la DGH dans la mesure où c’est le collègue lui-même qui de guerre lasse demandait la suppression de son poste, pour ne pas « rater » une des dernières occasions pour lui de se recaser pas trop loin.... au bout de 17 années d’ancienneté dans le poste, quand même.... Ce fut donc l’abstention....
Nous avons également posé les grandes lignes d’une déclaration préliminaire qui devrait être lue au début de la « plénière » de J2, afin de montrer à la fois notre fermeté, et aussi d’informer nos collègues du primaire....
Ce fut fait, et nous avons été assez déçus du silence glacial et désapprobateur des enseignants du primaire, qui visiblement ne voulaient rien savoir des conséquences de la réforme, pas seulement pour nous (pour l’instant, ce n’est que nous, c’est vrai) mais aussi pour nos élèves. (Remarque : on constatera que le ministère a fort bien joué depuis pas mal d’années pour opposer les personnels du primaire et du secondaire, c’est gagné, ça a marché ! plus une seule once de solidarité.....)
Voici donc le texte que nous avons lu (nous avons ensuite proposé un autre ordre du jour, qui n’a pas été suivi d’effet, tout le monde s’est ensuite rendu dans une grande salle pour se répartir à volonté et faire ce que bon nous chantait, seuls les enseignants du primaire ou presque se penchaient sur les programmes) :
« Les professeurs du collège xxxxxxxxx tiennent à expliquer à leurs collègues professeurs des écoles les raisons de leur position : ils sont particulièrement mécontents des »journées de formation" qui sont imposées pour accompagner la mise en place d’une Réforme à laquelle s’oppose la grande majorité des personnels :
- d’abord, il ne s’agit pas véritablement de « formation » : ces journées sont sans contenu concret et utilisable, se résumant à de vagues justifications générales du « bien-fondé » de la réforme ; les formateurs n’ont pas de réponses précises à apporter aux questions qui leur sont posées ; les professeurs estiment que ces journées ne répondent pas à leurs besoins ;
- de plus, l’organisation des séances est infantilisante (les groupes de travail sont constitués autoritairement, il faut se forcer à répondre à des questionnements vagues, l’ordre du jour des séances de formation n’est JAMAIS connu à l’avance) ;
- ensuite, les personnels enseignants du collège n’acceptent pas :
- qu’on tienne à leur égard des propos culpabilisants (nous n’aurions pas à cœur la réussite de nos élèves),
- qu’on utilise la menace de retraits sur salaire pour travail non fait (le refus de travailler selon les modalités imposées serait assimilable à un acte de grève),
- qu’on cherche à exercer des pressions particulières et ciblées sur le déroulement de carrière individuel de certains enseignants, là aussi sous la forme de menaces ;
- enfin, la succession des « journées » dites « de formation » est conçue de façon totalement illogique : alors même que les journées de formation disciplinaire (pour s’approprier les programmes par disciplines) n’auront lieu que dans deux mois au plus tôt, il faudrait aujourd’hui harmoniser les programmes du cycle 3 avec les professeurs des écoles !
Les professeurs du collège entendent désormais être considérés comme des personnels qualifiés adultes et se déclarent solidaires des collègues qui ont subi des pressions."
Autre remarque : l’inspectrice du primaire qui était là a avoué que ses collègues inspecteurs affrontaient ces « formations » avec terreur, étant donné le climat délétère.
un collège du 22 s’adresse à l’IPR intervenant dans la formation pour anticiper la J2
courrier formateurs journée 2
La première journée de formation concernant la mise en place de la réforme du collège vient de se terminer pour l’ensemble des collègues.
Avant d’aborder la seconde journée prévue à la fin du mois, nous, enseignants du collège XXXXXXXX avons quelques demandes à formuler pour que cette formation puisse correspondre aux attentes de l’ensemble de la communauté et ainsi être profitable à tous.
En effet, une majorité d’enseignants du collège était opposée à la réforme présentée et espérait que la première journée de formation pourrait au moins, si ce n’est convaincre du bien fondé de cette réforme, éclaircir certains points restés très flous et/ou semblant impossibles à gérer :
- -Qu’attend-t-on de nous pour les EPI ou en AP ? Pourrions-nous voir des exemples concrets et réalistes ?
- -Comment sommes-nous supposés gérer de front EPI, AP et les changements de programme sur 4 niveaux en une seule année, en plus des heures de concertation nécessaires à la mise en place de l’ensemble ?
- - Quelle place pour les TZR ? Comment un TZR est-il supposé se greffer sur les projets existants lorsqu’il est affecté sur 2, 3 ou 4 établissements différents ?
- -Que faire concernant les progressions par cycles et les EPI pour les élèves de plus en plus nombreux qui changent d’établissement une ou plusieurs fois durant leur scolarité ?
- -Comment gérer l’AP à 30 élèves par classe ?
Le minimum attendu était d’obtenir des réponses précises aux questions légitimes que nous nous posions (et nous posons encore) et que l’on nous apporte des éléments concrets et des informations pratiques concernant la mise en place d’une réforme très contestée.
Cette réforme ne pourra se faire sans les enseignants, et encore moins contre eux. Malheureusement cette première journée n’a fait qu’accentuer le sentiment de malaise et de rejet face à cette réforme : en effet le refus « d’une formation descendante » et la fin de non recevoir opposée à la majorité des questions posées ont donné l’impression tenace que les formateurs n’avaient hélas rien à apporter pour nous aider à appréhender cette réforme et nous convaincre de son bien fondé.
Aussi, en vue de la prochaine après-midi, nous vous demandons de nous apporter des informations pratiques, de véritables pistes de réflexion et exemples de ce qui est attendu de nous, et non une simple lecture à voix haute d’extraits du B.O. et mise en ateliers vécus comme aussi inefficaces qu’infantilisants.
compte rendu n° 2 d’une J2 dans le 35
Après la déception et l’exaspération générées par la J1, c’est pendant la semaine de la DGH et de préparation du CA qu’est programmée cette première partie de J2 : autant dire que notre détermination à enrayer la machine à décerveler et à formater n’a pas faibli !
D’ailleurs, les enseignants ont pris soin de se concerter en heure syndicale pour adopter une position commune : le silence et l’inertie, le refus de rendre quelque document que ce soit, le refus d’être séparés en petits groupes (pour atomiser la résistance), le refus d’émargement ont été des pistes proposées comme réactions possibles en fonction de ce qui nous serait proposé.
Dans nos locaux, donc, 20 mn de "plénière" dans une salle de réunion avec "diaporama" rabâché sans entrain par l’inspectrice, visiblement crispée, de même que le chef d’établissement et le formateur invité. Silence de notre côté. Le "planning" proposé, comme on pouvait s’y attendre, "saucissonne" l’équipe en sous-groupes, dont certains, visiblement, ont été passés aux profits et pertes, car composés en grande partie de personnes inconnues (profs rattachés à l’établissement peut-être ?) et d’opposants déclarés à la réforme, tandis que d’autres semblent avoir été composés de façon à avoir à leur tête (comme rapporteurs) un binôme sur lequel compte la direction pour "produire" un résultat. Il faudra en effet remplir des fiches pour produire des séquences AP et EPI "formalisées", c’est-à-dire en somme interchangeables, refourguables, conçues pour "l’élève et la classe lambda".... Au lieu de la "restitution" en plénière vers 19h10 prévue sur le planning, les formateurs annoncent que les fiches pourront être rendues plus tard, sans doute pour éviter d’avoir à "ramasser" des feuilles blanches en fin de séance.
Peine perdue, conformément à ce qui avait été décidé en réunion, les professeurs prennent 5 mn pour se concerter et affiner leur réponse : au lieu de se disperser dans les salles (pas chauffées après 17h), il est décidé d’utiliser le CDI, beaucoup plus vaste, où ils pourront s’organiser et se répartir comme ils voudront, échanger s’ils le souhaitent, ou pas, voire ne pas suivre les directives beaucoup trop cadrées et figées qui sont "imposées" comme allant de soi.
La situation leur échappant, l’inspectrice accuse les professeurs de "ne pas vouloir travailler", menaçant de faire remonter à la SAFOR que nous avons fait la grève du zèle et qu’il faut donc effectuer un retrait sur nos salaires. D’ailleurs, notre "posture syndicale" n’a plus lieu d’être, nous sommes fonctionnaires et devons appliquer.... Le chef d’établissement essaie de jouer la culpabilisation : nous devons travailler "pour nos élèves" (sous-entendu, la fin justifie les moyens, mais quels moyens ? on nous en retire, justement !). Le formateur ose même émettre l’hypothèse incongrue que des collègues parmi nous subissent la pression sociale du groupe qui les empêche de travailler avec le zèle qui serait normal (j’exagère à peine)...
Des collègues revendiquent la possibilité d’échanger A NOTRE MANIERE, et il faut dire que ce n’est pas tous les jours que la parole circule et se libère dans l’établissement, pour une fois que nous sommes tous réunis.... Les idées circulent, les arguments aussi, et ce qui compte pour nous ici, c’est de nous être réapproprié une parole qui nous a été confisquée depuis le début par le Ministère !
C’était nécessaire aussi pour apaiser les tensions nées de la DGH, qui bien entendu, a opposé les disciplines entre elles !
Enfin, désireux de ne pas donner en haut-lieu de verges pour nous faire battre, nous discutons de façon animée jusqu’à 19h30 et au-delà, et signons la feuille d’émargement : après tout, formel pour formel....
Déclaration d’une partie du personnel d’un réseau de collèges du 22 (mercredi 27 janvier 2016 après midi)
" Nous sommes profondément attachés au devenir et à la formation de nos élèves. Nous ne pouvons donc que déplorer l’actuelle réforme en cours de préparation. La forte mobilisation du mardi 26 janvier a d’ailleurs montré le désaccord d’une grande partie de la profession.
Nous sommes confrontés à une réforme mise en place dans l’improvisation, avec un grand manque de clarté, une réforme qui va entraîner une désorganisation programmée des services, une brutalité dans la mise en application avec 4 niveaux concernés en même temps (6e, 5e, 4e et 3e), une réduction d’horaires pour certaines disciplines... Les heures complémentaires serviront surtout à créer ou sauver des postes. Le découpage en cycles pose questions, notamment le très compliqué travail en cycle 3 avec les écoles primaires.
Sous couvert de « faire réussir nos élèves » se préparent en fait la réforme de nos statuts et de notre temps de travail, une nouvelle tentative de passer à une évaluation par compétences pourtant rejetée majoritairement par la profession (qui sert juste à mesurer le degré d’obéissance à une autorité), le retour d’une nouvelle version du socle (système d’évaluation voulu par l’Union Européenne) malgré son lamentable échec, une (nouvelle) réforme du Brevet des collèges, la fin du Collège Unique et donc d’une certaine idée de l’égalité.
Reprendre des recettes qui ne marchent pas, imposer à des personnels une réforme mal préparée... Encore une fois, le Ministère montre à quel point il maltraite son personnel... Sans même parler des élèves... En quoi cette réforme va-t-elle les aider ?
Bien qu’opposés à la réforme, nous souhaitons cependant limiter la désorganisation de septembre. Nous décidons donc de travailler aujourd’hui sur ce qui nous paraît important."
Réponse de l’IPR : "je ne m’exprimerai pas sur les arguments avancés, du moment que vous travaillez sur la réforme, il n’y a pas de soucis...
Nous avons décidé tous ensemble de travailler sur les EPI même si cela vient à cautionner la réforme...
Le premier compte rendu d’une J2 dans le 35
Hier, nous avons du subir la première partie de J2 dans nos locaux.
Nous avons patienté dans la salle des profs, l’adjointe a été envoyée pour nous chercher. Nous nous sommes rendus dans la salle de réunion à faible vitesse. Après une demi-heure de présentation houleuse, de dialogue de sourds, de marques d’irrespect de part et d’autre, l’inspecteur nous a demandé sur un ton glacial de nous rendre en atelier. L’ensemble des collègues a refusé de se séparer. Nous avons donc attendu 2 heures son retour dans la salle plénière sans voir personne. A 19 heures, nous avons quitté le collège en même temps que nos formateurs qui ne nous ont pas adressé la parole.
3 heures de gaspillées, heureusement que le ridicule ne tue pas. L’Inspecteur semble l’avoir très mal pris... Nous non.