29 novembre 2020

Actualité académique

CAEN 26 novembre 2020 – Déclaration de la FSU

CAEN 26 novembre 2020 – Déclaration de la FSU

Monsieur le Recteur, Mesdames les vice-Présidentes,Mesdames, Messieurs

Lundi soir, l’intervention des forces de police Place de la République à Paris a été d’une violence inacceptable et est indigne de notre République. Les droits humains les plus élémentaires, ici le droit à un hébergement pour des personnes migrantes qui n’ont nulle part où aller, sont bafoués et les personnes sont molestées, brutalisées. N’en déplaise au ministre de l’Intérieur, ce ne sont pas les images qui sont choquantes mais bien les actes des forces de l’ordre. Ces images ont juste permis de révéler à l’opinion publique ces violences insoutenables dans un État de droit. Des images dont la diffusion par les médias serait désormais menacée avec la loi de sécurité globale.

Les rassemblements contre cette nouvelle atteinte aux libertés publiques par ce gouvernement ont mobilisé des milliers de personnes samedi 21 novembre, toutes déterminées comme notre collègue Samuel Paty à défendre la liberté de la presse, un principe imprescriptible en République.

Plus localement, cette répression qui s’abat sur les plus fragiles et les exilés est à l’œuvre contre deux familles menacées d’expulsion à Laillé (35). M. Le Recteur, nous vous demandons d’agir pour que les neuf enfants concernés qui parlent d’ailleurs parfaitement le français, puissent terminer leur scolarité en France. La Bretagne est une terre d’accueil et de solidarité et aucun gouvernement ne pourra entacher dans notre région ces valeurs universelles qui fédèrent toutes les forces laïques.

La décision brutale, prise contre la volonté des personnels et des usagers, de clôturer le collège du Rheu, est un symbole inquiétant. Il illustre la priorité accordée à une politique sécuritaire au détriment des options éducatives. Ce renoncement est un signal désastreux adressé à la jeunesse.

Le ministre de l’Education nationale n’est pas davantage plus respectueux des principes républicains, ni plus digne que son collègue de l’Intérieur. Son action et celles de ses proches au ministère pour construire de toute pièces -mais avec un budget conséquent- un syndicat complaisant de lycéens, des jeunes mineurs à l’époque, enfreint toutes les règles de neutralité dans la conduite d’un ministère. La défense du ministre est en outre inqualifiable en accusant, sans preuve, médias et syndicat d’un complot. Cette affaire est un scandale politique et disqualifie définitivement le ministre.

Et les personnels n’en peuvent plus de ce ministre incapable d’être à la hauteur de son ministère et de l’engagement des femmes et des hommes qui agissent au quotidien pour la réussite de tous les élèves.

Citons l’hommage escamoté à notre collègue Samuel Paty au matin du 2 novembre qui a suscité une vague d’indignation dans les écoles et établissements. L’hommage a bien eu lieu car les personnels et les élèves, toutes et tous, ont été à la hauteur de cette journée si difficile et nous pouvons être fières de nos élèves qui ont répondu avec émotion et solidarité à la minute de silence.
Des réponses doivent maintenant être réfléchies pour travailler en classe les principes fondamentaux de la République comme la liberté de la presse et la laïcité. Construire pas à pas le jugement éclairé de nos élèves par le débat, cadré et documenté, comme cela se fait en EMC est la priorité. C’est pourquoi, en plus de renforcer la formation continue, il convient de rétablir en lycée général et technologique comme au lycée professionnel, les heures d’EMC supprimées sans vergogne par le ministre.

Sur la situation sanitaire, le ministre n’a pas été plus responsable, déclinant à l’envi le « on n’est prêt » alors que l’impréparation dans les écoles, collèges et lycées était totale au matin du 2 novembre pour le second confinement. Sans dédoublement des classes comme cela a été acté précipitamment en lycées, des écoles et des collèges pourraient fermer avec comme conséquence pour les élèves une rupture des apprentissages qu’il est encore possible d’éviter.La grève sanitaire du 10 novembre a permis le dédoublement des effectifs en lycée prolongé finalement jusqu’au 20 janvier en dépit de l’assouplissement du confinement. Comme quoi il ne fallait pas tergiverser. Avec l’ensemble des associations disciplinaires, les syndicats SNES-FSU, CGT, SUD et SNALC et les syndicats représentatifs des lycéens demandent pour cette année le report à juin des épreuves de spécialité pour laisser aux élèves de Terminale le temps d’y être effectivement préparés, la suppression du Grand oral, un aménagement de toutes les épreuves du baccalauréat et une limitation des contenus des programmes attendus pour les épreuves.

Le ministère a dû céder dans l’urgence des moyens de remplacement pour les professeurs des écoles. Il reconnaît ainsi la nécessité de recruter des personnels dans les écoles. Mais en embauchant des contractuels, il fait un très mauvais choix. Il renforce ainsi la précarité et nie l’importance de la professionnalité des enseignantes et enseignants. Depuis des mois, la FSU alerte sur l’urgence et la nécessité de recruter des professeurs, des personnels de vie scolaire et des agents des collectivités pour faire face à la crise sanitaire. D’autres choix étaient possibles, notamment le recrutement de listes complémentaires, avec comme perspective leur formation et leur titularisation. C’est ce que revendique la FSU.

Les moyens attribués en AED pour les vies scolaires permettront de recruter en urgence des surveillants comme au collège de Lannilis (29) où toute la vie scolaire est à l’isolement. Ces moyens doivent être consolidés sans attendre, ils sont nécessaires au bon fonctionnement du service public d’éducation dont la continuité n’a pas été garantie ces dernières semaines.

L’annonce d’un million de tests antigéniques pour les personnels confirme bien qu’ils sont véritablement exposés au virus au contact des élèves. La généralisation de ces tests auprès des personnels doit impérativement s’organiser dans le respect des protocoles sanitaires qui exigent des espaces spécifiquement dédiés et du matériel adapté. En aucun cas, cette campagne à grande échelle ne doit être supportée par les infirmiers scolaires car leurs missions, exclusivement tournées vers les élèves, seraient entravées. La FSU sera particulièrement vigilante au respect des missions et des métiers.

La crise sanitaire frappe durement la jeunesse, en particulier les jeunes les plus modestes. Cette situation renforce notre conviction du rôle essentiel de la formation professionnelle sous statut scolaire public quand le gouvernement argue de la crise pour accentuer encore sa politique de soutien massif à l’apprentissage. Le projet de Carte des formations professionnelles pour la rentrée 2021 confirme hélas cette absence de considération pour les LP publics. Extrêmement pauvre en mesures nouvelles, la Carte 2021 ne répond à aucune des priorités affichées pour les formations en Bretagne. Projet sans volonté ni moyens, sa présentation dans le document académique est de surcroît insincère ou du moins fautive en plusieurs points. En l’état et faute d’un engagement plus volontariste de la part du rectorat, la FSU votera contre ce projet.

Pour finir, et faire écho à la Journée Internationale pour l’élimination des violences faites aux femmes, la FSU rappelle qu’elle a agi pour obtenir des engagements dans la fonction publique afin que la lutte contre les violences sexistes et sexuelles devienne un axe d’actions des ministères. Des mesures se concrétisent dans les plans d’action égalité Femmes/Hommes mais leur déploiement à destination de toutes les agentes n’est pas à la hauteur des enjeux faute d’engagement financier suffisant. Pour la FSU, il faut dépasser les discours et engager un plan d’investissement ambitieux dans la Fonction publique. L’éducation à l’égalité dès le plus jeune âge étant un outil majeur pour prévenir les violences sexistes et sexuelles, elle exige aussi un plan de lutte contre les stéréotypes dans les établissements scolaires. Nous tenons ainsi à saluer le travail de suivi et de formation de notre collègue Nicole Guenneugues, chargée de mission académique pour l’égalité filles-garçons et souhaitons que cette mission soit préservée après son départ à la retraite.