Madame la Vice Présidente, Monsieur le Recteur, Mesdames, Messieurs,
Ce CAEN comporte à son ordre du jour, d’une part le bilan de rentrée 2017 pour les enseignements
scolaire, agricole et maritime ainsi que pour la rentrée universitaire, et d’autre part la Carte des
Formations, élément important pour la préparation de la rentrée 2018. L’articulation de ces deux
temps nous apparaît d’autant plus marquante aujourd’hui que les signaux d’alerte perçus à la rentrée
2017 préfigurent les tensions à craindre pour la rentrée 2018.
La crise des afectations dans le supérieur qui a marqué cette rentrée 2017 ne sera pas résolue si l’on
ne prend pas toute la mesure de l’augmentation du nombre d’étudiants et des attentes des jeunes au
sortir du lycée ; mais surtout on ne peut réussir véritablement l’accueil et l’accompagnement de ces
jeunes tant que l’on n’aura pas porté remède à l’insufsance criante des moyens alloués à l’université.
De 2008 à 2018, dans notre pays ce sont près de 500 000 étudiants supplémentaires qui auront été
accueillis, tandis que la dotation par étudiant sur la même période aura baissé en moyenne de 10 % –
notons au passage que pour l’Université de Rennes-2 la baisse de la dotation par étudiant est de 20 %
par rapport à la rentrée 2009.
La FSU a dit sa désapprobation face au dispositif imposé par le ministère qui implique une sélection à
l’entrée de l’ensemble des filières universitaires. Un tel dispositif pèsera en premier lieu sur les élèves
les plus fragiles. A terme, il risque également de faire système avec la rupture annoncée entre la
formation initiale des bacheliers professionnels et les autres bacheliers. A cet égard, le fait que la voie
professionnelle soit actuellement écartée des auditions de la mission Mathiot sur l’avenir du
baccalauréat est pour nous symptomatique.
C’est d’autant plus inquiétant pour les jeunes de la voie professionnelle que, par ailleurs, les annonces
chocs se multiplient sur une transformation radicale de la formation professionnelle et le rôle central
promis à l’apprentissage. Alors que les attentes sont fortes en termes de qualification et de réduction
des inégalités sociales, ces annonces sont, hélas, porteuses du retour à la fatalité du destin scolaire pour
toute une partie de la jeunesse dès la fin du collège.
Pour mieux former les lycéens, améliorer les taux de réussite et d’accès au bac, et pour construire les
conditions de la réussite de tous aux études supérieures, la FSU porte quant à elle d’autres propositions
pour améliorer l’organisation du lycée et revaloriser les voies et les séries. Dans l’immédiat, la FSU
demande l’abandon du projet de loi réformant l’accès à l’enseignement supérieur, le doublement du
nombre de Psy-EN recrutés, l’ouverture de places supplémentaires en CPGE et en BTS, et un budget
de l’enseignement supérieur permettant l’accueil de tous dans les universités en prenant en compte les
spécificités des parcours.
S’agissant des évolutions de la Carte des formations pour la rentrée 2018, la FSU note avec
satisfaction l’absence de fermetures programmées pour les lycées publics de l’Éducation nationale.
Qu’en sera-t-il efectivement à la rentrée 2018 dans le contexte d’une dotation académique qui
s’annonce, hélas, peu favorable ?
Pour autant, nous sommes surpris, et pour tout dire déçus, du faible nombre de mesures retenues dans
le document soumis au vote aujourd’hui. En efet, le décalage est frappant avec les propositions
d’ouvertures présentées au CREFOP plénier du 16 octobre, tant par le nombre que par le type de
formations. Le décalage est surtout frappant au regard des objectifs annoncés pour ce qui devait être
une année de transition vers la mise en oeuvre des priorités du nouveau CPRDFOP – par exemple
s’agissant de l’impulsion à donner aux formations à la Glaz économie et aux transitions.
Qu’en est-il également de la priorité qui avait été retenue par le rectorat d’une réponse rapide aux
évolutions démographiques dans le bassin rennais ? Les propositions d’ouverture en Bac Pro ASSP à
Redon et en CAP ‘’Petite enfance’’ à Rennes, pour satisfaisantes qu’elles soient, sont loin d’être à la
mesure des besoins. La FSU a pointé en plusieurs occasions déjà les domaines de formation et les
zones géographiques où des formations sous statut scolaire publiques sont insufsantes, voire absentes,
en Bretagne. Nos attentes demeurent aujourd’hui sans réponse.
S’agissant des BTS, la FSU ne peut que s’interroger sur les objectifs poursuivis par l’académie au vu de
l’absence de mesures pour les lycées publics pour 2018, ceci après l’année d’expérimentation des
bacheliers professionnels en BTS. Comment notre académie s’inscrit-elle dans l’objectif national de
7 000 places supplémentaires en BTS pour les bacheliers Pro ? – objectif qui semble au demeurant
déjà insufsant au regard des attentes. On s’étonnera en tous les cas que la seule ouverture de BTS
Education nationale soit pour le réseau privé confessionnel – l’enseignement catholique n’ayant pas fait
preuve, pour le moins, de son engagement dans l’accueil des bacheliers Pro en BTS.
La FSU vous interrogera donc, M. le recteur, sur le détail des mesures proposées, mais également sur
les raisons de ce qui nous apparaît, une nouvelle fois hélas, comme un rendez-vous manqué.
Notre conviction est que l’évolution des formations du public doit faire l’objet d’une programmation
ambitieuse. Mais comme nous le rappelle aujourd’hui brutalement l’annonce de la fermeture du LP de
Plouhinec, la politique scolaire se doit également de penser l’avenir en visant le développement de tous
les territoires et en donnant toute leur chance aux plus fragiles.