« Urgences ». C’est le thème du Festival International de Géographie (FIG) de 2023 à Saint-Dié-des-Vosges. De nombreux intervenantes comme la militante écologiste Camille Étienne sont invitées à prendre part à des conférences et des débats autour d’enjeux comme celui de l’urgence climatique.

Dans ce cadre, Léna Lazare, porte-parole de Youth for Climate et des Soulèvements de la Terre devait délivrer son témoignage samedi 30 septembre au lycée Jules-Ferry à Saint-Dié-des-Vosges. À la dernière minute, la mention de son appartenance aux Soulèvements de la Terre est retirée. De plus, d’après l’association locale « Il est encore temps en Déodatie » qui l’a invitée, le programme de son intervention a été modifié. Dénonçant une censure, l’association, qui avait déjà travaillé quatre ans en partenariat avec ce festival, annule sa participation et la conférence de Léna Lazare.

En cause, un mail, révélé ces derniers jours par rue 89 Strasbourg et Médiapart, de la proviseure adressée à l’équipe pédagogique du lycée Jules-Ferry : « J’appelle à votre vigilance sur le fait qu’aucun représentant de l’association Les Soulèvements de la Terre ne sera autorisé à intervenir ou participer à quelque manifestation que ce soit dans l’établissement et/ou auprès de nos élèves, y compris à l’extérieur. Cette forte demande vient du ministère et se doit d’être respectée dans l’attente que lumière soit faite sur cette association. »

Or le conseil d’Etat a suspendu la procédure de dissolution des Soulèvements de la Terre, en raison d’ « un doute sérieux quant à la qualification de provocation à des agissements violents à l’encontre des personnes et des biens retenue par le décret de dissolution. » Comment se fait-il, dès lors, que leur porte-parole soit traitée en criminelle, et ne puisse pas intervenir auprès d’élèves ? Le garde des sceaux, Éric Dupond-Moretti, est mis en examen pour être jugé devant la Cour de Justice de la République. Doit-il être interdit de se présenter à des élèves ?

L’école, censée promouvoir les valeurs de la République, doit transmettre aux élèves les notions de présomption d’innocence, de liberté d’expression et de débats citoyens. La réaction de l’école, telle qu’elle est présentée dans le mail précité, est-elle vraiment digne des valeurs qu’elle représente ?

L’urgence écologique est une des angoisses fortes dans le cœur des élèves. Ces angoisses ont porté les élèves avec Greta Thunberg en 2019 dans un mouvement d’ampleur. Des figures comme Léna Lazare, et Camille Étienne, ont émergé et ont contribué à redonner de l’espoir aux jeunes. En l’absence de réponse politique, les mouvements de ce type ont fait émerger une mouvance plus radicale : les Soulèvement de la Terre, qui, jusqu’à preuve du contraire, a le droit d’exister.