M. le Recteur étant en réunion au Ministère, son Chef de Cabinet, M. Malenfant, ainsi que la chef du Bureau du Remplacement, Mme Hervo, ont reçu une délégation de TZR le 13 novembre à 15h accompagnée par 4 représentants du SNES. Face au refus de nos interlocuteurs de recevoir l’ensemble des collègues qui s’étaient déplacés parfois de fort loin, ce sont finalement 30 collègues qui ont pu prendre place dans la salle d’audience. En guise de propos liminaires, Monsieur Malenfant a expliqué que le sort réservé aux TZR était avant tout la conséquence de la rigueur budgétaire voulue par le gouvernement. Il a en effet évoqué la question des sous-services dont « bénéficient » un certain nombre de collègues TZR pour expliquer la nécessité impérieuse de les gérer au plus « juste », c’est à dire, on l’aura compris, en multipliant les compléments de service. Il s’agit d’économiser un certain nombre d’équivalents temps-plein. Lorsque nous avons expliqué à quel point ces compléments de service devenaient insupportables pour les collègues, il a répondu que la seule solution envisageable consisterait à récupérer un certain nombre de moyens, notamment en fermant des petits établissements. Bien évidemment, pour les collègues présents, un tel chantage était hors de propos voire carrément inadmissible. Au-delà de ces quelques poncifs, les collègues ont pu bien vite se rendre compte à quel point leur interlocuteur ne connaissait que de très loin le dossier dont ils étaient venus l’entretenir. A ce titre, on ne peut que déplorer l’absence du DRH lors de cette audience. Ce sont donc les collègues eux-mêmes qui ont pris en main les débats pour expliquer le fondement de leur mécontentement face à la dégradation de leurs conditions de travail :
– 1.affectations toujours plus éloignées
– 2.sorties de zones
– 3.multiplication des compléments de service
– 4.affectations hors discipline
– 5.perte des bonifications de 20 points par an
– 6.modalités de versement de l’ISSR toujours plus restrictives (cf. la proratisation)
– 7.relations difficiles avec les chefs d’établissement et les bureaux de gestion du rectorat
Cette liste froide et objective n’est pas à même de rendre l’émotion qui habitait la salle. Derrière cette liste se cachent autant de situations difficiles réellement vécues : une collègue de SVT avec 3 enfants a un remplacement à l’année à 150 km de chez elle, est-ce humain ? Sachant que comme son affectation change chaque année, elle ne peut pas déménager sa famille tous les ans…
D’autres collègues d’électrotechnique ont témoigné de la difficulté à enseigner une discipline qui n’est pas la leur, quand ils se retrouvent en collège à enseigner de la technologie. Comment le Rectorat peut-il imaginer que puisque ça se ressemble, ce type d’affectation ne pose pas de problèmes ! Certains collègues seraient prêts sans doute à le faire avec une formation. Oui, mais voilà, ça coûte cher ! Pas de sous, pas le temps… Au total, un public très différent, une matière très différente, et évidemment ça se passe mal dans les classes ! Ces collègues se retrouvent dénigrés et par les élèves et leurs parents, et malmenés par des chefs d’établissement et des bureaux de gestion qui imposent l’impossible… Poignant, ce collègue qui avoue qu’il n’y a pas longtemps il a presque levé la main sur un élève et que peu savent ce que c’est que de finir un remplacement sous calmants… Son collègue répond qu’il a, lui, pris sa décision, bientôt il démissionnera… juste le temps de trouver autre chose… Dans son malheur, il a la chance d’avoir des compétences manuelles qu’il peut faire valoir dans d’autres secteurs…
Auraient-ils pu refuser ces remplacements ? Non, témoigne l’un d’eux qui a testé et qui a reçu des menaces de prélèvements sur salaire, puis une menace de radiation ! Mais où allons-nous ? ! L’électrotechnique n’est d’ailleurs pas la seule discipline en péril…
D’autres ont payé le prix fort des restrictions d’attribution de l’ISSR… Un collègue d’EPS expliquait que cette indemnité qui ne recouvre pas que les frais de déplacement selon le texte, ne lui permet même pas de couvrir ses frais d’essence et de garde d’enfants avec ses horaires… Car c’est bien connu, le TZR est le dernier à arriver dans l’établissement et c’est le dernier servi du point de vue de l’emploi du temps… Une collègue a proposé compte tenu des économies faites sur le dos des TZR avec les nouvelles modalités de versement de l’ISSR, que ces économies ainsi réalisées reviennent aux collègues TZR : moins d’indemnités pour chacun mais plus de collègues à y prétendre (du bon sens finalement). Refus de M. Malenfant : les économies réalisées sont utilisées sur d’autres priorités.
Deux collègues, enfin, sont intervenues pour dire qu’il y en avait assez de ce mépris de l’ humain et de la non indemnisation de la pénibilité de leur statut. Avoir un poste ? Çà fait dix ans que l’une des deux est TZR et elle sait qu’avec la perte de la bonification TZR pour les mutations, toutes ses chances d’avoir un poste pas trop loin de chez elle s’amenuisent… Et toutes deux de s’indigner : Pourquoi cette mesquinerie supplémentaire ? ! Qu’est-ce que ça vous coûte au Rectorat de nous donner des points ? ! Des points ne sont pas des sous, puisque c’est ça soi-disant le nerf de la guerre !!!
Faute de pouvoir donner une réponse immédiate et concrète à toutes les questions soulevées, M. Malenfant n’a pu que s’engager à transmettre la parole des collègues au Recteur. Après deux heures de discussions, l’audience s’est terminée.
Nous ne pouvons bien sûr nous contenter d’un si maigre résultat, mais que l’on se rassure, cette audience n’était pour nous que le point de départ de la construction d’un mouvement de plus grande ampleur.
Dès le lendemain, nous avons rencontré l’ensemble des organisations syndicales du second degré. Les constats furent les mêmes sur la situation des collègues TZR dans l’académie. A partir de là, nous avons pu discuter d’une possibilité d’action commune face au Rectorat. Cette 1re rencontre a été fructueuse (cf article OF du 17/11/07). Un texte intersyndical a été rédigé dès cette 1re réunionpour rappeler nos revendications communes pour les TZR . Une demande d’audience urgente de la part de toutes ces organisations syndicales à M. le Recteur a été décidée avec à l’horizon un rassemblement des TZR au rectorat dont la date et les modalités restent à définir. Nous réfléchissons à la possibilité de louer des cars afin de faire venir le maximum de TZR possible. Un tract intersyndical doit être rédigé aussi pour diffusion en salle des profs afin de rappeler aux TZR leurs droits et les aider dans leurs rapports parfois difficiles face aux chefs d’établissement. Certains d’entre nous, trop isolés, ont tendance à se soumettre aux pressions de l’administration et on le comprend bien... Il n’est pas facile de résister seul... Ce texte a ainsi pour vocation de rappeler à tous nos collègues qu’ils ne sont pas seuls face au rectorat et aux chefs d’établissement et qu’il est du devoir de tous de faire respecter nos droits.
Nous vous tiendrons bien sûr informés dès que nous aurons plus de précisions quant à l’audience et au rassemblement !
Par ailleurs, nous sommes toujours ouverts à des propositions nouvelles de formes d’action et d’autant plus que nous ne pouvons pas agir sans vous. Il va sans dire que la réussite de notre démarche ne peut-être envisagée que parce qu’une large mobilisation des collègues TZR pourra être réalisée. N’hésitez pas, donc, par retour de ce mail, à nous donner votre avis sur les formes d’action en cours, voire à en proposer d’autres...
Sincères salutations syndicales,
Vincent Plé et Morgane Petiteau