Le non-remplacement des professeurs absents est un problème réel. Sans rien régler pour le remplacement des absences longues (nombre insuffisant de TZR...), le ministre impose à travers un décret publié le 27 août un dispositif dangereux malgré l’opposition de tous les syndicats.
Il s’agit de contraindre les enseignants de l’établissement à remplacer leurs collègues pour des absences de moins de deux semaines. Le chef d’établissement doit élaborer un « protocole » en concertation avec les équipes pédagogiques dès le début octobre et le présenter au CA.
Le « volontariat » est sollicité au 1er trimestre et, à compter du 1er janvier, l’obligation [1] s’impose, à concurrence de 5 heures supplémentaires au cours d’une semaine, dans la limite de 60 heures annuelles [2]. L’heure est rémunérée d’une manière spécifique ; par rapport à l’HSE, elle est majorée de 8,7 %.
UN DISPOSITIF QUI NE RÈGLE RIEN POUR LE REMPLACEMENT EN GÉNÉRAL
Le remplacement d’absences supérieures à 2 semaines doit toujours être assuré par des remplaçants. Or il y a 3,5 % de professeurs titulaires remplaçants dans le Second degré contre 7 % dans le Premier degré.
Conséquence : pas de remplacement avant plusieurs semaines dans la plupart des lycées et collèges, voire pas de remplacement du tout dans certaines disciplines.
UN DISPOSITIF DANGEREUX POUR LA QUALITÉ DE L’ENSEIGNEMENT
Nous travaillons déjà en moyenne une quarantaine d’heures hebdomadaires. 5 heures en plus, pouvant être prescrites seulement 24 heures à l’avance, cela ne peut se faire qu’au détriment du reste et représente une importante surcharge de travail. Devra-t-on renoncer à la formation continue pour ne pas imposer à nos collègues une telle contrainte ?
Contribuera-t-on à renforcer la cohésion des équipes en créant un climat délétère dans les établissements, en culpabilisant les absents, en contraignant l’organisation du travail des enseignants ?
UN DISPOSITIF INEFFICACE
Les contraintes d’emplois du temps, de locaux, vont amener inévitablement à remplacer le professeur absent par un enseignant d’une autre discipline, ne connaissant peut-être pas la classe. Au mieux, il fera donc de la garderie.
DES RÉPONSES EFFICACES EXISTENT, RÉCLAMONS-LES ENSEMBLE, AVEC LES PARENTS
D’abord, augmenter le nombre de remplaçants, en passant de 3,5 % à 7 % comme dans le primaire. Pour les absences très courtes, des solutions sont déjà mises en place par les collègues eux-mêmes... Il faut améliorer l’accueil par le recrutement de personnel d’encadrement, assurer les conditions du travail en autonomie (salles de permanence, accueil au CDI), Le ministre répond au problème du remplacement en augmentant le temps de travail de tous. C’est inadmissible et dangereux. Nous devons refuser toute augmentation de notre temps de travail. La section SNES appelle les collègues à refuser toutes sollicitations d’ici le mois de janvier. Pendant ce laps de temps nous devons préparer la riposte. La section SNES de l’établissement organise une consultation sur ce point dans les prochains jours.
Quelques arguments pour le refus
En préambule, rappelons que les problèmes de remplacement sont une des conséquences des suppressions de postes (502 pour l’académie). Le Rectorat se trouve obligé de mettre les TZR sur des postes à l’année et ne dispose plus de remplaçants. Par ailleurs, on ne peut arguer du fait que des professeurs remplacent déjà parfois des collègues absents, car c’est confondre une utilisation exceptionnelle des heures ainsi libérées, pour des raisons pédagogiques ponctuelles, et une obligation qui peut être de longue durée et déconnectée des nécessités pédagogiques, à tout moment de l’année et à tous les niveaux...
Un petit calcul simple montre que 60 heures de remplacement représentent 4 semaines d’enseignement supplémentaires pour un(e)agrégé(e) et un peu plus de 3 semaines pour un(e) certifié(e), ou bien un service hebdomadaire majoré de près de deux heures sur l’année. Cela peut donc entraîner une surcharge de travail considérable.
Et puis, que ressentiront les collègues malades ? Ceux qui s’absentent pour leurs enfants ? Le sentiment de culpabilité éprouvé déjà par beaucoup d’enseignants vis-à-vis des élèves va se doubler d’un autre vis-à-vis des collègues. Voilà un bon moyen de créer des rancœurs au sein des équipes pédagogiques ! Et puis, cette obligation de remplacement est une menace pour la formation continue : qui partira en stage en sachant que les collègues vont devoir faire ses heures ?
Des chiffres (de compensation) circulent quant à la rémunération : 37 euros pour les certifiés, 55 euros pour les agrégés (dont l’heure de garderie est d’une qualité supérieure sans doute ?) On peut se demander ce qui pousse le gouvernement à verser de telles sommes en période de disette budgétaire... Peut-être espère-t-il attirer les collègues pour mieux faire passer la pilule ? Et pourquoi s’arrêter aux remplacements de courte durée ? La pénurie de TZR, leur affection sur des postes à l’année ne font-elles pas redouter une extension de ces mesures aux remplacements de longue durée ? Cette mesure est une brèche dans nos statuts, elle révèle la ferme intention de mettre fin à la notion de maxima de service ( 18 heures et 15 heures)
La mesure prévue constitue à l’évidence une dégradation de nos conditions de travail sans permettre, en aucune façon, l’amélioration de la qualité de l’enseignement qu’elle prétend apporter.
Section SNES J.Cartier