31 janvier 2019

Actualité académique

CAEN 29 janvier 2019 Déclaration préalable de la FSU

Madame Le Recteur, Mesdames, Messieurs

Les mobilisations sociales, nombreuses et sous des formes nouvelles et diversifiées, ont imposé au Président de la République d’ouvrir enfin des espaces de débat. Aucun sujet n’en serait exclu mais le gouvernement annonce en même temps qu’il poursuivra la mise en œuvre de sa politique, pourtant contestée car ouvertement libérale et anti-sociale. Se contenter de faire de la pédagogie sur ses réformes, ignorer les demandes répétées d’augmentation des salaires et des pensions, de retour à une fiscalité plus juste et le besoin de services publics dynamiques au plus près des usagers est irresponsable et lourd de risques sociaux et politiques.

Le Ministre de l’Éducation nationale ne se soucie pas davantage des avis des personnels, des élèves et des parents d’élèves. La publication des nouveaux programmes de lycée en sont la dernière illustration car après des votes unanimement contre au CSE et la consultation en ligne des enseignants, pas une ligne n’a bougé ! Pire, après avoir encouragé les personnels à témoigner pour trouver du soutien auprès de leur hiérarchie au moment de « pas de vagues », le premier article du projet de loi pour l’école de la confiance reviendrait à élargir les sanctions disciplinaires pour manquement au devoir de réserve. La FSU combat toute atteinte à la liberté d’expression et rappelle qu’elle est inscrite dans les statuts des fonctionnaires. La FSU dénonce tout autant les entraves au droit de se rassembler et de manifester dont les lycéens ont été particulièrement victimes, avec des interventions parfois brutales des forces de l’ordre dans l’académie. Réprimer et taire les aspirations de la jeunesse qui s’exerce souvent pour la première fois au débat démocratique est en parfaite contradiction avec les enseignements sur la citoyenneté. La FSU vous demande solennellement Madame le Recteur de donner des consignes aux Proviseurs pour que le droit de réunion soit garanti au sein des établissements dans les meilleures conditions de sécurité pour les élèves, les personnels ou les parents qui le demandent.

Malgré les mobilisations et les grèves qui se multiplient ces derniers mois, le Ministre poursuit sa politique éducative rétrograde et libérale sans prendre en compte ni les acteurs de terrain ni les organisations syndicales. Qui peut encore écouter le Ministre sans sursauter devant son aveuglement ? L’opinion publique a tranché et 78 % de nos concitoyens se déclarent hostiles aux suppressions de postes dans l’éducation.

Dans le 1er degré, les opérations de carte scolaire qui débutent dans les départements révéleront l’insuffisance de la dotation budgétaire malgré une évolution démographique à la baisse. Le ministère estime lui-même à 4 000 le nombre de postes nécessaires pour finir le dédoublement des classes de CP et CE1 en éducation prioritaire. Dans notre académie, la dotation de zéro poste conduit à retirer des moyens dans certains départements pour alimenter le département qui contient le plus de classes en éducation prioritaire. Dans les deux cas, cela va engendrer une nouvelle dégradation des conditions d’enseignement et d’apprentissage, de nouvelles difficultés dans les territoires défavorisés, et sans doute la disparition totale des "plus de maîtres".

Dans la voie professionnelle, la mise en concurrence de la voie scolaire et de l’apprentissage, les secondes "familles de métiers", la réforme du bac Gestion Administration sont autant de mesures qui font peser de graves menaces sur l’offre de formation professionnelle. La FSU rappelle son attachement à l’enseignement professionnel public sous statut scolaire seul à même d’offrir des formations équilibrées, diplômantes, qualifiantes et accessibles sur l’ensemble des territoires.
Les 2650 suppressions de postes dans le second degré se traduisent pour la rentrée prochaine par 118,5 postes supprimés dans l’académie. Ce seront concrètement des heures supplémentaires à la hausse en collège alors que les collègues s’épuisent déjà au quotidien, des effectifs pléthoriques partout et des dizaines d’heures d’enseignement en moins dans les lycées.

Des territoires entiers voient l’accès aux enseignements se restreindre avec une offre de formation inégalitaire et en concurrence directe avec le réseau privé catholique. La carte des lycées mobilisés depuis des semaines (Guingamp, Lamballe, Paimpol, L’Harteloire à Brest, Douarnenez, Hennebont, Redon, Bain de Bretagne, Fougères, Combourg, Joliot Curie à Rennes, Maupertuis à St Malo… ) en dit long des inégalités territoriales et sociales qui se creusent avec les réformes du lycée.

La procédure imaginée par l’Académie pour s’inscrire dans un autre lycée afin d’accéder à un enseignement de spécialité plus rare découragera le plus grand nombre. Alors que Parcoursup permet aux établissements du supérieur de sélectionner les lycéens selon leur profil et leur parcours de formation au lycée, suivre sa scolarité dans certains lycées s’annonce comme un élément discriminant. La Charte entre les différents acteurs de l’enseignement supérieur et le ministère de l’Éducation nationale signée le 17 janvier confirme en creux que le risque de sélection des élèves sur des critères opaques est réel. Comme le défenseur des Droits l’a d’ailleurs clairement signifié, la FSU demande aussi que les lycées d’origine soient anonymisés dans Parcoursup et les algorithmes locaux publiés.

La FSU rappelle que cette carte des spécialités ne donne aucune garantie sur le financement réel de ces enseignements d’autant qu’avec – 400 élèves attendus, les lycées généraux et technologiques de l’académie perdront 84 emplois équivalents temps plein à la rentrée.

Une offre de formation inégalitaire, moins d’heures d’enseignement et des dédoublements supprimés avec des programmes bien plus exigeants voire élitistes, des classes toutes plus chargées au prétexte du tronc commun dans la voie générale comme dans la voie technologique, des PSYEN toujours moins nombreux sur le terrain : mais qui peut croire que les élèves réussiront mieux leur lycée tout en se préparant aux études supérieures avec cette réforme du lycée ? La FSU demande l’abrogation des réformes au lycée.

Les élections professionnelles de décembre ont bien traduit et sans ambiguïté la volonté des personnels d’être représentés par la FSU. La progression de la FSU, première organisation à 30 points devant les suivantes, confirme l’attachement d’une majorité de collègues à notre syndicalisme, ouvert et exigeant. La FSU continue à agir dans l’intérêt des élèves, pour le bon fonctionnement des établissements et des services en défendant en toute transparence les intérêts matériels et moraux de nos professions tout en veillant au développement du service public d’éducation