Le budget de l’Enseignement supérieur et de la recherche connaît comme l’Education nationale repli et stagnation : certes une augmentation apparente de 500 M.€ = +1,8% mais qui comble juste l’inflation alors que les effectifs étudiants augmentent de 2,5%. Dans les faits, la dépense par étudiant diminue, la dépense de recherche stagne, alors que les gouvernements successifs s’étaient engagés à porter les dépenses de R&D (recherche et développement) à 3% du PIB (dont 1% pour la recherche publique) : actuellement on est à 2,25% contre 3% en Allemagne, 2,75% aux USA. Le compte n’y est pas...
Le CNRS est particulièrement mis en difficulté : 1581 postes de chercheurs supprimés depuis 2012 (- 6,5% – sans compter les emplois de techniciens et d’appui à la recherche), et 340 suppressions annoncées d’ici 2022, 50 en 2019, diminution des chercheurs titulaires au profit de contractuels (contrats doctoraux, emplois liés à des appels à projets). Cela entraîne la précarité pour les jeunes chercheurs et l’impossibilité de conduire des projets de carrière. L’organisme pour faire face doit trouver des ressources propres par les appels à projets (sachant qu’élaborer un projet occupe en moyenne 23 jours de temps chercheur) ou s’obliger à pratiquer de la sous-traitance aux entreprises.
A long terme les programmes de recherche fondamentale et la capacité d’innovation sont menacés, et la prise de risque est entravée par la nécessité de couper les budgets. Beaucoup d’experts parlent de l’étiolement progressif de la recherche publique et du possible décrochage de la science française entraînant par effet induit la désaffection des jeunes pour les métiers de la recherche devenus trop rares, sous-payés, dévalorisés.
Encore une fois ces reculs s’expliquent par la vision libérale de ceux qui gouvernent qui ne voient dans l’innovation technologique que débouchés utilitaristes et actionnariels, s’imaginent que le chercheur est un start-uper qui rêve de devenir milliardaire, que la science doit être vécue comme une entreprise et la connaissance comme une marchandise. Vision qui renvoie donc la recherche vers le secteur privé et l’initiative entrepreneuriale. Or il a été souvent démontré qu’en France, les entreprises privées délaissent la R&D se reposant sur les pouvoirs publics. Donc si ces derniers abandonnent leur rôle, la recherche est perdue...
Pourtant les moyens financiers existent : ainsi le crédit impôt recherche accorde 6 mds € par an (soit 2x budget du CNRS) aux entreprises pour augmenter la dépense intérieure de recherche. Or la Cour des comptes a mis en évidence l’inefficacité relative du CIR. Il est donc possible de prélever sur ces sommes les 400 M.€ estimés nécessaires chaque année pour permettre au CNRS d’assurer ses missions et maintenir le niveau d’emploi des chercheurs et des autres personnels.
Voir pétition d’une association de chercheurs RogueESR
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