Audience entre Pascal Brasselet, directeur de l’ÉSPÉ, et Frédérique Lalys et Gwénaël Le Paih, du secrétariat académique du SNES, le 15 février 2018
Nous lui avons rendu compte des retours sur la formation faits par les stagiaires lors des stages du 29 novembre à Rennes et du 30 novembre à Brest organisés par le SNES. Nous vous donnons ici les réponses qui ont pu nous être faites.
Si globalement les stagiaires sont satisfaits de la formation disciplinaire, le ressenti est différent concernant la formation transversale qui peut mélanger des PE de maternelle avec des PLC en lycées. Pascal Brasselet répond que l’ÉSPÉ a réduit les temps pendant lesquels les publics premier et second degré sont mélangés. Il souscrit à l’idée qu’il serait intéressant pour les stagiaires de découvrir des établissements scolaires différents pour rencontrer la diversité des identités professionnelles. C’est d’ailleurs ce qui se fait pour les détenteurs de Masters MEEF mais cela induit de trouver des établissements d’accueil en nombre.
Nous pointons la contradiction ressentie par les stagiaires entre la nécessité de prendre du temps pour réfléchir à leur pratique et l’urgence de préparer des cours afin d’être opérationnels devant les élèves. Comment rédiger un mémoire qui nécessite un gros travail de réflexion et de mise à distance quand il faut préparer 8 à 10 h de cours par semaine ? De plus, il y a le sentiment que la formation n’est pas pensée dans sa globalité, ni en lien avec ce qui se passe sur le terrain. Par exemple, des interventions sur le même thème sont concentrées sur une période mais pas coordonnées entre elles et sans possibilité non plus, pour les stagiaires, de tester sur le terrain puis d’y revenir. Pascal Brasselet rappelle que la question du mémoire est une question éternelle. Le second semestre est moins chargé en heure de cours (92 h contre 140 h au premier semestre) afin de libérer du temps. Le nombre de productions demandées a diminué et certaines sont réalisées sur le temps de formation.
Les stagiaires nous ont dit avoir du mal à apprécier ce qu’ils doivent être capables de faire cette année, le degré de maîtrise des compétences attendu pour la validation et la titularisation. D’ailleurs, certaines visites tournent parfois à l’inspection, voire à la « démolition » du stagiaire. Le directeur s’interroge alors sur la possibilité de décliner les compétences en items. Nous doutons de la pertinence d’une telle proposition car segmenter davantage les compétences engendrera une perte de sens par rapport à la réalité du métier. De plus, les stagiaires ont parfois l’impression de remplir des cases pour répondre à des attentes institutionnelles ce qui provoque une forme de distance avec l’ÉSPÉ. La réponse proposée ici ne pourrait que renforcer ce sentiment.
Nous ajoutons que les stagiaires ont parfois le sentiment d’un manque de liberté pédagogique et d’expression voire d’un certain formatage. Pascal Brasselet s’en étonne car la liberté d’expression doit être inhérente à une formation d’adulte. Il dit aussi qu’a contrario, certains stagiaires attendent des recettes toutes faites.
Enfin, nous évoquons les problèmes d’organisation : des horaires peuvent changer du jour au lendemain (cela varie selon les sites et les disciplines). Il peut y avoir parfois aussi un manque de lisibilité sur les évaluations et le calendrier.
Pascal Brasselet rappelle que les stagiaires ont des délégués qui peuvent porter les questions et problèmes des stagiaires au sein des conseils d’étudiants. Ils peuvent aussi s’adresser aux responsables des parcours de formation et au responsable pédagogique de site. En outre, l’ÉSPÉ continue à mettre en œuvre son questionnaire d’évaluation des formations, dans une démarche d’amélioration.
Quand nous attirons son attention sur le désarroi et le sentiment d’isolement qui peuvent parfois gagner les stagiaires rencontrant des difficultés et notamment le manque d’interlocuteur ou d’interlocutrice de confiance, Pascal Brasselet insiste sur le rôle que peut jouer le ou la responsable pédagogique du site.
Nous évoquons par la suite la formation des stagiaires à temps plein. Ces derniers étaient moins nombreux à assister à nos journées et leur bilan est forcément différent : à Rennes, les collègues présents sont satisfaits mais regrettent le manque de journées de formation ; à Brest, la formation est jugée peu efficace car mélangeant toutes les disciplines. Le directeur de l’ÉSPÉ est conscient du manque de formation et serait favorable à la mise en place du tutorat mixte pour ces collègues également. Si l’an prochain, l’académie reçoit moins de stagiaires mi-temps (du fait de la baisse des postes aux concours), le dispositif pourra peut-être évoluer en faveur des stagiaires temps plein !
Pour terminer, nous alertons sur les entraves au droit syndical, notamment sur le site de Brest, car les stagiaires ont été soumis à des tracasseries inutiles et non réglementaires pour pouvoir participer à notre stage ! Pascal Brasselet en prend bonne note et s’engage à évoquer cette situation avec les responsables du site de Brest.
Frédérique Lalys et Gwénaël Le Paih